La chaleur émise mais non utilisée par les centrales électriques, centres de traitement des déchets ou industries représente une perte de 1 000 € par an et par citoyen européen. Elle pourrait être récupérée par des réseaux de chaleur et de froid. Ce sont les résultats de l’étude Ecoheat4EU menée dans 14 pays européens dont la France et dévoilés aujourd’hui par l’association de promotion des réseaux de chaleur et de froid Via sèva.
« Le développement des réseaux de chaleur et de froid permettrait de recycler une grande part des 53 % de l’énergie primaire perdue chaque jour », martèle Birger Lauersen, Président de l’association internationale des réseaux de chaleur et de froid Euroheat & Power.
L’association vient de publier les résultats d’une étude menée dans 14 pays européens, dont la France, sur les pertes d’énergie dans l’Union Européenne. Cette étude, intitulée Ecoheat4EU, montre que près de 500 milliards d’euros d’énergie sont gaspillés chaque année, alors que cette énergie pourrait être récupérée et utilisée sous forme de chaleur. Avec une population de 500 millions de citoyens dans l’Union européenne, cela revient à jeter par les fenêtres 1 000 € par citoyen.
« La pénurie d’énergie est une réalité ; la possibilité d’utiliser les énergies perdues en est une autre. Les réseaux de chaleur et de froid ont déjà fait le choix éco-responsable de les utiliser aussi souvent que possible. L’exploitation de toutes les ressources existantes doit aujourd’hui être un choix. Une réelle prise en considération dans la politique énergétique française apparaît donc indispensable », commente Guillaume Planchot, Président de l’association de promotion des réseaux de chaleur et de froid Via sèva.
De quelle énergie parle-t-on ?
Ces pertes sont constituées par ce que l’on appelle communément la « chaleur de récupération », une chaleur inévitablement produite par les procédés industriels et tout à fait exploitable en l’état.
La valorisation énergétique des déchets représente déjà une part importante et grandissante du mix énergétique de ces systèmes de chauffage. Le défi est aujourd’hui de développer l’utilisation de nouvelles ressources de récupération, telles que la chaleur fatale de process industriels, la chaleur dégagée par les serveurs informatiques (Data Centers) ou encore la chaleur dégagée par les eaux usées.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 37 % de l’énergie utilisée sert au chauffage tandis que seuls 21% sont dédiés à l’usage électrique. Ainsi, utiliser directement cette « chaleur de récupération » permettra d’éviter de brûler inutilement de l’énergie pour produire de la chaleur qui est gaspillée par ailleurs.
Les réseaux de chaleur et de froid : la solution pour éviter ce gaspillage
Les réseaux de chaleur permettent de récupérer cette chaleur non utilisée pour chauffer des logements en ville. Ce système permet de valoriser à échelle moyenne la chaleur de récupération pour les citadins européens, qu’ils soient chez eux ou sur leur lieu de travail. Cela revient à « agir local » pour « se chauffer local ».
En France, 450 réseaux de chaleur utilisent 31 % d’énergies renouvelables et de récupération pour chauffer leurs abonnés. Cela constitue une augmentation de 17 % depuis 2005. L’objectif des opérateurs est d’atteindre les 50 % d’ici 2020.
Malgré les objectifs affichés par le Grenelle de l’environnement,la France est encore aujourd’hui dernière de la classe européenne selon une enquête menée par Euroheat & Power en 2011. Ses réseaux de chaleur chauffent seulement 6 % de la population lorsque la moyenne européenne se situe à plus de 30 %. Pour le Danemark,la République Tchèque, ou encore l’Islande, ces taux dépassent 50 %.
Comment ça marche ?
L’installation de production de chaleur produit l’énergie nécessaire au fonctionnement du réseau. Elle garantit la température de l’eau ou la pression de la vapeur dans les canalisations jusqu’aux usagers. Quelle que soit l’origine de la source d’énergie pour produire la chaleur, la cogénération permet de produire simultanément de la chaleur et de l’électricité.
Un réseau de canalisations distribue la chaleur vers les utilisateurs. Un autre permet le retour du fluide vers les centrales de production. Le tout fonctionne en circuit fermé. Le tout fonctionne un peu comme une grosse chaudière à l’échelle d’une ville ou d’un quartier… Qui dit chaudière, dit radiateurs. Dans chaque bâtiment raccordé au réseau de chaleur se trouve alors une sous-station au point de raccordement qui joue ce rôle. Elle permet le transfert de la chaleur du réseau primaire aux installations du bâtiment.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com
« la France est encore aujourd’hui dernière de la classe européenne selon une enquête menée par Euroheat & Power en 2011 »
Ce n’est pas tout à fait vrai, il y a de nombreux pays européens dans lesquels le taux de pénétration des réseaux de chaleur est encore plus faible qu’en France. Au Royaume-Uni par exemple c’est de l’ordre de 2%, aux Pays-Bas 3%, en Norvège 5%…
Voir http://www.cete-ouest.developpement-durable.gouv.fr/les-reseaux-de-chaleur-en-europe-a601.html