Pour endiguer la pollution aux mégots de cigarette, plusieurs entreprises proposent des solutions. C’est par exemple le cas d’EcoMégot, spécialiste du recyclage de mégots. Grâce à des principes brevetés, elle parvient à donner une nouvelle vie à ces déchets polluants.
Dans de nombreuses capitales du monde, jeter nonchalamment des mégots de cigarette à même le bitume est passible d’une amende. À Londres, le contrevenant verbalisé doit se délester d’une cinquantaine de livres sterling. Parfois, la note peut être largement plus salée. En 2015 à Singapour, un homme de 38 ans a reçu une amende record de 19.800 dollars, soit 12.800 euros. Son erreur : s’être débarrassé de ses restes de cigarettes par la fenêtre de son appartement. Des images de vidéosurveillance avaient alors permis le confondre.
Dans certaines villes de France, la législation sur les mégots n’est pas en reste. À Paris, quiconque tenterait de se délester d’un déchet nicotiné dans le caniveau, sous une voiture ou sur la chaussée est passible d’une contravention de 38 euros. Mais souvent chenapan n’est pas vu, et donc pas pris. C’est ainsi que le service technique de propreté de la capitale ramasse chaque année environ 350 tonnes de mégots. Cela représente 10 millions de bouts de cigarettes jetés dans les rues chaque jour. Or, selon le Centre d’information sur l’eau (C.i.eau), un seul d’entre eux peut polluer 500 litres d’eau.
De mégots à panneaux de sensibilisation
Refusant tout fatalisme, plusieurs start-ups s’engagent pour lutter contre cette pollution endémique, et toujours aussi nuisible. Toutes ont pour objectif de favoriser la collecte de mégots pour en valoriser le plastique. L’une d’entre elles, Keenat, entreprise mère de EcoMégot, est même devenue spécialiste du traitement de déchets habituellement peu valorisés. Aujourd’hui composée de 20 salariés, l’entreprise basée à Talence dispose de trois filiales. R’Mask s’attaque aux masques chirurgicaux qui jonchent à l’envi pavés et nature depuis le début de la pandémie. FreeGum, encore en expérimentation, ambitionne de débarrasser la voie publique des tâches rondes et collantes allant du beigeâtre au noirâtre, signe du plus ou moins récent passage d’un humain hybride, mi-ruminant mi-lama. En réalisant ses travaux en partenariat avec des chantiers d’insertion, Keenat a reçu l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale ».
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Née en 2016, la filiale la plus ancienne de l’entreprise est ÉcoMégot. Sa mission : transformer les mégots en panneaux de sensibilisation. Keenat les met gratuitement à la disposition de ses clients partenaires. La firme indique que leur but est de sensibiliser « les publics à la pollution, la préservation de la biodiversité et de l’environnement ». Par ailleurs, l’entreprise met un point d’honneur à ne pas banaliser la pollution aux mégots de cigarette. Pour ÉcoMégot, ce retraitement des déchets a pour unique but d’alerter le grand public et diminuer le nombre de déchets au sol. Pour ce faire, ÉcoMégot a mis au point un système breveté, fonctionnant sans eau ni solvant. Depuis son lancement, la start-up indique avoir recyclé 40 millions de mégots récoltés dans toute la France.
Plusieurs lieux de collecte en France
Pour qu’une nouvelle vie soit donnée au mégot, il faut que celui-ci soit débarrassé de toutes ses impuretés. Julien Paque, fondateur de TchaPour qu’une nouvelle vie soit donnée au mégot, il faut que celui-ci soit débarrassé de toutes ses impuretés. Chez ÉcoMégot, l’acétate de cellulose obtenu à la suite du broyage des restes de cigarette est assez purifié pour être mélangé à d’autres types de plastiques recyclés. Ce mélange donne alors lieu à la création d’un nouveau polymère, lui aussi recyclable. « Notre objectif est bien d’aller vers la valorisation matière pour construire des objets constitués à 100% de plastique issu des mégots, pas de diluer 1% de mégots dans d’autres plastiques », déclarait en 2017 Erwin Faure, le fondateur d’EcoMégot.
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Mais ce processus ne peut fonctionner que si la qualité des mégots est assez bonne. C’est pourquoi la filiale de Keenat traite uniquement les déchets recueillis dans l’un des ses collecteurs. « Nous accompagnons les collectivités, les entreprises privées ou publiques, les écoles, les hôpitaux et pleins d’autres types de structures dans la création d’espaces zéro mégot », explique l’entreprise. Pour cela, ÉcoMégot vend différents types de cendriers de collecte, pour un montant allant de 199€ à 299€. Actuellement, plusieurs agglomérations ont opté pour cette solution, à l’image de Monaco, Saint-Cloud et Bordeaux. C’est aussi le cas de plusieurs clubs sportifs comme le Stade toulousain ou l’Olympique de Marseille. En parallèle, le ministère de la Santé continue son programme national de lutte contre le tabac. Ciblant la jeunesse, celui-ci ambitionne d’aboutir en 2032 à la première « génération d’adultes sans tabac ».