Jeudi 13 octobre, l’entreprise française Aérophile a présenté son Para-PM, une machine qui compte capter les particules fines de l’air. Dépolluer à faible coût énergétique telle est la promesse. La machine serait même capable d’attraper les virus comme le Covid-19.

C’est au parc André-Citroën dans le 15ème arrondissement de Paris, que Matthieu Gobbi et Jérôme Giacomoni, co-fondateurs d’Aérophile, ont donné rendez-vous à la presse. Leur Para-PM se trouve dans une salle au pied du ballon de Paris Generali, la montgolfière qui réalise des analyses sur la qualité de l’air de la capitale. Les deux ingénieurs font une démonstration du fonctionnement de leur nouvel outil, une sorte de ventilateur rectangulaire. Le prototype fait bien chuter la concentration en PM 2,5 (particules de moins de 2,5 micromètres) de l’air de la pièce de 200 m2 en dix minutes, montre en main.
C’est en voulant nettoyer le ballon Generali qu’ils ont trouvé une manière efficace pour piéger les particules fines. « On s’est aperçu que le ballon attirait beaucoup de particules parce qu’il était chargé électriquement », explique Jérôme Giacomoni. Ainsi, les deux comparses ont eu l’idée de réaliser un piège électrostatique à particules. Mais alors comment fonctionne ce Para-PM si prometteur ?
Assainir l’air intérieur sans trop consommer
« La machine fonctionne d’une manière très simple. Vous avez un ventilateur qui donne une vitesse d’aspiration. Parce qu’on sait qu’à une certaine vitesse d’aspiration, notre efficacité est optimum. Ensuite, l’air va passer dans trois stades différents, où d’abord il va être ionisé, puis aggloméré, puis enfin collecté. Donc c’est un système à la fois simple et compliqué, puisqu’il a fallu tout régler », détaille Jérôme Giacomoni.
Le Para-PM vise les particules fines qui vont s’agglomérer à des particules chargées. Une fois chargées, elles vont se coller à des électrodes. L’outil est ainsi capable de retirer 95% des particules fines, et filtre jusqu’à 3.600 mètres cubes d’air, « l’équivalent d’une piscine olympique et demie », assure Jérôme Giacomoni. Le tout, à un faible coût énergétique selon les ingénieurs. « Nous ne consommons pas plus qu’un sèche-cheveux. C’est-à-dire 300 watts par mètre cube par seconde », dit-il.
« Cette machine a été pensée par rapport à nos études sur la qualité de l’air avec le ballon Generali de Paris que nous menons depuis 10 ans. Nous avons ainsi remarqué des phénomènes d’électricité atmosphérique intriguant et nuisible car cela salissait notre ballon. Mais en travaillant sur ces phénomènes, nous avons miniaturisé cette électricité et pour brasser de grandes quantités d’air. C’est grâce à la nature que nous avons eu l’idée du Para-PM », détaille l’ingénieur.
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Les virus également ciblés
L’engin pourrait ainsi dépolluer l’air d’un espace en quelques minutes seulement. Mais ce n’est pas tout. « Ce qui est très intéressant également c’est que ce Para-PM va capter une propension très importante de particules fines, y compris les toutes petites particules dans lesquelles on peut trouver les virus », explique Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS.
« La Covid-19 fait 0,13 micromètres de diamètre. Ce Para-PM ne va pas faire la distinction. Il détecte quelque chose dans l’air et va donc le capter. Que ça soit une poussière ou un virus. L’autre avantage est que cela va faire des bouffées d’air frais et diminuer la quantité de la pollution. Il faut faire comprendre aux gens que la pollution de l’air est un grand problème climatique et sanitaire », conclut le chercheur.
Il existe également d’autres machines capables de dépolluer l’air. Mais selon les ingénieurs, ce Para-PM est unique. « C’est une technologie brevetée. Aujourd’hui les technologies utilisées en Inde ou en Chine, sont des filtres mécaniques, qui demandent énormément d’énergie et beaucoup d’entretient », explique Jérôme Giacomoni. La machine exposée dans la pièce est une première de série. Son prix à l’unité est de 15.000 euros.