Alors que la France accueille une session de négociations sur le futur traité international contre la pollution plastique, le réemploi des emballages apparaît comme une solution incontournable pour accélérer la transformation de nos modes de distribution et de consommation. Le traité s’attachera-t-il à définir des objectifs de réduction ambitieux de la production de plastique mondiale? L’association No Plastic In My Sea prône le développement du réemploi pour y parvenir.

La France accueille du 29 mai au 2 juin 2023 une session de négociations en vue d’aboutir d’ici fin 2024, à un traité mondial juridiquement contraignant de lutte contre la pollution plastique. Les discussions visant à construire les contours de ce futur traité se tiennent, sous l’égide de l’ONU Environnement,au siège de l’Unesco à Paris. Les mesures pourront aller jusqu’à encadrer la production et la consommation ou interdire certains plastiques. Le traité devra prévoir des moyens financiers et les transferts de technologie suffisants pour parvenir à cette ambition. Il s’agira enfin de s’accorder sur les définitions appartenant au champ lexical de la lutte contre la pollution plastique.. Il devrait engager les États, les entreprises et les investisseurs.
Le traité s’attachera-t-il à définir des objectifs de réduction ambitieux de la production de plastique mondiale? « Montrer qu’il y a une maturité de l’offre alternative, c’est donner des arguments à ceux qui ont envie de porter des solutions de réduction face à ceux qui disent qu’on ne peut pas faire autrement », avance Muriel Papin, déléguée générale de No Plastic In My Sea. Avec ses partenaires, Réseau Consigne, Réseau Vrac et l’Institut du Commerce, No Plastic In My Sea ont récemment dévoilé dans cette perspective le rapport « 500 solutions à la pollution plastique et 12 recommandations ». Ce document veut ainsi prouver que le réemploi est suffisamment mature pour accélérer la transformation de nos modes de production et de distribution en vue de réduire la pollution plastique.
Réemployer les emballages à grande échelle ?
La diminution de la pollution plastique passera par le développement du réemploi. La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, dite « loi Agec », prévoit notamment de réemployer 5 % des emballages mis sur le marché en 2023, 10% en 2027. « Mais on doit être à moins de 1% des emballages réemployés mis actuellement sur le marché », estime Muriel Papin.
Alors pour rattraper ce retard, le rapport consacre deux de ses six chapitres au réemploi. Le premier propose des solutions pour réduire le recours aux bouteilles en plastique grâce au réemploi et au développement des fontaines. Le deuxième vise à diminuer les plastiques à usage unique. No Plastic In My Sea appelle ainsi tous les secteurs concernés à développer au plus vite des solutions. Pour cela, elles peuvent s’appuyer notamment sur le budget annuel de 50 millions d’euros, consacré au développement de solutions de réemploi, annoncé par l’éco-organisme Citeo. « Il y a des solutions qui existent, des startups qui sont en mesure de travailler avec des grands groupes, insiste Muriel Papin. Il y a de l’investissement de la part de l’Ademe et des éco-organismes, donc il n’y a pas de raison que les grandes marques et les distributeurs ne passent pas à l’action. »
Remplacer les bouteilles en plastique par le réemploi et les fontaines
No Plastic In My Sea s’intéresse en premier lieu à la réduction des bouteilles en plastique. En France, la loi Agec vise une réduction de 50 % des bouteilles en plastique mises sur le marché en 2030 par rapport à 2020. En absence d’échéancier prévu par loi, l’association incite les producteurs de boissons et d’eau embouteillées à développer au plus vite leurs plans de réduction. Ces plans passeront notamment par le développement de la consigne. Par exemple, France Consigne répertorie 300 producteurs de boissons et brasseurs engagés dans la consigne et le réemploi.
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La diminution des bouteilles en plastiques passera aussi par le développement des fontaines à eau. Depuis janvier 2022, la loi Agec oblige les établissements de plus de 300 personnes recevant du public à s’équiper d’au moins une fontaine à eau potable. Elle doit être accessible gratuitement avec une signalétique claire, et être raccordée à un réseau d’eau potable. Le rapport incite ces établissements non équipés à rattraper leur retard d’ici juin 2023. « Ces points d’eau où les gens pourraient remplir facilement leurs gourdes sont trop peu développés : il devrait notamment y en avoir partout dans les gares, les aéroports, les musées et les centres commerciaux », souligne Muriel Papin.
Les fontaines à boisson commencent également à se développer pour ne plus avoir recours aux bouteilles en plastique. En France, Behring propose par exemple sa Fabrik à boissons aux entreprises, restaurants et cafétéria. Elle transforme l’eau du réseau en boissons aromatisées. Même, Coca-Cola souhaite mettre en place un système de fontaine à l’occasion des Jeux olympiques 2024.
Développer le réemploi des emballages dans la grande distribution
Ces dernières années, de plus en plus de laveurs industriels et d’opérateurs de filières réemploi se développent sur le territoire. « À partir du moment où des centres de lavage ne se trouvent pas trop loin, le passage au verre avec du réemploi pour les bouteilles ou les bocaux sur des produits de grande consommation est une approche intéressante », note Muriel Papin.

Par exemple, l’enseigne Carrefour teste depuis fin février le retour de la consigne au Carrefour Market de Châtillon-Montrouge au sud de Paris. Avec L’Intendance et NoWW, elle propose plus de 500 produits de sa marque de distributeur dans des bocaux en verre. Pour chaque contenant rapporté en magasin, le client bénéficie d’un bon d’achat de 5 centimes d’euro valable dans tout le magasin. D’ici fin 2025, Carrefour ambitionne d’arriver à 500 magasins proposant du réemploi et de la consigne pour 1.000 produits à emballage réutilisable. L’enseigne Biocoop a des objectifs encore plus ambitieux : proposer 50 % de ses produits au consommateur sans emballage à usage unique, en emballages rechargeables ou réemployables en 2025.
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