Bruno Le Maire a confirmé le maintien du bouclier tarifaire pour les prix de l’énergie sur toute l’année 2022. Alors que les prix s’envolent sur le marché européen, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) propose qu’EDF vende 130 TWh d’électricité à prix cassé pour 2023, en hausse de 10 TWh .

Face à la flambée des prix de l’énergie, le gouvernement a mise en place depuis février un bouclier tarifaire. Il a gelé le prix du gaz pour l’hiver au tarif d’octobre 2021 et plafonne la hausse des tarifs réglementés d’électricité à +4 %, contre une hausse prévue de 44,5%. Cette mesure devait coûter 8 milliards d’euros à l’État. Lundi 30 mai, Bruno Le Maire a confirmé que le dispositif sera bien « maintenu tout au long de l’année ». Et les consommateurs n’auront à payer « aucun rattrapage » sur leur facture d’électricité en 2023. Un financement supplémentaire de 2 milliards d’euros s’ajoute à la facture de l’État.
Un bouclier tarifaire insuffisant
Mais ce bouclier tarifaire ne suffit pas. Selon l’Observatoire de l’inflation de 60 Millions de consommateurs et l’institut NielsenIQ, l’inflation entraînera cette été une hausse des prix de 90 euros chaque mois hausse des prix de 90 euros chaque mois. Les Français déboursent déjà 27 euros de plus pour le carburant, 32 euros de plus pour les factures d’énergie et bientôt 30 euros pour les produits de consommation courante. Pour limiter les prix, de plus en plus de Français décident de faire appel à un comparateur d’énergie. Si cela permet d’avoir une réduction sensible par rapport aux tarifs réglementés, cela ne permet pas de contrer une tendance de fond à la hausse des prix.
Hormis EDF et quelques fournisseurs locaux, tous les fournisseurs proposent des offres au tarif de marché. Leurs offres sont à un prix fixé, un certain pourcentage inférieur au tarif réglementé. Elles réagissent donc proportionnellement aux variations du prix de l’énergie. Elles peuvent également être à prix fixes d’une durée de deux à trois ans pour ne pas avoir à subir les effets de l’augmentation du prix de l’électricité.
Contrer un prix de l’électricité qui décolle sur le marché
La CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) est l’organisme qui conseille, puis fixe les prix de vente conseillés au kilowattheure pour l’électricité après validation avec le gouvernement. Pour respecter la promesse de Bruno Le Maire de n’avoir « aucun rattrapage » en 2023, la CRE a recommandé au gouvernement d’augmenter de 10 térawattheures le plafond de l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) pour 2023. Si le gouvernement confirme cette mesure, EDF devrait céder à ses concurrents en 2023 une quantité d’électricité de 130 térawattheures (TWh) au prix de 49,50 euros le mégawattheure. Cela représente environ 28% de la consommation électrique française de 2021.
Augmenter le plafond de l’Arenh éviterait aux fournisseurs alternatifs d’électricité de payer des prix beaucoup plus élevés sur le marché. En effet, le prix de l’électricité explose les compteurs sur le marché de gros européen de l’électricité. Entre le 30 mai et le 3 juin, il oscille entre 157 et 295 euros par mégawattheure, selon les données de RTE. Début mars 2022, il avait même dépassé les 500 euros. En comparaison, il avoisinait les 42 euros entre janvier et mars 2021.
Pour baisser artificiellement le prix de l’électricité, le gouvernement a abaissé la Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité (TICFE) à son niveau minimum prévu par le droit européen. Fixée avant février à 22,5 euros par mégawattheure (€/MWh), elle passe à 1 €/MWh. Les prix réglementés augmentent habituellement deux fois l’année : en février et en août. Que se passera-t-il cet été? La CRE n’a pas encore fait sa proposition de révision des tarifs au Gouvernement. Affaire à suivre…