La consigne du verre pour réemploi revient doucement dans les habitudes des Français. Encouragée par les associations de défense de l’environnement et prévue dans plusieurs textes français et européens, la méthode séduit. Mais pour être la plus efficace possible, il faut veiller à maximiser le nombre de réutilisations.
La consigne du verre pour réemploi fait son grand retour en France. Ces dernières années, les entreprises proposant de consigner les contenants en verre pour ensuite les réemployer se multiplient. Les associations de défense de l’environnement, comme Zero Waste France, plébiscitent cette pratique et demandent sa généralisation. L’Union Européenne devrait d’ailleurs adopter dans les prochaines semaines son règlement sur les Emballages et les Déchets d’emballages (PPWR). Ce dernier compte imposer l’instauration d’un système de consigne (pour les bouteilles et canettes) dans tous les États membres. En France, la question du retour d’une consigne nationale obligatoire pour les emballages en verre revient souvent sur le devant de la scène. Mais à quelle condition la consigne est-elle efficace ?
Les différentes études sur le sujet présentent la consigne pour le réemploi comme positive. Elles confirment que celle-ci a moins d’impacts négatifs sur l’environnement que l’usage unique. Ces études sont généralement des Analyses de cycle de vie (ACV). L’ACV est une méthode d’évaluation normalisée qui étudie les impacts sur l’environnement et les ressources d’un produit ou d’un service. Cette évaluation porte sur l’ensemble du cycle de vie, soit de l’extraction des matières premières jusqu’au traitement des déchets. Ainsi, les bienfaits du réemploi varient selon différents critères, en tête desquels le nombre de réutilisations de l’emballage.
Entre deux et quatre réutilisations sont nécessaire pour réduire l’impact global du verre
En juin 2023, l’ADEME a publié son « évaluation environnementale de la consigne pour le réemploi des emballages en verre en France ». Le premier volet de cette étude étudie le « bilan environnemental d’emballages en verre consignés pour réemploi en France, en comparaison avec leur alternative existante à usage unique ». Selon l’agence, celle-ci « a pour vocation d’être la plus générique possible, afin qu’elle puisse être assimilée par une grande diversité d’acteurs sectoriels ». Lors de cette étude, l’agence a exploré dix scénarios qui explorent plusieurs situations industrielles.
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Dans neuf scénarios sur dix, les chercheurs ont constaté « un avantage systématique de l’option réemployable dès sa deuxième utilisation effective ». Cet avantage concerne « cinq des sept catégories d’impacts étudiées ». L’ADEME cite par exemple les impacts sur le dérèglement climatique, les émissions de particules et l’épuisement des ressources fossiles. Le dernier scénario compare la distribution à des cafés, hôtels ou restaurants de bouteilles en verre réemployables rassemblées dans des caisses en plastique à des bouteilles en verre à usage unique distribuées dans des cartons à ces mêmes établissements. Et le résultat reste positif. « L’option réemployable est systématiquement meilleure que l’option à usage unique dès sa 4ème utilisation », assure l’ADEME.
Un nombre de réemploi qui diffère selon les matériaux alternatifs
En 2023 également, le bureau d’expertise et d’innovation WeLOOP a réalisé l’ACV de l’entreprise de livraison de produits consignés Le Fourgon. Tout comme l’étude de l’ADEME, l’ACV de l’entreprise montre qu’une bouteille en verre réemployée a un impact global plus faible sur l’environnement que son équivalent à usage unique. Selon WeLOOP, entre une et trois réutilisations sont suffisantes pour faire pencher la balance entre deux bouteilles en verre. Toutefois, lorsque l’alternative à usage unique n’est pas en verre, ces chiffres augmentent. Pour avoir un impact inférieur à une bouteille en plastique PET, la bouteille en verre doit être réemployée trois fois. Pour concurrencer une canette en aluminium, cela monte à quatre réutilisations et jusqu’à quinze pour une brique en carton Tetra Pak.
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Cependant, comme le rappelle l’ADEME, « cette conclusion n’est pas une invitation pour les industriels à ne pas optimiser le taux de réemploi de leur solution d’emballage ». En effet, quelques réutilisations suffisent pour rendre la consigne plus intéressante que l’usage unique. Toutefois, l’ampleur des impacts environnementaux liés aux emballages réemployés baisse à chaque réemploi. Il est donc essentiel de réutiliser ces emballages le plus de fois possible. Dans ce sens, les entreprises comme Le Fourgon ou La Tournée déclarent utiliser leurs contenants jusqu’à 40 ou 50 fois. « Une bouteille consignée peut être réutilisée jusqu’à 50 fois. Son verre est un peu plus épais [que celui d’une bouteille à usage unique] », détaille La Tournée sur son site.
Lavage et transport, les principales étapes impactant le réemploi
D’après l’ADEME, pour les emballages à usage unique, la majorité de l’eau est consommée lors de l’étape de fabrication. Au contraire, « les impacts liés à l’étape de lavage industriel sont les principaux contributeurs à la catégorie d’épuisement de la ressource en eau », explique l’agence. Malgré cela, « la consommation d’eau directement utilisée lors du processus de lavage industriel n’a pas été identifiée comme un paramètre influençant significativement les impacts des solutions d’emballage réemployable à l’épuisement des ressources en eau », précise le rapport. Selon l’agence, ce résultat est en grande partie dû « aux attentions particulières visant à amoindrir [la consommation d’eau] » mises en place par les entreprises.
Le transport, quant à lui, a bel et bien un impact notable et significatif selon l’ADEME. D’autant plus, note l’agence, que celui-ci augmente avec le nombre de réemplois. Toutefois, « les résultats de l’étude suggèrent que passée la deuxième utilisation de l’emballage primaire, le réemploi est globalement favorable pour toutes les distances de transport considérées », ajoute le rapport. Cette étude suppose en effet que la logistique de transport est optimisée par les acteurs industriels. Dans ce cas-là, « une distance de distribution élevée n’est donc pas dissuasive dans le cadre de la mise en place de solutions de réemploi », prévient l’ADEME.