Au Brésil, la production de café arabica sera amoindrie en 2021. Dans l’État du Minas Gerais, les rendements seront réduits de 70% par rapport à 2020. Cela fait suite aux faibles précipitations et à la sécheresse de l’automne dernier.
Dans les plantations du Minas Gerais, l’État qui produit 70% de l’arabica brésilien, les caféiculteurs surveillent les pluies tardives. Ils espèrent qu’elles feront gonfler les graines encore accrochées aux plants. Si cela n’arrive pas, le Brésil risque de voir chuter drastiquement la production annuelle attendue. Rappelons que le pays est le premier producteur et exportateur mondial de café.
Selon la Compagnie nationale d’approvisionnement (Conab), la récolte brésilienne d’arabica devrait baisser de plus d’un tiers par rapport à 2020. Cette année, la production ne devrait pas dépasser les 30 millions de sacs de 60 kilos, 33 millions au maximum. Or, l’arabica représente près de 77% du café produit dans le pays. Cette baisse de la production s’explique en partie par le cycle « biennal » de cette variété. D’une année sur l’autre, les plants d’arabica alternent entre grande et faible floraison. Ces fluctuations influent sur les rendements.
Le café arabica menacé par La Niña
Mais le rythme naturel de l’arabica n’est pas la seule cause de la production en déclin prévue. La sécheresse et des températures trop élevées entre septembre et novembre ont « accentué ce scénario », affirme à l’AFP Renato Garcia Ribeiro, chercheur au Centre d’études avancées en économie appliquée de l’Université de São Paulo (Cepea). Cette chaleur a provoqué un retard dans la floraison des arbustes. De ce fait, les jeunes cerises de café en formation ont chuté prématurément.
Et selon les données du cabinet de conseil Agroconsult, les pluviométries d’octobre et novembre ont été deux fois plus faibles que la moyenne dans cette région du Brésil. Ces faibles pluies sont font partie des conséquences de La Niña. C’est un « phénomène climatique qui provoque généralement des intempéries, mais [qui] peut aussi entraîner des sécheresses », en particulier dans le Sud, précise Gil Barabach, analyste chez Safras et Mercado. Dans le Minas Gerais, cela aussi va avoir une incidence sur la production d’arabica.
« Cela faisait quelques années que nous augmentions en permanence notre production, même en cycle biennal négatif. Mais le déficit hydrique que nous avons traversé va réduire notre récolte d’environ 39% », se désole José Marcos Magalhães, président de Minasul. Cette coopérative, la deuxième du pays, a commercialisé deux millions de sacs d’arabica l’an dernier. Une baisse de plus d’un tiers de sa production lui fera retrouver son niveau de 2017. L’autre mauvaise nouvelle est que la qualité de ses grains sera amoindrie.
« Récolte zéro » au Brésil
Pour faire face à la morosité à venir, de nombreux caféiculteurs ont choisi d’opter pour la « récolte zéro ». Pour ce faire, les producteurs d’arabica choisiront d’élaguer tout ou partie de leurs arbustes. Cette pratique leur permettra de préparer les récoltes futures dans les meilleures conditions. Pour le moment, les travailleurs du café vivent sur les recettes de 2020. L’an dernier, les caféiculteurs ont profité d’une récolte record et d’une forte dépréciation du réal face au dollar.
Cela leur a permis « de renouveler et réorganiser les arbustes, d’acheter des engrais et des variétés plus productives », observe Paulo Henrique Leme, professeur au sein du département d’Administration et d’Économie à l’Université fédérale de Lavras. « Ces investissements vont avoir un impact sur leur productivité d’ici 3 ou 4 ans », ajoute-t-il. De plus, le café arabica du Brésil pourrait reprendre de la valeur dans les prochains mois. « Les acheteurs font preuve de tranquillité, car la dernière récolte est encore en train d’être embarquée vers l’étranger. Mais graduellement, le prix de l’arabica va augmenter », prédit Gil Barabach.
En 2020, la valeur financière de l’arabica avait été dépréciée à plusieurs reprises sous l’effet de la crise sanitaire. Mais l’avancée de la vaccination contre le Covid-19 alimente l’espoir d’une reprise de la demande, face à une offre mondiale réduite. Le CyclOpe annuel des matières premières mondiales, publié à Paris, prévoit que les moyennes des cours du café (arabica et robusta) en 2021 se situeront en hausse de 20% par rapport à celles de 2020 (contre +8% en 2020).
Chaymaa Deb avec AFP