Alors que les deux usines d’assemblage de nacelles et d’aérogénérateurs d’Alstom ont été inaugurées le 2 Décembre à Saint-Nazaire, un hub logistique commandé par Nantes-Saint-Nazaire verra bientôt le jour pour le pré-assemblage des éoliennes offhore destinées aux parcs éoliens de Saint-Nazaire et des Deux îles (Noirmoutier et l’Ile d’Yeu).
Dans ses deux usines du port de Saint-Nazaire, Alstom produira les alternateurs et les nacelles des 80 éoliennes du futur parc en mer du banc de Guérande de Saint-Nazaire. En sortiront aussi, les alternateurs et nacelles des 75 éoliennes de Courseulles-sur-Mer et des 83 éoliennes du Fécamp, remportés par le consortium Eolien Maritime France mené par EDF Energies Nouvelles. Les mâts et les pales de ces éoliennes proviendront quant à eux des deux usines Alstom de Cherbourg, dont la première pierre n’a néanmoins pas encore été posée.
La production démarrera en février 2015 à Saint-Nazaire. En attendant l’ouverture de l’usine de Cherbourg à l’horizon 2017, les mâts et les pales proviendront du fournisseur danois LM Wind Power. La première livraison de 5 éoliennes de présérie sera destinée à la ferme de Block Island aux Etats-Unis. A terme, 100 machines devraient être produites chaque année dans ces usines.
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Un hub logistique dédié aux éoliennes offshore à Saint-Nazaire
Sur le site portuaire de Saint-Nazaire, Nantes-Saint-Nazaire Port construit un hub logistique à bord de quai. Il s’agit d’une plateforme tournante dédiée au pré-assemblage des éoliennes, entre les usines de production et les champs en mer. Dans un premier temps, ce hub sera loué aux deux consortiums qui installeront les deux parcs éoliens en mer régionaux.
Les premiers travaux débuteront par la démolition d’une vingtaine de Blockhaus en mars 2015 et l’extraction et la mise en décharge des sols pollués d’une ancienne station de déballastage. Il y aura aussi des travaux de renforcement du quai, à raison de 15 tonnes au mètre carré, car les nacelles et les pâles font plusieurs centaines de tonnes sur de petites emprises.
Livré fin 2016, ce hub occupera une quinzaine d’hectares dont 11 hectares pour la plate-forme bord à quai proprement dite. « Le choix de Saint Nazaire est bien évidemment lié à la proximité du parc, mais aussi à la qualité des infrastructures proposées, au tissu économique et au tissu d’entreprises qui existent sur le bassin de Saint-Nazaire et qui maîtrisent déjà ces compétences de logistiques portuaires, de chargement de colis lourds », vante Gaetan Duchene, chef de projet du parc éolien de Saint-Nazaire pour EDF Energies Nouvelles. Pour Nantes Saint-Nazaire Port, cet équipement représente un investissement de 10 millions d’euros.
Un hub pour deux parcs éoliens en mer
142 éoliennes seront préparées sur le hub de Saint-Nazaire. Le premier utilisateur sera Eolien Maritime France (EMF), consortium européen regroupant EDF Energies Nouvelles et le danois Dong Energy Power, avec des éoliennes fournies par Alstom, pour le parc de Saint-Nazaire.
Ce parc sera installé entre 2018 et 2020 en mer du banc de Guérande de Saint-Nazaire, à 12 km des côtes, entre Le Croisic et Le Pouliguen. Il s’agit d’un parc de 80 éoliennes (Haliade 150-6MW) pour une puissance totale de 480 MW. Il pourra alimenter en électricité et chauffage environ 720 000 habitants.
Dans un deuxième temps, GDF Suez, associé à Areva, EDP renewables et Neoen marine, retenus pour mener l’exploitation du champ des Deux îles, prendront possession du hub. 62 éoliennes, pour un total de 500 MW, seront installées entre 2021 et 2023, au large des îles d’Yeu et de Noirmoutier.
Et après? Quand les deux parcs éoliens seront construits, le hub pourra servir aux autres industriels présents sur le port. « L’idée est d’avoir une certaine cohérence industrielle pour que les sous-stations électriques ou les fondations métalliques qui sortiront de l’usine STX* puissent bénéficier aussi des installations et des infrastructures du port sur le long-terme », prévient Philippe Léon.
* Le constructeur naval STX, mise sur le développement des Energies Marines Renouvelables (EMR). Il construit actuellement à Saint-Nazaire « Anemos », une usine dédiée à la production de fondations métalliques, de pièces de transition et de sous-stations électriques.
Comment va se passer l’assemblage des éoliennes en mer ?
L’utilisation de ce hub commencera pendant la phase de construction du parc éolien de Saint-Nazaire, prévue entre 2018 et 2020. Une fois pré-assemblées, les éoliennes seront chargées sur des navires spécifiques, dits « jack-up ». Ces bateaux ont la particularité de se pouvoir se relever en se posant sur le fond sur des pieux métalliques. Ils sont « auto-élévateur ». Une fois posés sur leurs pieux métallique, ils se « transforment » en plate-forme.
« C’est ici que vont converger toutes les pièces et composants essentiels. Les navires jack-up chargeront les pièces – nacelles, pâles, tronçons d’éoliennes – et partiront en mer pour les installer », résume Gaetan Duchene. L’installation des éoliennes s’échelonnera sur 2 ans, mais elles entreront en production au fur et à mesure de leur assemblage.
« Le banc de Guérande est un plateau rocheux dont la profondeur se situe entre 12 et 23 mètres », explique Gaetan Duchene. « Les fondations retenues pour ce projet seront des mono-pieux : il faut imaginer un cylindre métallique creux de 7 mètres de diamètre qui va être fiché dans le sol, sur lequel on va venir installer l’éolienne », poursuit-il.
Suite au débat public qui a permis d’échanger avec le territoire, les demandes d’autorisation pour le parc éolien de Saint-Nazaire ont été déposées le 23 octobre, accompagnées de l’étude d’impact environnementale. « Ces autorisations seront instruites au cours de l’année prochaine par les services de l’état avec notamment une enquête publique », prévient Gaetan Duchene.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com