Ce mardi 26 avril, une centaine de manifestants se sont réunis sur le plateau de Saclay en Essonne. Ils ont milité contre la construction de la ligne de métro 18 du Grand Paris. Le Collectif contre la ligne 18 alerte notamment sur la destruction de terres agricoles fertiles causée par ce chantier.

Boulevard Gaspard Monge à Palaiseau (Essonne), on vient d’assassiner une mésange en papier géante. Après un « die-in », des manifestants procèdent à sa mise en bière, non loin de la « scène de crime« . « Cette mésange symbolise toute la nature qu’on a déjà détruite. 400 hectares de terres agricoles ont déjà été bétonnés, urbanisés« , regrette Fabienne, membre du Collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres. Cette chercheuse retraitée fait partie de la centaine de militants présents ce mardi 26 avril sur le plateau de Saclay. Ils participent à une action de protestation contre la ligne de métro du Grand Paris, reliant Orly à Versailles.
Cette protestation s’inscrit dans le cadre de la journée nationale de lutte contre une trentaine de « projets toxiques ». Ainsi près de 120 collectifs et une dizaine d’organisations nationales ont organisé ce « Retour sur Terres ». « Le projet Paris-Saclay reflète une vision obsolète de ce que devrait être le monde. On a pensé ce projet dans une logique de compétitivité des territoires alors qu’aujourd’hui, on a surtout besoin de territoires autonomes, résilients et qui permettent à chacun de vivre, travailler et se nourrir localement« , explique Fabienne.
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Des terres agricoles menacées
« Une bétonisation est en cours depuis des années sur le plateau de Saclay et autour du projet de la ligne 18. Elle signe l’urbanisation de terres agricoles qui sont parmi les plus fertiles d’Europe« , regrette Vianney Orjebin, conseiller régional d’Ile-de-France, France Insoumise et apparentés. Historiquement, le plateau de Saclay constitue un véritable atout agricole grâce à son limon et ses terres argileuses.

Aux abords du lycée Camille Claudel de Palaiseau ce mardi, de nombreux militants s’inquiètent de la destruction de ces espaces. Cette dégradation de l’environnement éloignerait encore un peu plus Paris de l’autonomie alimentaire. Cela entraînerait également la perte d’alliés dans la lutte contre les dérèglements climatiques. « Les scientifiques indiquent qu’il faut préserver les terres agricoles qui représentent de véritables puits de carbone », souligne Hélène, Palaisienne et membre de l’association La Conviviale. « Et puis nous détruisons surtout des écosystèmes extrêmement riches », ajoute-t-elle.
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La crainte d’une urbanisation massive
Après un arrêt aux portes du chantier du tunnelier, la marche funèbre – gonflée par la présence de militants de la JAD d’Aubervilliers, de Val Bréon, de Gonesse, d’Alternatiba et de la lutte contre les comblements des carrières de Meudon – s’est dirigée vers l’Université Paris-Saclay en face de laquelle d’immenses pylônes de béton sortent déjà de terre. « Ce métro ne fera qu’accélérer une urbanisation massive du plateau », alerte Claire, militante d’Extinction Rebellion.
« La construction de la ligne 18 va être un appel d’air pour une urbanisation galopante, complète Vianney Orjevin. La ligne 18 est prévue pour 40 000 voyageurs. Or, ils sont environ dix fois moins à fréquenter ce trajet ». L’élu voit dans ce surdimensionnement une anticipation. L’opération d’intérêt national Paris-Saclay, lancée au début des années 2000, vise en effet la création d’un « cluster scientifique et industriel » des plus compétitifs. L’espoir est toutefois permis du côté des militants : « Sur les Jardins d’Aubervilliers, le terminal T4 de Roissy, et le projet Europa city, les associations ont gagné la lutte. Je ne vois pas pourquoi, à Saclay, on n’écouterait pas les associations », s’enthousiasme Vianney Orjebin.