La France métropolitaine n’a pas connu de véritable pluie pendant 32 jours. La sécheresse frappe l’Hexagone et entraîne avec elle son lot de conséquences. Les effets du dérèglement climatique se multiplient dans les zones urbaines et n’épargnent rien, y compris les infrastructures.

C’est un triste record. La France métropolitaine n’a pas connu de véritable pluie pendant 32 jours. Il s’agit de la plus longue sécheresse météorologique jamais enregistrée depuis 1989, selon Météo-France. Une conséquence du dérèglement climatique qui touche de plus en plus les grandes zones urbaines.
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Selon une étude de la société australienne d’analyse de risques XDI publiée le 20 février 2023, huit régions françaises sur 13 se placent dans les 10% des territoires les plus menacés au monde par les conséquences du dérèglement climatique. Cette analyse explore les effets sur les infrastructures qu’aurait un scénario climatique provoquant une hausse de 3°C de la température mondiale d’ici la fin du siècle. Des conséquences qui sont déjà visibles dans les grandes villes, notamment sur les bâtiments. À cause de la sécheresse, de nombreux immeubles, maisons et autres infrastructures peuvent être touchées par des fissures dû au retrait-gonflement des argiles.
Retrait d’argile et nappes phréatiques
Les conséquences de la sécheresse pour l’agriculture, la faune et la végétation pourraient être sévères. Mais également pour les bâtiments et autres constructions humaines. Notamment avec le phénomène du retrait-gonflement des argiles (RGA). Un phénomène, « directement lié aux conditions météorologiques et notamment au manque de précipitations », souligne, auprès de Natura Sciences, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). « Il s’agit d’une variation de volume des terrains, à la suite d’une modification de leur teneur en eau », explique le BRGM. Ils se « rétractent » lors des périodes de sécheresse (phénomène de retrait) et gonflent au retour des pluies (phénomène de gonflement).
Le manque d’eau précoce a un impact direct sur les nappes phréatiques, les rivières et cours d’eau. Selon les données compilées de l’établissement public – l’Accès aux données sur les eaux souterraines (Ades) -, 352 des 457 nappes phréatiques recensées en France métropolitaine, soit 77 %, présentent des niveaux allant de très bas à modérément bas. Et l’état d’une nappe phréatique peut également impacter les risques de retrait et gonflement d’argile. « Car moins il y a d’eau, plus le retrait des argiles est important », explique le BRGM.
Ces variations de terrain sont lentes, mais peuvent atteindre une amplitude assez importante pour endommager les bâtiments localisés sur ces terrains. En France, selon le dernier recensement établi par le ministère de la Transition écologique, fin juin 2021, plus de 10,4 millions de maisons individuelles sont potentiellement très exposées au phénomène de retrait et gonflement des sols argileux. Près de la moitié d’entre elles ont été bâties après 1976. En 2022, l’épisode de sécheresse a été tel que le coût du risque RGA est estimé entre 2,4 et 2,9 milliards d’euros, contre 445 millions d’euros annuels jusqu’en 2020, alerte un rapport du Sénat.
Un phénomène qui préoccupe de plus en plus
L’Île-de-France est, selon l’étude de la société XDI, la 9ème région française la plus sujette à des dégradations de ses infrastructures à cause de la crise climatique,. C’est aussi la 355ème région la plus menacée dans le monde sur les 2600 analysées. « Nous faisons face à des hausses de températures de plus en plus importantes dans les zones urbaines. Cela est un vrai problème pour la région », confesse Yann Wehrling, vice-président du conseil régional d’Île-de-France.
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Car en plus d’être « insoutenable pour les habitants des grandes villes », la sécheresse impacte, de manière plus insidieuse, les bâtiments. « Le sol est très argileux dans la région. Avec les inondations, les fortes pluies suivies de grande sécheresse, le sol se gonfle et se rétracte, créant des fissures et des fragilisations d’immeubles ou de maisons », confirme Yann Wehrling.
Pour s’adapter à ces conséquences, le vice-président assure que la région travaille à contrer ces phénomènes. « Nous voulons intégrer, dans le schéma directeur d’aménagement de la région (le SDRIFF), l’adaptation aux conséquences du dérèglement climatique. Pour que dans zones fragiles, les constructions neuves tiennent en compte ces situations climatiques », dit-il.
En septembre 2022, la région a lancé son Plan régional d’adaptation au changement climatique (PRACC). Elle y consacrera un milliard d’euros d’ici 2030. « Les autres régions n’en sont pas encore toutes là », regrette-t-il.