Ce mercredi 8 juin, les eurodéputés devaient se prononcer concernant le « Paquet climat ». Après avoir notamment rejeté la réforme du marché carbone, Strasbourg a adopté l’interdiction de la vente des véhicules thermiques d’ici 2035. Avec quelques conditions …

12%. C’est le poids des véhicules dans les émissions de CO2 de l’Union européenne. Afin de réduire cette part, les eurodéputés ont voté ce mercredi l’interdiction de la vente de véhicules thermiques à horizon 2035. Après d’âpres négociations, 339 eurodéputés se sont prononcés en faveur de ce règlement, contre 249 oppositions et 24 abstentions.
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Ce texte soumis aux députés réunis à Strasbourg reprenait la proposition de la Commission européenne formulée en juillet dernier dans le cadre du « Paquet climat », débattu ce mercredi. Afin de neutraliser les émissions de CO2 des voitures neuves par rapport à 2021, Bruxelles prévoit de n’autoriser la vente que de véhicules électriques ou à hydrogène … enfin presque.
Une bataille entre eurodéputés tendue
Ce vote, loin d’être gagné d’avance, fut l’occasion d’un important lobbying. Ainsi, l’amendement proposé par le PPE (droite pro-européenne en force au Parlement) visant à limiter à une réduction de 90% les émissions CO2 des automobiles en 2035 a été rejeté. De même, les Verts se sont vus bouder leur plus ambitieuse interdiction des moteurs thermiques à l’horizon 2030.
Le Conseil des États de l’Union devra toutefois accepter ce règlement à la fin du mois. Son rejet semble néanmoins peu probable et une loi finale devrait voir le jour d’ici l’automne. Pascal Canfin, président de la commission environnement du parlement européen, a ainsi salué sur Twitter : « Avec le vote mettant fin à la vente de voitures non zéro émissions en 2035 nous prenons une décision historique qui nous mène vers une nouvelle ère celle de la neutralité climat. C’est une victoire majeure ! ». Avant de préciser que l’UE prévoit d’épauler l’industrie automobile dans sa transition énergétique.
Tous les véhicules thermiques, vraiment ?
L’enthousiasme suscité par l’adoption de ce règlement n’évacue pas toutefois les inquiétudes persistantes, notamment concernant les « alternatives vertes ». Alex Keynes, membre de l’ONG Transport et environnement met ainsi en garde : « Les ministres de l’environnement devront se rallier à cet objectif 2035 et ne laisser aucune place aux fausses solutions, notamment les e-fuels. Autoriser l’utilisation de e-fuels serait un détournement coûteux et inutile de la tâche gigantesque que représente la décarbonation des transports. Les véhicules électriques sont prêts aujourd’hui, constituent un moyen plus économique et plus efficace pour ce défi ».
Par ailleurs, parmi l’ensemble des amendements ajoutés par les eurodéputés, il en est un particulièrement questionnable. L’amendement 121 prévoit ainsi : « Pour éviter tout effet de distorsion du marché, les exigences de réduction pour tous les constructeurs présents sur le marché de l’Union devraient être harmonisées, sauf pour les constructeurs qui représentent moins de 1 000 véhicules neufs immatriculés au cours d’une année civile ». Sur Twitter, Audrey Garric, journaliste au Monde, déplore : « Il y a une exception à la fin de vente des véhicules thermiques en 2035 votée par le Parlement européen : les voitures de luxe […] pour le symbole et la justice sociale, il faudra repasser ».