À partir de ce jeudi et jusqu’au 30 juillet, près de 1.500 compagnies de théâtre participent au Festival off d’Avignon. La plupart d’entre elles ont acheminé leurs décors et matériel par voie routière. Toutefois, le développement du ferroutage permettrait de réduire ce qui constitue le premier poste d’émission de gaz à effet de serre du festival.

« Tous les décors pourraient être déplacés sur un axe ferroviaire plutôt que prendre la route », propose Samuel Valensi, auteur, metteur en scène et comédien dans une vidéo postée ce lundi sur Instagram. Sa compagnie « La poursuite du bleu » fait partie des près de 1.500 troupes qui s’apprêtent à enchanter le Festival off d’Avignon, débuté ce jeudi, jusqu’au 30 juillet prochain. La plupart d’entre elles acheminent leurs décors et matériel par la route jusqu’à la Cité des papes. Un mode de transport polluant, aux alternatives encore peu exploitées selon le comédien.
Pour rappel, dans son rapport Décarbonons la culture, le think tank The Shift project estime que le transport des œuvres représente près de 40% des émissions de gaz à effet de serre du Festival off d’Avignon. Soit 11.256 tonnes tonnes d’équivalent CO2. Face à ce constat, Samuel Valensi explique que le ferroutage — mode de transport combinant route et rail — permettrait de réduire l’empreinte carbone du festival.
Le ferroutage : la clef pour diminuer son empreinte carbone
Le metteur en scène détaille dans sa vidéo : « Parmi les 1.500 compagnies, 1.100 sont basées sur un axe ferroviaire qui va de Lille à Paris, de Paris à Lyon puis de Lyon à Avignon. On pourrait déplacer tous les décors sur cet axe ferroviaire au lieu de prendre la route ». Il corrobore ainsi les constats du Shift project : « Les émissions moyennes du fret ferroviaire sont entre 50 et 160 fois moins importantes par tonne déplacée et par kilomètre parcouru que celles du fret routier ».
Déjà en 2003, le Commissariat général du plan, dans son rapport « Évaluation des politiques publiques en faveur du transport combiné rail-route », inscrivait dans ses recommandations prioritaires : « Améliorer la capacité du réseau fret sur les grands axes ». Or, vingt ans plus tard, le ferroutage reste encore faiblement développé sur le territoire français. Une employée d’une entreprise de mise en relation entre entreprises et transporteurs témoigne : « En France, nous ne sommes pas de grands spécialistes en la matière. Nos clients sont pourtant de plus en plus demandeurs, notamment pour des raisons écologiques ».
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En attendant, la mutualisation s’organise
Pour l’heure, Samuel Valensi et sa compagnie pratiquent la mutualisation des transports de décors et matériel par voie routière. Ils partagent ainsi un véhicule utilitaire de 60 m3 avec les compagnies « In sens » et « Julie Duval » en direction du off. « Nos décors sont pensés pour rentrer dans le plus petit utilitaire possible. Nous savons que le gros de notre impact carbone en tournée vient de là ». Dans un communiqué publié en 2020 concernant les leviers pour « un festival off d’Avignon éco-responsable », ses organisateurs mentionnaient de même la « Mutualisation des transports (équipement des salles, décors des compagnies) », à l’horizon 2022.
« Depuis que j’ai posté la vidéo, d’autres compagnies se sont montrées partantes. Elles se rendent compte qu’on peut faire rimer écologie et économies. La mutualisation fonctionne d’autant mieux si l’on est nombreux », explique Samuel Valensi. Il espère désormais un retour de la SNCF, de la région PACA ou d’acteurs privés qui pourraient faciliter une nouvelle mobilité moins émettrice de GES jusqu’au festival. Avant de souligner le rôle des artistes dans la transition écologique : « Les artistes ont leur rôle à jouer. Nous sommes forts à proposer des imaginaires différents, mais nous devons aussi en rendre une partie concrète ».