En 2015, près de 200 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais les objectifs communiqués par les principaux pays émetteurs de gaz à effets de serre restent insuffisants. Selon l’ONU, le monde se dirige toujours vers un réchauffement « catastrophique » de +2,7°C.

En 2015, le monde applaudissait la signature de l’Accord de Paris. Le jour était vu comme historique, puisque près de 200 pays s’engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique. Six ans après, les pays peinent à atteindre leur propre engagement, estime l’ONU. L’organisation dénonce surtout des engagements de réduction bien trop faibles de la part des pays les plus émetteurs.
L’Accord de Paris avait pour objectif de maintenir le réchauffement « bien en deçà » de +2°C, et dans l’idéal à +1,5°C en 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle. Pour ce faire, chaque pays devait rendre sa feuille de route pour respecter ses engagements, matérialisés sous la forme de contributions dites « déterminées au niveau national » (CDN). La première série d’engagements fournie en 2015 était largement insuffisante. Les CDN des signataires plaçaient alors la planète sur une trajectoire de réchauffement entre +3°C et +4°C.
Depuis, la plupart des pays signataires ont revu leur copie. Malgré quelques progrès, l’objectif des 2°C reste toujours hors de portée. Selon la dernière évaluation de l’ONU, qui prend en compte les derniers engagements d’une majorité des pays signataires, le monde se dirige toujours vers un réchauffement « catastrophique » de +2,7°C à la fin du siècle. Au mieux, en prenant en compte les promesses souvent « vagues » de neutralité carbone pour le milieu du siècle, le réchauffement de la planète pourrait s’établir à +2,2°C.
La Chine et l’Inde: plus de deux milliards d’habitants
La Chine est responsable, à elle seule, d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre selon la comptabilité onusienne. En 2016, le pays s’engageait à réduire son intensité carbone, c’est-à-dire ses émissions de CO2 rapportées à son PIB, de 60 à 65% d’ici 2030 par rapport à 2005. La Chine a aussi annoncé atteindre son pic d’émissions autour de 2030. Il semble désormais que le pays atteindra ce pic bien avant cette échéance. Une avance qui a permis au président Xi Jinping de créer la surprise. Ainsi, en 2020, le dirigeant a annoncé un objectif de neutralité carbone d’ici 2060. La Chine a rendu sa CDN corrigé ce jeudi 28 octobre. Pékin s’engage à atteindre son pic d’émissions « avant 2030 » et la neutralité carbone « avant 2060« .
Si ce tableau semble prometteur, la Chine compte augmenter sa production de charbon de 6% pour faire face aux pénuries d’électricité dans le pays. La décision semble entrer en contradiction avec un projet affiché de neutralité carbone. Les observateurs attendent donc des précisions pour évaluer les engagements chinois.
L’Inde écarte pour l’instant l’idée de se fixer un objectif de neutralité carbone. Le pays s’engage simplement à réduire son intensité carbone de 33 à 35% d’ici 2030 par rapport à 2005. Le pays n’a pas remis de nouveau CDN. Si Xi Jinping ne sera pas présent à la COP26, le premier ministre Narendra Modi devrait se rendre au rendez-vous.
Les États-Unis, un retour sur la scène internationale climatique
Le pays de l’Oncle Sam est le deuxième émetteur mondial de gaz à effets de serre. Avec Barack Obama, les États-Unis s’étaient engagés à réduire leurs émissions de 26 à 28% d’ici 2025, par rapport à 2005. La mandature de Donald Trump a marqué un frein dans la dynamique à peine enclenchée, le président ayant décidé de se retirer de l’Accord de Paris. Ce retrait aura été temporaire puisque le pays est revenu dans l’Accord de Paris sous l’impulsion de Joe Biden.
Le nouveau locataire de la maison blanche a même renforcé les engagements américains. Ainsi, la nouvelle CDN du pays prévoit une baisse des émissions de 50% à 52% d’ici 2030 par rapport à 2005. Si cet objectif est compatible avec un monde à +2°C, il ne l’est pas pour se limiter à +1,5°C, estime Climate Action tracker (CAT). Le groupe estime également que les États-Unis ne font pas leur juste part au niveau mondial.
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Union Européenne et Japon : vers un monde à +2°C
Avec l’Accord de Paris, l’Union Européenne s’était engagée à réduire ses émissions de CO2 d’au moins 40% en 2030 par rapport à 1990. Depuis, l’objectif a été revu à la hausse. En décembre, les membres du vieux continent ont annoncé que la baisse de CO2 serait d' »au moins 55% » d’ici 2030. Si cette annonce semble très positive, cela convient pour une planète à +2°C, mais non à 1,5°C.
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Il en va de même pour le Japon qui se dirige vers un monde à +2°C. En 2016, le pays s’était engagé à réduire ses émissions de 26% d’ici 2030 par rapport à 2013. En octobre 2021, sous la gouvernance du nouveau Premier ministre Yoshihide Suga, le Japon revoit sa CDN. Désormais, le pays affiche un objectif de réduction d’émissions de 46% d’ici 2030 par rapport à 2013. Malgré ces efforts, cela reste insuffisant pour limiter le réchauffement de la Terre à 1,5°C.
Les autres membres du G20
Parmi les autres pays principaux émetteurs, le Brésil, le Mexique, l’Australie, la Corée du Sud et l’Indonésie ont déposé des engagements révisés. Certains ont fait des efforts, à l’image de L’Argentine, de l’Afrique du Sud et du Canada. Mais d’autres semblent avoir tout faux. D’après un récent rapport de l’ONU, les nouvelles contributions du Mexique et du Brésil conduiraient même à une augmentation des émissions.
Alors que le G20, dont les dirigeants se retrouvent ce week-end à Rome, représente trois-quarts des émissions mondiales, le rôle de ce groupe de pays est primordial dans l’espoir de maintenir le réchauffement sous 1,5°C.
Ouns Hamdi