84% des enseignants estiment qu’ils doivent participer au développement de comportements diminuant leur impact environnemental chez leurs élèves. C’est en tout cas ce qui ressort du dernier sondage de l’observatoire Ecolhuma effectué auprès de 986 enseignants.
Et si nous profitions des vacances scolaires pour nous interroger un peu sur le rôle de notre école ? Le baromètre « Education au développement durable : pratiques et besoins des enseignants » nous aide à y voir plus clair sur la manière dont les professeurs aident à construire la conscience écologique de leurs élèves. Et ils sont désormais nombreux à prendre cette mission à coeur, selon ce sondage de l’association Ecolhuma, effectué en partenariat avec la Mirova Foundation. Ainsi 84% des enseignants de la primaire au lycée sont convaincus qu’ils doivent participer au développement de comportements pro-environnementaux chez leurs élèves, c’est-à-dire minimisant leur impact sur l’environnement. En plus, 74% des enseignants rapportent avoir “une conscience élevée du risque environnemental contemporain”.
Ce questionnaire en ligne au sein de la communauté enseignante ÊtrePROF a recensé les réponses de 986 enseignants volontaires ayant des niveaux de conviction différents sur l’éducation au développement durable (EDD). En ce sens, « il existe un biais d’échantillonnage », reconnaît Echolhuma. « Les résultats obtenus reflètent les perceptions et les besoins d’enseignants engagés dans une certaine mesure dans une démarche de développement professionnel, ce qui n’est pas représentatif de l’ensemble de la population », ajoute l’association. Des corrections ont néanmoins permis d’obtenir une représentativé comparable à la population des enseignants français sur l’ancienneté et le genre.
La majorité des enseignants sont éco-conscients
Les enseignants sont des acteurs clés de la transition écologique de part leur rôle auprès de la jeunesse. Et ils en ont conscience. Selon l’observatoire, 85% des enseignants estiment qu’ils peuvent contribuer au développement de la conscience écologique de leurs élèves. De plus, 80% d’entre eux pensent que les comportements pro-environnementaux doivent se développer à l’école.
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Si les enseignants sont conscients de leur rôle dans la lutte contre le dérèglement climatique, ils sont également proactifs dans leurs engagements. Marine, directrice d’école primaire, témoigne dans le cadre de ce sondage. “Depuis des années, le sujet de l’écologie prend tellement d’ampleur que toute l’équipe se sent concernée, explique-t-elle. Les énergies vont vers des sujets variés (tri des déchets, protection de la nature, etc…) et chaque personne y va de sa sensibilité”.
D’après les retours du sondage, la pratique la plus répandue chez les enseignants est la mise en œuvre d’éco-gestes. En effet, 75% des enseignants rapportent mettre de telles mesures en place au sein de leur classe. Ils sont également “plus d’un tiers à mettre en place des actions de terrain, des débats et discussions, ou des activités manuelles” selon Ecolhuma. Auprès de l’observatoire, Stéphanie, enseignante au collège, détaille ses engagements. “J’ai toujours essayé d’aller plus loin que ce que le programme demandait. Quand on parlait écosystème, je parlais des menaces de la pollution et quand on parlait d’énergie, j’évoquais les énergies durables”, assure-t-elle.
Des pratiques d’éducation au développement durable actives, collaboratives et locales
La mise en place d’éco-gestes est la pratique la plus répandue, mais pas la plus efficace, selon l’étude. Selon Ecolhuma, les pratiques d’éducation les plus efficaces pour l’EDD rassemblent trois caractéristiques. Elles mobilisent “un apprentissage actif, collaboratif et centré sur des problématiques locales”. Dans le cas des éco-gestes, seul l’apprentissage actif des élèves est garanti.
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Ainsi, selon ces critères, la pratique éducative la plus efficace revient à “faire classe dehors”. Mais seulement 36% des enseignants mettent en place cette pratique selon le sondage. Le baromètre précise que cela peut être l’occasion de créer un abécédaire à partir d’éléments trouvés dans la forêt ou de travailler les notions géométriques en utilisant des éléments naturels.
La deuxième pratique la plus efficace est la mise en place de projets de classe spécifiques à l’EDD. 29% des enseignants mettent en place de tels projets qui rassemblent au moins deux des trois caractéristiques susmentionnées : un apprentissage actif et collaboratif.
Les enseignants se sentent trop peu outillés pour enseigner l’EDD
Si les enseignants sont conscients de l’urgence climatique et proactifs dans leurs pratiques éducatives, ils se sentent néanmoins insuffisamment préparés. Seulement la moitié d’entre eux rapportent se sentir “en maîtrise des connaissances (52%) ou des compétences (46%) en lien avec l’EDD”. Selon Guylaine Molina, maîtresse de conférences en psychologie de l’éducation, “pour modifier leurs pratiques et leurs attitudes, les enseignants ont besoin d’une formation adaptée à leurs niveaux de pratiques. Cette progressivité est déterminante pour les amener à s’engager sur des projets pédagogiques plus ambitieux sur l’éducation au développement durable”.
D’après les résultats du questionnaire, les enseignants désignent deux besoins principaux pour renforcer leur investissement dans l’EDD. Tout d’abord, ils demandent davantage de temps. Celui-ci est nécessaire pour préparer des projets spécifiques à l’EDD (68% des enseignants) et pour finir leur programme (67%). Les éducateurs font également part de leur besoin d’accompagnement. 63% signalent la nécessité d’une expertise pédagogique pour “actionner des pratiques liées à l’EDD” et 62% cherchent une aide pédagogique afin d’intégrer l’EDD à leur discipline.
Former le corps enseignant
Suite à cette étude, Florence Rizzo, co-fondatrice d’Ecolhuma, rappelle l’importance du rôle des enseignants sur des sujets comme l’EDD. “Face aux défis environnementaux, les enseignants sont en première ligne pour accompagner les nouvelles générations. Il est temps de leur apporter les formations nécessaires et de soutenir leur volonté de mieux accompagner leurs élèves sur cet enjeu majeur.”
Selon le ministère de l’Éducation nationale, l’EDD doit être une “éducation ancrée dans toutes les disciplines, tout au long de la scolarité”. Ainsi, au collège, le sujet se retrouve en cours de Français, d’Arts, d’Histoire-Géographie, de Technologie ou de Sciences. À partir du lycée, l’EDD s’intègre aux programmes de Sciences, d’Histoire-Géographie et de Sciences Économiques et Sociales. Lors de ce sondage, les enseignants ont été interrogés sur “leur représentation des enjeux environnementaux, leurs pratiques d’éducation au développement durable (EDD) et leurs besoins de soutien”.