Le risque nucléaire ressurgit avec l’évolution du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Pour parer au danger nucléaire, la France va envoyer en Ukraine « 2,5 millions de doses d’iode ». Dans plusieurs pays européens, des habitants se ruent sur ces comprimés. Ceux-ci aident à prévenir un cancer de la thyroïde en cas d’émissions radioactives. Le point sur leur fonctionnement.
Qu’est ce que c’est que l’iode (ou iodure de potassium) ?
L’iode stable est un oligo-élément naturel absolument nécessaire à la santé. Il entre dans la composition d’hormones fabriquées par la glande thyroïde, située sur le devant du cou. Un accident grave dans une installation nucléaire peut entraîner le rejet dans l’atmosphère d’iode radioactif. Inhalé ou ingéré par la consommation d’aliments contaminés, ce radioélément contribue à l’irradiation de la population, lui faisant courir un risque accru de cancer de la thyroïde.
L’accident du réacteur nucléaire de Tchernobyl en 1986 a causé un important rejet dans l’environnement d’iode 131 et d’iode radioactif à courte durée de vie. Un taux plus élevé de cancer de la thyroïde s’observe chez les personnes vivant dans les zones contaminées du Bélarusse, de l’Ukraine et de la partie occidentale de la Fédération de Russie. Pour éviter que la thyroïde ne fixe l’iode radioactif, une prise d’iode stable constitue un moyen de prévention pour protéger la santé des populations exposées.
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L’iode stable protège-t-il de tous les dangers lors d’une exposition accidentelle à la radioactivité ?
« L’iode protège un seul organe, la thyroïde », a observé l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) auprès de l’AFP, rappelant que la première protection en cas d’accident nucléaire est de se mettre à l’abri, dans un bâtiment en dur. Les comprimés d’iodure de potassium ne constituent ni un vaccin radio protecteur ni un traitement permanent. Les comprimés d’iode stable doivent s’administrer idéalement une heure avant l’exposition à la radioactivité. Et au plus tard dans les six à douze heures qui suivent.
L’efficacité est forte si la prise se réalise dans les deux heures avant le début des rejets d’iode radioactif ; elle est de 50% si la prise est réalisée 6 heures après le début des rejets. Plus tard, au-delà de 24h, leurs effets secondaires s’avèrent plus graves que les bénéfices attendus. Les comprimés d’iode peuvent être avalés avec un verre d’eau ou dissous dans une boisson. Ils sont en particulier recommandés aux personnes dont la thyroïde est la plus sensible vis-à-vis du risque de contamination : femmes enceintes, bébés, enfants et jeunes.
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Comment s’en procurer ?
La semaine dernière, les médecins croates ont alerté sur les dangers liés à la prise incontrôlée de cachets d’iode. Inquiets, des Belges se ruent aussi sur les comprimés d’iode, malgré les mises en garde. Les comprimés d’iode doivent être administrés à bon escient, en situation accidentelle et uniquement sur instruction des autorités. Les pharmacies ne les distribuent pas aux clients sur simple demande.
En France, les pouvoirs publics ont réalisé cinq campagnes de distribution de comprimés d’iode stable depuis 1997 dans les communes situées dans un rayon de 20 kilomètres notamment autour des 19 sites nucléaires d’EDF en cas de rejet radioactif accidentel. Au-delà de ce rayon, des stocks départementaux, gérés par les préfets, pourraient être acheminés si nécessaire, selon l’ASN. Les comprimés ont une validité de sept ans, ce qui nécessite de les remplacer régulièrement.