En pleine guerre ukrainienne, l’ONG Transport & Environment juge le recours aux biocarburants à base d’huiles végétales ou de céréales « irresponsable ». En ces temps troubles, la menace plane sur la sécurité alimentaire mondiale.
La France n’est pas en conflit direct sur son territoire. Mais les impacts qui découlent de la guerre en Ukraine sont mondiaux. L’ONG Transport & Environment juge le recours aux biocarburants à base d’huiles végétales ou de céréales « irresponsable ». Elle rappelle que 96 % des matières premières utilisées pour produire du bioéthanol sont des produits agricoles qui pourraient manquer aux populations les plus fragiles.
Les biocarburants en question
« La grande majorité des biocarburants utilisés dans l’Union européenne provient de cultures vivrières », dénonce l’ONG dans une étude publiée jeudi. Selon elle, 78% des matières premières utilisées pour produire du biodiesel sont des huiles obtenues à partir de colza, de palme, de soja, et de tournesol. Pour le bioéthanol, la proportion de produits agricoles est encore plus élevée : 96%.
Les ventes de bioéthanol et de l’alcool pur ont fortement progressé en France en 2021. Mais leurs avantages environnementaux, en substitut de l’essence, restent contestés.
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La menace pèse sur l’Europe et l’Afrique
« Malgré le risque imminent de pénurie alimentaire, qui pourrait entraîner des centaines de millions de personnes dans la pauvreté alimentaire, l’Europe continue de transformer 10.000 tonnes de blé, l’équivalent de 15 millions de miches de pain, en éthanol chaque jour, pour une utilisation quotidienne dans les voitures », clame l’ONG. « La Russie et l’Ukraine sont des fournisseurs clés d’aliments de base dans le monde. Ensemble, elles fournissent environ un quart du blé et de l’orge, 15% du maïs et plus de 60% de l’huile de tournesol vendus dans le monde », rappelle l’ONG.
Alors que l’Europe est presque auto-suffisante en blé, elle importe quelque 22% du maïs qu’elle consomme, en grande partie d’Ukraine. L’Europe est en mesure de gérer les approvisionnements manquants provenant traditionnellement d’Ukraine et de Russie. Cependant « certains pays moins forts économiquement pourraient ne pas y arriver », compte tenu de la flambée des cours, souligne l’ONG. L’Egypte, qui importe plus de 60% de ses besoins en blé, a annoncé récemment stopper pour trois mois ses propres exportations de blé et de farine. Cela risque également de « frapper d’autres pays d’Afrique, en particulier l’Érythrée, la Somalie et le Yémen ».
Léo Sanmarty avec AFP