Le jour du dépassement mondial intervient cette année le 28 juillet 2022. À partir d’aujourd’hui, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut régénérer en un an. Pourtant, des solutions existent pour faire reculer cette date, sans cesse avancée depuis les années 70.
Triste jour pour la planète. À partir de ce 28 juillet, l’humanité a épuisé l’ensemble des ressources que la Terre peut générer en un an. C’est le Jour du dépassement, aussi connu sous le nom d' »Earth overshoot » en anglais. Chaque année, l’ONG Global Footprint Network calcule cette date en rapportant la consommation annuelle de l’humanité en ressources naturelles à la capacité qu’a la planète à les régénérer. Mais l’échéance ne cesse d’avancer dans l’année. En 1970, le jour du dépassement intervenait le 29 décembre. 30 ans plus tard, il survenait le 23 septembre. Il arrive cette année le 28 juillet, un jour plus tôt qu’en 2021.
Selon les calculs du Global Footprint Network, il faudrait la biocapacité de 1,75 Terre pour renouveler tout ce que l’humanité demande actuellement à la nature. En avril, le GIEC invitait à agir « maintenant ou jamais » pour limiter la hausse des températures à +1,5°C d’ici la fin du siècle. Pour y parvenir, l’humanité devrait reculer le Jour du dépassement de 10 jours chaque année.
Des conséquences aggravantes pour 5,8 milliards d’individus
« Cette journée nous rappelle que la persistance du dépassement, depuis plus d’un demi-siècle, a entraîné un déclin considérable de la biodiversité, un excès de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et une concurrence accrue pour la nourriture et l’énergie », déplore le Global Footprint Network dans un communiqué. L’ONG signale par ailleurs que les symptômes sont de plus en plus visibles. Elle cite notamment la multiplication des vagues de chaleur extrêmes, des feux de forêt, des sécheresses et des inondations.
Selon les recherches établies, plus de 3 milliards d’individus dans le monde vivent dans des pays produisant moins de nourriture qu’ils n’en consomment et dont le revenu est inférieur à la moyenne mondiale. « Cela signifie qu’ils ont une capacité alimentaire inadéquate et qu’ils sont très désavantagés pour accéder à la nourriture sur les marchés mondiaux », explique Global Footprint Network. D’après l’ONG, 5,8 milliards d’individus seraient exposées à ce double défi si l’on prend en compte « toutes les ressources, et pas seulement la nourriture ».
L’appel de l’Équateur
À l’occasion du jour du dépassement de la planète, le ministre équatorien de l’Environnement, de l’Eau et de la Transition écologique, Gustavo Manrique appelle à « saisir le pouvoir écologique pour façonner notre avenir ». Un évènement organisé quelques heures plus tôt réunissait plusieurs membre du gouvernement équatorien, dont le ministre des Affaires étrangères et de la Mobilité humaine, des autorités de la région, des représentants d’ONG, des entreprises, mais aussi des scientifiques et des universitaires.
L’objectif de ce rassemblement pour Gustavo Manrique est d’envoyer un message à l’ensemble des nations. « Pour mieux protéger nos ressources naturelles et gérer notre demande, il est nécessaire d’adopter un nouveau modèle de développement fondé sur la durabilité et la régénération. Depuis l’Équateur, nous appelons le monde à s’engager dans cette cause », a-t-il déclaré. Le pays demeure l’un des pays dont le Jour du dépassement arrive le plus tard dans l’année. Ce sera le 6 décembre en 2022. À titre comparatif, la France a atteint son jour de dépassement le 5 mai dernier.
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Parmi les participants, Mathis Wackernagel, fondateur du Global Footprint Network, était présent en tant qu’invité d’honneur. « Il est dans l’intérêt de chaque ville, entreprise ou pays de protéger sa propre capacité à fonctionner dans un avenir inévitable où le changement climatique et les contraintes sur les ressources seront renforcés », a-t-il énoncé.
Les solutions pour faire reculer la date du jour de dépassement
Il reste pourtant possible de faire reculer progressivement la date. Les scientifiques évoquent différentes solutions. Elles concernent par exemple la réduction de moitié du gaspillage alimentaire mondial (- 13 jours), la modernisation des infrastructures cyclables (- 9 jours) ou encore la multiplication de la production d’énergie éolienne (- 10 jours).
Pour d’autres, les politiques locales représentent la réponse à cet enjeu. « Les villes détiennent la clé de la transformation des infrastructures propres. Quito pour sa conservation des zones protégées, Santiago du Chili pour ses bus électriques, ou Bogotá pour ses pistes cyclables. [Ces dispositifs] montrent comment les gouvernements locaux donnent à leurs villes une meilleure chance d’avoir un avenir solide.« , liste Sebastian Navarro, secrétaire général de la CC35, la coalition des capitales des Amériques sur le changement climatique.
En France, l’Agence de la transition écologique (ADEME) recommande surtout de réduire les consommations d’énergie et d’eau. Elle invite aussi à se tourner vers l’économie circulaire. « Nous pouvons tous y contribuer », insiste l’organisme sur son site internet. En attendant, à partir d’aujourd’hui, la planète vit à crédit jusqu’à la fin de l’année.