Active dans la protection de l’environnement, la société à but non lucratif Time for the Planet prévoit de lever un milliard d’euros pour financer 100 entreprises engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Arthur Auboeuf, son cofondateur, détaille à Natura Sciences les missions majeures de l’entreprise et livre sa vision du monde sous le prisme écologique.
Time for the Planet se présente comme un plan d’urgence citoyen pour lutter activement contre les émissions de gaz à effet de serre. Son but ? Créer et financer cent entreprises dont les innovations répondent aux problématiques environnementales : stockage massif de l’électricité, transformation du CO2, économie circulaire… Tous ces projets sont livrés en open-source, afin que quiconque puisse se les approprier ou les modifier à sa convenance. Cet esprit collaboratif permet à l’innovation de s’améliorer davantage, selon le cofondateur. « Tout le monde peut participer à sauver la planète à partir d’un euro en une minute, explique Arthur Auboeuf. Sur notre site web, l’utilisateur devient co-propriétaire et actionnaire du projet. Il le possède alors au même titre que nous pour l’aider à grandir et à avoir de l’impact ».
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20 problématiques pour protéger l’environnement
Pour espérer atteindre la neutralité carbone au niveau planétaire au plus vite, Time for the Planet a, au départ, identifié 20 problématiques majeures. « 90% des émissions se répartissent sur cinq secteurs, détaille le cofondateur. On compte l’industrie, la production d’électricité et de chaleur, le bâtiment, les transports et l’agriculture et les forêts. Nous avons séparé ces problématiques en quatre leviers d’action. Ce sont les mêmes que l’on retrouve souvent dans les rapports du GIEC« . Ces 20 problématiques se basent alors sur le « Zéro émission« , « l’efficacité énergétique« , la « sobriété » et la « captation« . « On a mis en place tout ce que l’on pouvait, c’est à dire arrêter de prendre l’avion, réduire notre consommation de viande, limiter nos achats sur Internet. Le maximum pour être le plus sobre possible. Mais on restait quand même frustrés de sentir que ce n’était pas assez. Il fallait beaucoup plus », révèle le jeune entrepreneur.
Pour aller plus loin, Arthur ne comptait pas uniquement sur la technologie. « L’origine de la chose, c’est la rencontre avec les scientifiques », affirme-t-il. Des experts comme Jean Jouzel, climatologue, misent sur la réduction de la consommation et le déploiement des innovations. « Le problème, c’est que les innovateurs sont des chercheurs et des ingénieurs, non des entrepreneurs« , continue Arthur Auboeuf. Selon le cofondateur, les scientifiques ne seraient pas favorables à l’extension des innovations. Les attentes divergeaient. Les fondateurs de Time for the Planet devaient trouver une solution pour instaurer un modèle économique convenant aux entrepreneurs et à la sphère scientifique. Ils ont alors opté pour un « crowdfunding géant » pour déployer ces innovations à grande échelle.
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« On est face à un mur et c’est à nous de trouver des solutions«
Si Arthur Auboeuf s’engage aujourd’hui dans la protection de l’environnement, c’est parce qu’il souhaite se rendre utile au quotidien. « Je ne trouvais pas forcément que j’apportais au monde, je n’étais pas en phase avec mon ADN et avec mes convictions profondes », confie-t-il à Natura Sciences. Chaque jour, il cherche comment atteindre la neutralité carbone le plus rapidement possible. Le jeune entrepreneur invite alors chaque volontaire à s’investir dans cet objectif. « Tout le monde a un truc incroyable à apporter au monde. Il faut cultiver cette différence pour l’utiliser, soutient-il. On est face à un mur c’est à nous de trouver des solutions ».
Time for the Planet regorge encore de projets futurs pour permettre aux innovations de se déployer à travers le monde, et réduire les émissions de gaz à effet de serre. « On a déjà débloqué de l’argent pour deux boîtes, raconte Arthur Auboeuf. Actuellement, nous sommes en négociation avec les innovateurs pour pouvoir finaliser la création de la deuxième ». L’équipe espère aussi créer une nouvelle entreprise, « voire peut-être deux », d’ici la fin de l’année.
Sophie Cayuela / JRI Léo Sanmarty