Erwin Faure lance son entreprise sociale EcoMégot. Celle-ci va collecter les mégots jetés dans la ville de Bordeaux pour les recycler. Objectif: mettre fin à la pollution des sols et des eaux par les mégots à Bordeaux et bientôt dans d’autres villes.
Autour de 200 millions de mégots de cigarettes seraient jetés par terre à Bordeaux chaque année, soit 35 tonnes. Ils finissent dans les stations d’épuration ou dans les réseaux d’eaux pluviales avant de rejoindre la Garonne et l’Océan Atlantique. Afin de contrer cette pollution, EcoMégot veut transformer les déchets de cigarettes en ressource. Pour cela, l’entreprise va installer ses cendriers un peu partout dans Bordeaux et sa banlieue. Gare Saint-Jean, arrêts de tramway et de bus, bars et restaurants, entreprises, cendriers de la ville… la solution séduit tout le monde. « Un lieu EcoMégot, c’est un lieu équipé d’une borne de collecte de mégots dont le contenu sera vidée en vélo pour être recyclé, explicite Erwin Faure, fondateur d’EcoMégot. L’installation de ces bornes fabriquées dans un sentier d’insertion à côté de Bordeaux.est accompagnée d’un dispositif de sensibilisation des usagers. »
Parmi les premiers clients, citons le Digital campus et ses 1.400 étudiants. Mais aussi le siège et l’entrepôt de Cdiscount, les fumoirs intérieurs du Casino Barrière et bientôt la Polyclinique Bordeaux Nord. « Notre plus gros partenaire est la ville de Bordeaux, précise Erwin Faure. On collecte désormais les 125 cendriers de la ville, ce qui fait une tournée en vélo de 60 km par semaine ». Le modèle économique repose sur la vente de bornes entre 199 et 299 euros, assorti d’un abonnement mensuel, à partir de 40 euros pour une borne. Des locations journalières sont également prévues pour les événements.
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Recycler les mégots…?
TerraCycle fait du recyclage de mégots en Angleterre. EcoMégot veut développer une solution en France. « On attend d’avoir 4 millions de mégots d’ici la fin de l’année pour légitimer le développement de l’outil industriel », prévient Erwin Faure. En attendant, les mégots collectés sont stockés dans ses locaux. L’entreprise travaille avec une filiale de Suez pour développer une solution de recyclage au niveau local.
Le plus compliqué dans ce recyclage, c’est la dépollution des filtres. Ces derniers sont constitués d’ acétate de cellulose. Il s’agit d’un plastique qui peut être utilisé pour faire des palettes, des jardinières, du mobilier… « Notre objectif est bien d’aller vers la valorisation matière pour construire des objets constitués à 100% de plastique issu des mégots, pas de diluer 1% de mégots dans d’autres plastiques », assure le fondateur d’EcoMégot.
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…Ou les incinérer ?
Les cendres peuvent être compostées, mais la réglementation française est assez complexe. L’entreprise réfléchit donc à leur valorisation. Et les mégots pourraient prochainement passer sous le statut de déchets dangereux. Cela entraînerait de nouvelles contraintes réglementaires pour dépolluer les filtres. « Si jamais la dépollution du mégot n’est pas assez bonne, on fera de la valorisation énergétique, mais c’est vraiment la solution privilégiée en dernier recours », prévient Erwin Faure. EcoMégot travaille avec Suez pour étudier la puissance calorifique du mégot. Objectif : voir quelle solution entre l’incinération et le recyclage a l’impact carbone le plus faible.
D’ici fin décembre, EcoMégot devrait avoir plus de 200 points de collecte dans la ville. « Notre objectif est qu’il y ait 800 points EcoMégot à Bordeaux d’ici 3 ans pour que le geste de tri devienne un réflexe pour tous les fumeurs », anticipe Erwin Faure. L’entreprise serait déjà sollicitée par d’autres collectivités: Dijon, Clermont-Ferrand, Caen, Lyon… « On leur demande d’attendre quelques mois le temps que l’on se développe, mais certains entrepreneurs seraient aussi intéressés par le fait de porter le projet sous forme de franchise ou de concession », annonce le fondateur.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com