Le site e-commerce Graffiti lance son offre de jouets d’occasion sans plastique. Une manière de prouver que l’industrie du jouet peut elle aussi entrer dans une phase de transition écologique. Nous avons rencontré la cofondatrice de Graffiti, Anne Barroy, qui nous donne les détails de sa démarche.

Le site e-commerce de jouets Graffiti se lance dans la seconde main. La marque vend depuis trois ans déjà des jouets variés, qui s’inscrivent dans une démarche plus écologique. Le catalogue comprend des marques branchées, des produits écologiques et made in France ou encore des coffrets Montessori. Depuis juin, Graffiti propose aussi une offre de jouets de seconde main.
Graffiti devient ainsi le premier site de jouets à vendre du neuf et de la seconde main dans un même panier. Cette démarche « dynamise l’économie circulaire », selon le communiqué du site. Anne Barroy, la cofondatrice de Graffiti, a répondu à nos questions.
Natura Sciences : Comment est né Graffiti ?
Anne Barroy : Je suis ingénieure de formation. J’ai travaillé pendant 15 ans, dans l’univers de la mode et du luxe. J’ai décidé de changer complètement de voie il y a trois ans, en 2019, pour créer Graffiti. Cela faisait longtemps que je voulais lancer mon entreprise. Nous sommes basés à Aix-en-Provence. Cette idée est venue car, comme beaucoup de parents, je n’aimais pas traîner dans les boutiques de jouets traditionnelles. On y trouve des jouets en plastique entassés. Nous voulions proposer une alternative à cette industrie, à la grande distribution. Aujourd’hui nous sommes quatre associés et trois employés.
Qu’est-ce que Graffiti exactement ?
Nous vendons des jouets depuis trois ans déjà. Dès le début nous voulions dénicher des marques et vendre des produits pertinents et branchés. Trouver des jouets écologiques c’est très compliqué. En France, 120.000 tonnes de jouets sont jetés par an. La durée moyenne d’un jouet est de 8 mois. C’est une catastrophe pour la planète ! Nous avons un partenariat avec l’entreprise locale Lady Cocotte. Elle récupère des jouets en matières naturelles comme le bois, le coton, le caoutchouc naturel, et nous, nous le mettons en ligne sur le site.
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D’où viennent les jouets et quels types de produits proposez-vous ?
Nous avons une charte qualité et mettons en ligne les jouets qui la respectent. Lady Cocotte va récupérer des jouets auprès de particuliers, comme vous et moi, ou encore des crèches. Certains jouets sont récupérés à distance. Les clients prennent les photos des jouets qu’ils veulent nous envoyer et nous fixons le prix de rachat. Les jouets sont ensuite nettoyés avec du savon de Marseille, vinaire blanc, et nous vérifions l’état du jouet. Nous faisons ensuite un shooting photo dans l’esprit vintage, pour montrer le jouet tel qu’il est.
Dans les jouets déjà vendus, Graffiti propose une collection de produits écologiques, en bois, issus de forêts gérées durablement. Nous avions déjà une collection de jouets made in France. C’est d’ailleurs un vrai défi pour réduire son impact écologique. En plus, nous ne faisons aucun marketing genré pour ne pas brider les enfants. Et sur l’offre de seconde main, nous restons sur cette logique, pas sur l’origine bien sûr, mais pour la qualité des jouets. Ce sont des jouets sans plastique et sans pile.
Pensez-vous que l’occasion peut s’imposer dans l’industrie du jouet ?
Tout un chacun cherche de plus en plus à participer à l’économie circulaire. C’est pour cela que nous pouvons lancer cette offre de seconde main et proposer de beaux jouets. Je pense que les jouets de seconde main vont se démocratiser. Nous sommes au début de l’histoire des jouets d’occasion. Cela est dans l’ordre des choses. Avec la loi anti-gaspillage, qui s’applique également à l’industrie du jouet, les constructeurs pollueurs vont devoir payer. Les consommateurs vont d’eux-mêmes s’orienter davantage vers le seconde main pour s’inscrire dans une démarche écologique.
Nous vendons les jouets de seconde main 50% moins cher que les autres. Il y a donc également un avantage économique. N’oublions pas que les jouets ne sont pas utilisés toute la vie d’un enfant. Ce sont donc des produits qui se prêtent parfaitement à la récupération et à la réutilisation. Aujourd’hui, entre 10% et 15% des jouets sont réutilisés en France. Ce chiffre monte et donne espoir !
Propos recueillis par Léo Sanmarty