La facture d’eau a gagné 10,7% en moyenne depuis dix ans en France, avec des écarts allant du simple au quintuple selon les villes, partage 60 Millions de consommateurs, qui a étudié le cas de 130 communes. La France reste cependant l’un des pays les moins chers d’Europe.

Aujourd’hui le prix moyen du mètre cube d’eau atteint 4 euros en France, selon une nouvelle étude de 60 millions de consommateurs. Mais les factures présentent des disparités, allant de 1,45 euro/m3 à Antibes à 8 euros à Mamoudzou (Mayotte). Il est de 5,80 euros/m3 à Saint-Brieuc (+71% en dix ans), 2,67 à Bourg-en-Bresse, 3 à Reims ou Aix-en-Provence, 3,42 à Paris. Les plus fortes hausses concernent des villes moyennes : Pau (+43%, à 4,27 euros), Annecy ou Bar-Le-Duc (+38%, à 4,13 et 4,54), Chartres (+34% à 4,96).
En cause : des normes environnementales plus strictes et un un retard à rattraper sur l’installation d’équipements (stations d’épuration). Autre facteur de hausse, le relèvement de la TVA sur l’assainissement, passée de 5,5% à 7% en 2012. La TVA sur la distribution de l’eau est elle restée à 5,5%. La disponibilité de la ressource aquatique pèse aussi sur le prix. Environ 65% du territoire profite de nappes souterraines, bien moins coûteuses à exploiter que lorsqu’il s’agit de recourir à des eaux de rivières ou de surface, qu’il faut traiter.
La gestion publique ne fait pas baisser la facture d’eau
« On pourrait souhaiter un retour au seul taux réduit pour l’ensemble de la facture d’eau », souligne 60 Millions de consommateurs. S’interrogeant sur les conséquences en termes de prix des deux modèles – régie ou délégation de service public -, l’étude constate que le passage en gestion publique dans plusieurs villes n’a pas fait baisser l’addition.
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Au contraire, à Paris mais surtout à Rennes ou à Grenoble, les prix ont monté: de ce point de vue, « le retour dans le giron public n’est pas une recette miracle », note le mensuel de l’Institut national de la consommation (INC). Il explique avoir sollicité préfectures, grandes villes et services de l’eau pour cette étude.
Le réchauffement climatique promet une hausse supplémentaire
Mais le réchauffement du climat promet des difficultés supplémentaires. « Il y aura encore beaucoup de progrès à faire dans l’assainissement, et plus encore avec le changement climatique », tant pour son impact sur la ressource que sur les possibilités de rejet, dit à l’AFP Tristan Mathieu, délégué général de la Fédération des entreprises de l’eau (FP2E).
La FP2E s’est félicitée de cet exercice de transparence sur les prix régulièrement mené par 60 Millions de consommateurs. « Un des défis à venir sera la maîtrise de la facture d’eau, car les services publics de l’eau ont besoin de réinvestir lourdement dans les infrastructures », prévient Tristan Mathieu.
Environ 6 milliards d’euros sont investis chaque année en France sur l’eau et l’assainissement. Mais de l’avis des Assises de l’eau tenues en 2018, l’état du réseau, vieillissant, nécessiterait 9 milliards d’euros. De nouvelles normes aussi se profilent, telles que la directive de l’UE sur la qualité de l’eau potable, prise en décembre et qui enrichit la liste de polluants à surveiller. Face à ces besoins à prévoir, les entreprises de l’eau appellent l’Etat à se retenir de « piocher dans les factures d’eau pour financer autre chose que l’eau », avertit Tristan Mathieu.
À ce stade, la France reste l’un des pays européens où l’eau est la moins chère, avec ses 4 euros/m3 en moyenne. C’est 5,21 euros en Allemagne, 6,61 au Danemark, 2,24 en Espagne, selon des chiffres 2017 de l’Office international.
Natura Sciences avec AFP