Début janvier le Conseil d’État a autorisé la vente de fleurs et feuilles de chanvre chargées en CBD. Les buralistes misent sur cette plante pour s’adapter au recul des vente liées au tabac, face à la concurrence des magasins spécialisés.
« Il n’y a plus de verrou à la commercialisation des produits du CBD », se félicitait en janvier Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes, auprès de l’AFP. Le Conseil d’État, saisi en référé par divers acteurs de la filière, a suspendu « à titre provisoire » l’interdiction prononcée par le gouvernement le 30 décembre de la vente et de la consommation de fleurs de chanvre contenant du cannabidiol (CBD). Le Conseil d’état devait se prononcer sur le fond, dans six à dix-huit mois.
Plusieurs sites internet proposent d’assurer une livraison de CBD à Paris, à Lyon, Bordeaux ou encore Marseille… Mais le commerce du CBD ne se fait pas uniquement sur la toile. En effet, 1.500 boutiques spécialisées dans la vente de cette substance extraite de la fleur de chanvre ont vu le jour en quelques années sur le territoire. Ce sont autant de commerces qui retrouvent leur souffle après l’annonce du Conseil d’État. Aurélien Delecroix, président du syndicat du chanvre le premier. « On était aux abois et ça remettait en cause toute la filière. L’horizon se dégage », s’est-il réjoui.
Les commentaires laissés sur les pages Google de ces magasins témoignent de la satisfaction de la clientèle. Ainsi, un habitué d’une enseigne installée dans le quatrième arrondissement de Paris fait part de son apaisement. « Les produits vendus dans cette enseigne m’ont guéri de mes crises d’angoisse. Grâce à cela, je prends aujourd’hui moins de médicaments », assure Jérôme* (prénom modifié, NDLR).
Le CBD, 1 milliard d’euros par an
Mais le CBD s’installe aussi chez 6 à 7.000 buralistes, sur un total de 23.500. Les buralistes ne veulent pas reproduire la même erreur qu’avec la cigarette électronique. En effet, ce marché a été capté à près de 70% par les boutiques spécialisées. Car le marché du CBD est estimé à un milliard d’euros par an pour toute la filière, de la production à la vente.
À titre de comparaison, ce montant correspond également à la vente de journaux annuelle en France. Aujourd’hui, les revenus issus des produits de vapotage représentent 220 millions d’euros pour les buralistes. En ce sens, cela montre que la vente de ce produit dérivé du cannabis, et non psychotrope, représente une manne financière non négligeable pour les buralistes.
Chanvre de la vallée d’Aoste
À l’instar des boutiques spécialisées, les débits de tabac profitent d’un flottement juridique pour vendre du CBD. Au fil de ces dernières années, les autorités françaises ont affiché un scepticisme certain quant à cette substance. Du fait de cette forte méfiance, des dizaines de boutiques ont été contraintes de mettre la clé sous la porte. Mais aujourd’hui les vendeurs de CBD disposent d’un répit grâce à la réglementation européenne. À ce niveau, la vente de CBD est autorisée.
Éric Hermeline, buraliste à Cazaubon Barbotan (Gers) s’est organisé pour l’occasion. Créateur du grossiste spécialisé Bural’zen et président des Buralistes en colère, il se porte en défenseur du CBD. Ill fournit déjà près de 3.000 buralistes en produits à base de CBD. Le chanvre est cultivé à Aoste en Italie et est transformé à Pernes-les-Fontaines dans le Vaucluse.