Le développement des ondes électromagnétiques a des conséquences inattendues. De plus en plus de personnes se disent hypersensibles aux ondes. Elles n’arrivent plus à vivre en villes et recherchent des zones dépourvues d’ondes artificielles. Marc Khanne raconte leur calvaire dans le documentaire « Cherche Zone Blanche désespérément », diffusé sur Public-Sénat ce samedi 17 janvier à 22h. Il sera rediffusé samedi 24 janvier à 15h15, dimanche 25 janvier à 10h25 et mercredi 28 janvier à 12h30.
La plupart des gens voient l’hypersensibilité aux ondes comme une psychose. Pour découvrir leur histoire, le réalisateur part à leur rencontre. Il y découvre alors une vie très difficile, toujours à la fuite des ondes électromagnétiques. En présence d’ordinateurs connectés en wifi, de téléphones portables, de téléphones sans-fils domestiques (DECT), d’antennes relais ou de caméras, leur douleur est vive. Pour les plus atteints, obligés de vivre reclus dans des grottes ou à l’écart des villes, la vie devient infernale. Ils doivent porter une tenue spéciale composée de tissus en fils métalliques pour se protéger des ondes rencontrées sur leur chemin.
Cette pollution invisible est dure à comprendre pour qui n’y est pas sensible. Le phénomène touche toutes les régions et se caractérise par la violence des symptômes. Il s’agit bien de douleurs physiques, notamment au niveau du cerveau, des sensations de brûlures, un emballement du rythme cardiaque… Confrontés à toutes sortes de symptômes, ils doivent se calfeutrer, déménager et parfois quitter famille et travail.
Face à un phénomène encore mal-connu et source de controverses, Marc Khanne fait le choix d’une approche humaniste. Il présente dans son documentaire des portraits touchants, qui témoignent d’une souffrance manifeste. Il étaye ses propos de quelques faits scientifiques et historiques bien établis.
Des hypersensibles aux ondes qui interrogent notre environnement
« Est-ce qu’on n’est pas les premières personnes qui réagissent en disant «oh là là », il y a quelque chose de dangereux ? », s’interroge l’un de ces électro-hypersensibles. Un autre, livre un témoignage poignant. « L’errance, elle est imposée aujourd’hui à des personnes qui ne sont absolument pas préparés à la vivre, à Monsieur tout le monde. Ouvriers, ingénieurs, pharmaciens… un peu tout le monde. Et du jour au lendemain, vous vous retrouvez sur la route avec plus rien, pas un seul petit endroit où vous pouvez vous poser. Vous êtes en perpétuelle quête d’un endroit où vous êtes bien. Mais vous ne le trouvez pas. […] C’est tellement simple d’irradier et c’est tellement compliqué d’arriver à s’en extraire. Reconstruire sa vie dans une grotte, reconstruire une vie dans une cave, ce n’est pas simple et, sincèrement, ce n’est pas enviable ». Ces malades demandent donc l’ouverture de zones blanches, des villages libres de toute onde artificielle, sans trouver d’oreilles attentives à leurs problèmes.
Plusieurs centaines de personnes seraient hypersensibles aux ondes en France. A en croire le Directeur général scientifique adjoint de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), ce nombre devrait augmenter. « Il y a un nombre de plus en plus grand de personnes concernées », explique-t-il « Potentiellement, cela concerne un nombre non négligeable de personnes dans la population », prévient-il.
Du radar au téléphone portable
L’invention du téléphone portable découle de celle du radar. Les militaires jugeaient les fréquences utilisées trop dangereuses pour les radaristes. Elles avaient notamment des effets thermiques et engendraient des troubles du sommeil et de la mémoire chez ces travailleurs ; leurs globules blancs diminuaient. Après l’abandon de ces fréquences par l’armée, les opérateurs de téléphonie mobile les ont récupérées pour créer les ondes d’aujourd’hui.
Pour Serge Sergentini, porte-parole de l’ONG Next-Up à l’origine du premier refuge anti-ondes de France dans la Drôme, « l’homme est bio-électromagnétique et ces champs électromagnétiques exogènes perturbent nos échanges électromagnétiques endogènes. C’est pour cela qu’il y a des gens qui sont dans une prédisposition et qui peuvent ressentir cela ». Le développement de la 3G et actuellement de la 4G amplifient le phénomène, les ondes émises dans l’air étant de plus en plus énergétiques.
Plusieurs d’entre nous seraient déjà des hypersensibles aux ondes en devenir. Selon les pays, de 1 à 10 % de la population présenterait déjà des signes d’électrosensibilité selon le ministère de la santé autrichien. La généralisation de la 4G et la multiplication des objets connectés sera peut-être la goutte d’eau qui les fera basculer vers l’hypersensibilité aux ondes.
Bande-annonce de «Cherche zone blanche désespérément»
Le débat « Faut-il avoir peur des ondes », qui suit la diffusion du documentaire est aussi accessible replay jusqu’au mercredi 4 février:
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com