« L’écologie pour tous » se veut une plateforme démocratisant l’accès à l’écologie. Son fondateur, Niels de Fraguier, souhaite donner aux citoyens les outils pour s’emparer pleinement des enjeux climatiques. Entretien.
Engagé dans les questions de développement durable depuis une dizaine d’années, Niels de Fraguier, entrepreneur, a lancé en mai dernier une nouvelle plateforme destinée à l’écologie. L’écologie pour tous se présente comme une initiative démocratisant l’accès à l’écologie. Un site où les moyens sont donnés au citoyens pour s’emparer pleinement des enjeux climatiques pour « changer le monde de demain ».
Travaillant auparavant au sein du Conseil de l’Europe, l’Union européenne ou encore les Nations Unies, le jeune entrepreneur de 26 ans s’est aussi mobilisé aux côtés des politiques publiques à l’international et au niveau local. Il a également travaillé pour des ONG locales dans différents continents mêlant environnement et social. En parallèle de ses projets professionnels, Niels de Fraguier s’est lancé dans une toute nouvelle aventure. Natura Sciences s’est entretenu avec lui pour connaître ses ambitions quant à la plateforme L’écologie pour tous.
Natura Sciences : Vous avez créé la plateforme L’écologie pour tous. Que présente-t-elle, et dans quel but ?
Niels de Fraguier : Les citoyens se sentent souvent dépassés par la question écologique et climatique. Même s’ils ne changeront pas les choses à eux-seuls, il doivent se sentir capables d’avancer sur ces enjeux. Cela passe par l’accès à l’information via des médias indépendants qui ne sont pas forcément connus de tous. Mais aussi en s’inspirant de solutions qui existent et que l’on dispose. Nous avons toutes les pièces du puzzle. Il faut savoir les mettre ensemble pour répondre au défi climatique. La meilleure façon de retrouver espoir reste d’agir via ces actions à portée de main. Changer de banque, faire du covoiturage, manger mieux…
Le but est de centraliser tout cela pour que les citoyens se sentent en capacité d’agir. À moyen et long terme, l’idée est de cultiver une écologie inspirante, positive, et heureuse. Ce travail peut nous faire vivre plus sainement et en meilleure santé. Et aussi de retrouver cet esprit de communauté. La création d’une plateforme citoyenne permettrait aux individus de proposer des initiatives qu’ils connaissent et qu’ils souhaitent mettre en avant. Il faut faire de la transition écologique un sujet de société tourné vers le positif qui nous permette d’avancer vers un autre futur.
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Ce projet est paru en mai 2022. Y-a-t-il eu un élément déclencheur pour sa réalisation ?
Il n’y a pas eu d’élément déclencheur. J’ai mené un long travail de recherches sur les initiatives écologistes existantes et j’ai contacté différents acteurs. Puis, avec l’élection présidentielle et l’annonce d’un Ministère basé sur la planification écologique par Emmanuel Macron, j’ai constaté l’existence d’un Momentum sur ces questions-là. En face de ces annonces, il fallait que les citoyens ne se sentent pas démunis et qu’en plus de leurs votes, ils puissent se munir de ces questions et s’engager individuellement.
Vous donnez beaucoup d’outils pour comprendre les enjeux climatiques. Les citoyens ne sont pas assez renseignés selon vous ?
Je pense qu’il y a trois problèmes: celui de l’information, de l’inspiration, et de l’action. Sur l’information, on remarque un manque de traitement de la question écologiste. Les médias de masse n’en parlent pas assez. Sans oublier qu’ils entretiennent des intérêts financiers par rapport aux aspects publicitaires sur les questions écologiques. Néanmoins, on voit que certains médias font des efforts en commençant à parler de de sobriété. Cependant, les articles sur l’environnement plutôt creusés relèvent souvent d’un compte Premium. Ils ne sont donc pas toujours accessibles et cela renvoie à un manque d’information.
À côté, il y a des médias en ligne qui traitent uniquement des questions écologiques qui ont un potentiel énorme. Ceux-ci font un travail de grande qualité mais ne sont pas mis en avant. Le but n’était pas d’exposer des médias que tout le monde connaît. Mais plutôt des médias qui se basent sur la science, et qui le font aussi de manière inspirante et positive.
Pensez-vous déjà à une évolution de la plateforme ?
L’idée est de continuer à alimenter cette base de données qui ne comporte pas vraiment d’actualités. Elle représente un véritable inventaire des solutions existantes. Il faut continuer à l’enrichir et inviter tout à chacun à y contribuer. Soit en la partageant, soit en mettant en avant des initiatives citoyennes.
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Vous vous êtes engagé depuis plusieurs années dans les questions environnementales en travaillant principalement avec les politiques et des associations. Qu’est-ce que cela vous a-t-il apporté pour créer L’écologie pour tous ?
J’ai travaillé à différents niveaux et j’ai compris qu’il y avait un manque de communication, un problème de langage et un problème de collaboration sur les sujets écologiques. Quand je me suis engagé, j’ai crée une société positive, Positive Impact Community. C’est une communauté d’entreprises à impact positif nécessitant un travail sur les questions d’impact de développement durable et d’impact régénératif. C’est-à-dire comment une entreprise peut donner plus à la nature et aux individus qu’elle ne lui ou leur prend. J’ai toujours travaillé sur de multiples projets en lien avec l’environnement et l’empreinte carbone de chaque individu, chaque entreprise et chaque entité sur le monde qui nous entoure.
Aujourd’hui, l’idée est de vraiment travailler avec des citoyens. On attend beaucoup des politiques et des lois pour faire changer les choses. Dans le même temps, il faut agir aussi au niveau des communautés pour renforcer le lien les uns avec les autres et cocréer des solutions qui nous correspondent.
Vous ne parlez que très peu des ONG et des associations sur votre plateforme. Est-ce un choix de votre part ?
Ce n’est pas quelque chose que je veux mettre en avant, car il faut avant tout changer nos consciences. Donner une contribution financière à une organisation pour se donner bonne conscience a bien sûr un impact. Mais la première chose à faire si l’on veut changer les mentalités est de changer notre paire d’yeux pour mieux voir et comprendre. À la suite de cela, on peut contribuer à une ONG. C’est important mais ce n’est pas la priorité.
Les citoyens doivent se rendrecompte du pouvoir qu’ils ont entre leurs mains. Leurs choix de tous les jours sont décisifs pour le futur qu’ils sont en train de coconstruire et d’influencer. Si on leur dit que le raccourci consiste à donner à une ONG, cette conscience là ne va pas évoluer. Pour moi, cela représente l’un des problèmes actuels. Donner à une association reste la première option qui nous vient en tête. Alors que privilégier des actions comme changer de banque, mieux s’alimenter, ou changer sa mobilité engendre plus d’impacts. On a tous un rôle à jouer pour contribuer à un futur durable.
Propos recueillis par Sophie Cayuela