Plusieurs collectifs d’Île de France se sont rassemblés dimanche devant l’Hôtel de ville de Paris pour dénoncer « la bétonisation » et l’« artificialisation » des sols agricoles. Selon Les Soulèvements de la terre, organisation pour la préservation de l’environnement, ces terrains peuvent être « préservés pour une agriculture plus responsable ». Nommée « Marche des terres », cette manifestation s’est étendue sur tout le week-end depuis quatre points de départ en Île de France – Triangle de Gonesse (Val-d’Oise), Val Bréon (Seine-et-Marne), plateau de Saclay (Essonne) et Thoiry (Yvelines)-, avant de rejoindre la capitale. La marche devait se poursuivre jusqu’à Matignon dimanche après-midi pour interpeller le gouvernement contre « la destruction des terres agricoles« . Toutefois, le préfet Didier Lallement a interdit toute continuité à la manifestation.
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Collectifs et organisateurs dénoncent « l’accélération de grands projets urbains » à l’approche des Jeux olympiques, précise Victor, bénévole pour Les Soulèvements de la terre. Il revient notamment sur la construction d’un solarium à Aubervilliers dans le cadre des Jeux olympiques de 2024. L’installation se situe sur les parcelles des Jardins ouvriers, fondés en 1935. « Ça ne servira à rien après l’événement », conteste Victor.
Un contraste avec les objectifs de la région
D’autres grands projets sont également pointés du doigts par les manifestants, comme l’aménagement du Grand Paris Express à Saclay. L’organisation juge cette infrastructure « surdimensionnée et inadaptée aux besoins ». La préservation des sols serait au contraire « indispensable » à la protection de la biodiversité ainsi que pour la lutte contre le réchauffement climatique. « On a envie de préserver ce qu’on a, de pas avoir de béton pour le stockage du carbone, la diversité des espèces cultivées, le refuge des animaux… » déclare Claire Bertrand, agricultrice bio en Seine et Marne, à l’AFP. Quelques années auparavant, la construction du mégacentre « Europa’City« a été abandonnée à Gonesse, dans le Val d’Oise, via un recours juridique.
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Ces dernières années, la région perd environ 1 500 hectares de terres agricoles, selon la Chambre d’agriculture d’Île de France. Pourtant, la majorité menée par Valérie Pécresse, vise l’instauration du « zéro artificialisation nette » d’ici 2050. Afin de sanctuariser des zones naturelles et sensibles, la région s’est fixée l’objectif de 30% d’aires protégées. Pour lutter contre la bétonisation des terres, l’Île-de-France assure une accélération de la rénovation énergétique en restaurant les logements vacants pour répondre à la pression immobilière. Parmi les mesures présentées dans la loi « Climat et Résilience » en août 2021, l’éradication des « passoires thermiques » et l’objectif de 30% d’aires protégées pour la sanctuarisation de zones naturelles.
Sophie Cayuela