Energy Observer veut être le laboratoire flottant des énergies renouvelables. En plus de l’autonomie énergétique, la crise sanitaire invite l’équipage à vivre en autonomie à l’écart du monde.
Le 21 avril, le navire Energy Observer s’amarrait à Fort-de-France après sa première transatlantique depuis Saint-Malo. La traversée de 9000 km aura duré 30 jours, en totale autonomie énergétique. Une réussite totale pour ce mini-réseau énergétique autonome, navigant à une vitesse moyenne de plus de 6 nœuds.
Crise sanitaire oblige, l’expédition a revu son programme qui devait la conduire à Tokyo durant les Jeux Olympiques d’été. Débutée mi-mai, la nouvelle étape de deux mois les mène désormais à la découverte des récifs coralliens, de la mangrove et des sargasses de l’Arc Antillais. Le navire les mènera ensuite vers la forêt Amazonienne jusqu’au triangle d’or de la biodiversité dans le Pacifique.
Un modèle de résilience, à l’avant-garde
Dans ce nouveau contexte, la fiabilité des systèmes embarqués est encore plus nécessaire. Le bateau se rêve désormais en modèle de résilience. L’équipage vit en autonomie complète. Cela implique de développer des stratégies de navigation à la recherche d’îlots perdus où ils pourront faire relâche. En parallèle, il faut veiller à la sécurité à bord, face à une saison des cyclones qui s’annonce très active. En plus de participer à l’autonomie énergétique, la chaîne hydrogène apporte l’eau potable par la dessalinisation de l’eau de mer. La nourriture est apportée par la pêche, la cueillette et diverses expériences de culture hydroponiques.
Energy Observer n’est pas qu’un simple bateau démonstrateur ambulant. Il veut être la preuve que l’hydrogène peut être une solution déjà applicable à différentes échelles, des sites isolés jusqu’aux villes. Pour que le navire supporte un tour du monde de 4 ans en totale autonomie énergétique, il embarque des technologies de pointe. « C’est une des missions d’Energy Observer à partir de 2020 : rendre ces technologies accessibles au plus grand nombre », partage Louis-Noël Viviès, directeur général d’Energy Observer.
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Un laboratoire flottant des énergies renouvelables
L’équipe parie sur l’amélioration continue des différents systèmes combinant trois sources d’énergies renouvelables : le solaire, l’éolien et l’hydrolien. Le bateau embarque ainsi 202 m2 de panneaux solaires pour une puissance maximum de 34 kilowatts (kW). Il se dote de deux ailes verticales automatisées baptisées « OceanWings». Ces ailes permettent d’économiser jusqu’à 44% d’énergie sur un parcours type, d’accélérer la vitesse du navire, d’augmenter la production d’hydrogène pendant les navigations. Enfin, le bateau teste des hélices prototypes. Leur promesse est d’adapter en permanence l’angle des pales des hélices pour optimiser l’hydrogénération, la production d’électricité grâce au déplacement du navire.
En plus des énergies renouvelables, le bateau teste deux formes de stockage (batteries et hydrogène). La pile à combustible de grande série a été développée par Toyota. « C’est un produit industriel, destiné à être produit en très grande quantité et donc à un prix concurrentiel, détaille Louis-Noël Viviès, directeur général d’Energy Observer. Nous avons développé avec Toyota un système complet avec des périphériques adaptés au milieu marin (Blower, onduleur), le tout dans un bloc compact et léger, mais maintenant il faut qu’il tienne quelques dizaines de milliers de milles marins ! »
La première traversée a été un sans faute. « Avec ses multiples écrans tactiles, ses automates et ordinateurs, les milliers de capteurs qui envoient les données du système par satellite toutes les 10 minutes, ses trois gros réfrigérateurs et chambres négatives, sa machine à pain et ses multiples robots, sa cuisine 100 % électrique, et tous les équipements d’un grand navire, Energy Observer a toujours été en surplus d’énergie, dans un confort inhabituel », se félicite l’équipage.
Auteur : Matthieu Combe, journaliste du magazine Natura Sciences