La société civile fait monter la pression. 450 associations et ONG se réunissent au sein de la coalition Stop Ceta-Mercosur. Elles ont appelé lundi les gouvernements à abandonner l’accord entre l’UE et le Mercosur.
Le collectif national unitaire stop CETA Mercosur rejoint une coalition internationale de 450 ONG. Dans une déclaration commune, cette coalition demande aux gouvernements d' »abandonner l’accord de libéralisation du commerce entre l’UE et les pays du Mercosur ». Pour la coalition, l’accord entre l’Union européenne et l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay réunis au sein du Mercosur « appartient à une lignée d’accords commerciaux obsolètes qui datent du 20e siècle et qui ont détruit la planète ». « Les objectifs et les dispositions centrales de cet accord sont fondamentalement contraires à l’action climatique, la souveraineté alimentaire, la défense des droits humains et de l’environnement », avancent-elles.
Ainsi, les organisations estiment que l’accord UE-Mercosur va « aggraver la destruction et l’effondrement de la biodiversité de l’Amazonie, du Cerrado et du Gran Chaco ». Et ce, « en raison de la hausse des quotas d’importation de bétail et d’éthanol vers l’Europe, perpétuant un modèle agricole extractiviste fondé sur le sur-pâturage, l’expansion de l’élevage intensif avec des parcs d’engraissement pour le bétail, et des monocultures dépendantes des pesticides et produits chimiques », soulignent les 450 signataires au 15 mars. Parmi les 49 signataires français, citons Attac, France Nature Environnement, Foodwatch, ou encore Notre affaire à tous.
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Accord UE-Mercosur : une menace pour le climat et les petits producteurs
Le futur traité va « détruire les moyens de subsistance de très nombreux paysans et petites exploitations familiales en Europe et Amérique du Sud », prévient la coalition. Il risque aussi d’aggraver « la dépendance des économies sud-américaines aux exportations à bas prix de matières premières ».
L’accord a été conclu en 2019, après plus de 20 ans de négociation. Il vise à créer un marché de 750 millions de consommateurs entre l’Union européenne et les quatre pays du Mercosur. Mais le processus de ratification s’est ralenti depuis la multiplication des incendies dans l’Amazonie. La France et l’Allemagne notamment déplorent le manque d’engagement du Brésil à défendre l’environnement. De son côté, le Brésil s’est inscrit en faux contre l’idée que cet accord contribuerait à la destruction de l’Amazonie. Le pays y voit la main de « groupes d’intérêt » qui utilisent l’environnement comme « prétexte » pour retarder la ratification.
Pour débloquer la ratification de l’accord, l’UE a proposé en janvier une déclaration conjointe complémentaire. Celle-ci porte sur des engagements en matière de développement durable. Elle vise notamment la réduction de la déforestation de la forêt amazonienne. Mais Paris souhaite « des garanties tangibles et objectivables » des quatre pays concernés « sur l’environnement et les normes sanitaires ». Et non une simple déclaration.
Matthieu Combe avec AFP