Face aux vagues de chaleur , de nombreuses villes cherchent à se rafraîchir. Une étude de l’université de New South Wales montre ainsi qu’il est possible de baisser la température de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite, de 4,5°C en associant diverses techniques d’atténuation de la chaleur. En France, plusieurs solutions font déjà leurs preuves.

En ville, les canicules et vagues de chaleur deviennent de plus en plus invivables. Selon le Service Copernicus sur le changement climatique, l’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée. Ses mois estivaux ont également battu plusieurs records de températures. Pour s’adapter à ces nouvelles conditions, plusieurs organismes cherchent des solutions pour abaisser les températures en ville.
C’est par exemple le cas des chercheurs de l’university of New South Wales (UNSW), située à Sydney. Ces derniers ont publié une étude montrant qu’il est “possible de réduire significativement les températures d’une grande ville dans un climat désertique chaud tout en réduisant les coûts énergétiques”. Parue le 11 janvier dans la revue Nature Cities, cette étude détaille les façons dont le phénomène d’îlots de chaleur urbains peut être combattu.
Rafraîchir Riyad de 4,5°C…
Pour aboutir à ces résultats, les chercheurs ont créé une simulation de la ville de Riyad et de ses conditions climatiques. Ils ont ensuite testé huit scénarios d’atténuation de la chaleur, associant diverses techniques de refroidissement. Elles ont notamment simulé la création d’espaces verts, irrigués ou non, et l’utilisation de matériaux à albédo élevé, c’est-à-dire réfléchissant la lumière.
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Grâce à ces scénarios, les chercheurs ont obtenu une vision précise des effets des différentes techniques. Si elles permettent toutes de réduire la température en ville, c’est bien la combinaison de ces méthodes qui donne les meilleurs résultats. Selon les chercheurs australiens, “la capitale saoudienne [peut être refroidie] jusqu’à 4,5 °C, en combinant des matériaux de construction “super cool” très réfléchissants développés par le High-Performance Architecture Lab, avec des espaces verts irrigués et des mesures de rénovation énergétique”. D’après l’étude, atteindre ce résultat nécessiterait une “augmentation de l’infrastructure verte de Riyad jusqu’à 60% de sa surface, l’utilisation de végétation irriguée de haut niveau (feuillus), ainsi que la mise en place de cool-roofing avec un albédo de 0,95 à l’échelle de la ville”.
…tout en réduisant la consommation énergétique
En plus d’entraîner une réduction de la température urbaine, les techniques d’atténuation de la chaleur ont un second avantage. Selon l’étude australienne, leur déploiement permet également de réduire les besoins énergétiques des bâtiments. En effet, lorsque la température est moins élevée en ville, les demandes de climatisation baissent également. Ainsi, “les stratégies innovantes d’atténuation de la chaleur urbaine contribuent à augmenter les économies d’énergie liée au refroidissement jusqu’à 16%”, explique l’étude.
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De plus, si ces solutions sont combinées à une rénovation énergétique des bâtiments, les économies peuvent monter jusqu’à 35%. Selon les chercheurs, “la rénovation énergétique des bâtiments est la manière la plus efficace de réduire leur consommation d’énergie”. Ils conseillent notamment des “mesures pour améliorer la qualité thermique de l’enveloppe [du bâtiment]”. En d’autres mots, l’installation de meilleures fenêtres, d’une meilleure isolation, d’un contrôle solaire amélioré, du cool roofing et d’une meilleure perméabilité à l’air aident les bâtiments à consommer moins d’énergie.
Des solutions connues…
La nouveauté de cette étude ne vient pas de ses solutions mais bien de l’ampleur de sa simulation. En effet, en France, l’Ademe et le Cerema s’accordent déjà sur ces types de solutions pour combattre les îlots de chaleur urbains. Les deux organismes séparent ces différentes solutions en quatre catégories. Les solutions vertes et bleues concernent les techniques ajoutant de la végétation et des points d’eau en ville. Les solutions grises ont trait à repenser l’urbanisme. Et enfin les solutions douces reposent sur des changements d’habitudes pour les habitants. Par exemple, en réduisant le trafic routier ou en appliquant des mesures de prévention les jours de fortes chaleurs.
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Le Cerema a déjà réalisé des simulations similaires des conditions climatiques pour les villes de Bordeaux, Nancy, Nice, Lille et Mantes-la-Jolie. Celles-ci “permettent de cartographier la ville en zones climatiques locales à partir de diverses bases de données géographiques et les images satellitaires”, explique le Cerema. Ces cartographies font ressortir les zones les plus à risques d’îlots de chaleur urbains. Ces informations “peuvent alimenter un diagnostic expert” et ainsi permettre de mieux lutter contre la chaleur. Cependant, ces simulations n’ont pas exploré les effets des techniques d’atténuation de la chaleur à l’échelle de ces villes.
…qui font déjà leurs preuves
La plateforme Plus fraîche ma ville, portée par l’Ademe, répertorie les projets d’atténuation de la chaleur mis en place dans les villes françaises. Pour le moment, les projets s’organisent davantage à l’échelle d’un bâtiment, d’une rue, d’une place ou d’un quartier. Par exemple, la ville de Lyon a revu l’organisation de l’avenue Garibaldi. L’association des solutions bleues, vertes, grises et douces a permis de “baisser la température ambiante de 1,8 à 2,3 °C en moyenne par rapport à la station météo de Lyon-Bron”.
Seule exception, le projet Toulouse plus fraîche, débuté durant l’été 2023. Comme son nom l’indique, ce plan de grande ampleur s’étend à toute la métropole toulousaine. “Ce n’est pas une mesure phare qu’il nous faut, c’est une multiplicité d’actions. L’idée c’est d’aller plus loin sur la végétalisation, de créer des ombrières, d’accentuer la végétalisation, de protéger les plus faibles et d’enclencher la transformation de la ville pour faire face aux futurs étés. Le plan est applicable dès 2023 mais il devrait monter en puissance dès 2024”, détaille Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, sur le site du projet.
Comme conseillé dans l’étude de l’UNSW, « Toulouse plus fraîche » met plusieurs techniques d’atténuation de la chaleur en œuvre. En effet, les quatre grands axes de solution de ce plan sont le développement d’un bouclier anti-chaleur, de structures d’ombrages, de végétalisation et de points d’eau ludiques. Ces solutions appartiennent respectivement aux catégories douces, grises, vertes et bleues. Notamment, le retour de la végétation en ville se fait, entre autres, via l’arrivée de 100.000 arbres d’ici à 2030. Actuellement, près de 39.000 arbres, dont les espèces sont “adaptées au climat toulousain actuel et à venir”, ont été plantés depuis 2020.