Ce jeudi 2 juin, le festival de musique We love green a fait son grand retour au Bois de Vincennes à Paris. Après deux ans d’absence dus à la pandémie, ses organisateurs expérimentent de nouvelles solutions afin de réduire encore un peu plus l’empreinte carbone de l’évènement. Quelques questions persistent toutefois.
15 000 tonnes. Selon le rapport Décarbonons la culture ! de The Shift project, il s’agit des émissions équivalent CO2 d’un grand festival qui s’étendrait sur quatre jours. Depuis 2011, le festival de musique We love green, organisé à Paris, se veut un laboratoire grandeur nature afin de réduire cet impact écologique. Après avoir déserté le Bois de Vincennes pendant deux ans — du fait de la crise sanitaire — le voilà de retour depuis jeudi2 juin, puis samedi et dimanche dans le douzième arrondissement de Paris. Avec quelques nouveautés…
« Ces deux années de covid, d’une certaine manière, ont été très intéressantes. Elles nous ont permis de prendre le temps de tester des choses, de développer de nouvelles solutions, de nouveaux partenariats », expliquait Marie Sabot, sa fondatrice, à l’occasion d’une conférence lors du sommet Change now en mai dernier à Paris. Entre le concert de Jorja Smith et des très attendus Gorillaz ce jeudi soir, nous avons arpenté le site du festival pour découvrir ces trouvailles. Au programme : un nouveau mix énergétique, une cuisine plus responsable … et encore quelques questions concernant l’impact écologique d’un tel évènement.
Deux scènes alimentées à l’énergie solaire
« Il y a quelques années, nous faisions venir les solutions d’Angleterre, beaucoup plus avancée sur le sujet des festivals éco-conçus. Panneaux solaires, groupes électrogènes … Notre empreinte carbone n’était pas exemplaire », se souvient Marie Sabot. Cette année, sur les cinq scènes que compte le festival, deux sont alimentées par une ferme de quarante panneaux solaires. Par ailleurs, le festival met en place un générateur à hydrogène, une alternative inspirée des Pays-Bas.
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Le festival semble par ailleurs adresser relativement la question de la sobriété énergétique. En effet, les cinquante restaurateurs présents durant les trois jours de festival ont été invités à « partager leurs ressources logistiques, comme les camions frigorifiques », indique Marie Sabot.
Repenser l’alimentation, un des premiers postes de GES des festivals
Dans son rapport Décarbonons la culture ! The Shift project estime que le passage à une alimentation bio, locale et végétarienne permettrait à un festival de réduire de 15% son empreinte carbone. Sur le stand du restaurant BMK-Paris Bamako ce jeudi : un assortiment de mafés et allocos à base de produits relativement locaux. Les légumes du mafé vegan viennent d’un primeur à 154 km de Paris, tandis que les bananes plantins ont voyagé en bateau plus de 8.000 km depuis la Colombie. La signature d’une charte avec le label Ecotable oblige en effet les restaurateurs du festival à communiquer la provenance de leurs produits.
Ces menus sont servis dans des contenants recyclables à usage unique, accompagnés de boisson servies exclusivement dans des gobelets consignés. Une fois terminés, il ne reste qu’à jeter les assiettes dans l’une des poubelles du site. Si les organisateurs de We love green semblent ainsi agir sur leur empreinte carbone, l’impact écologique est souvent plus ardu à circonscrire. Ce jeudi et tout le week-end, une brigade patrouille le festival afin de ramasser les déchets laissés à terre et ainsi limiter l’impact du festival sur cette plaine piétinée pendant trois jours.
Pour ce qui est des nuisances sonores, dénoncées par les riverains ce jeudi soir, la marge d’amélioration reste importante. En 2017, une étude américaine évoquait le stress généré par la pollution sonore chez les volatiles. We love green indique toutefois sur son site travailler en étroite collaboration avec la Ligue de protection des oiseaux afin de « mesurer son influence sur l’avifaune locale ».
Des conférences tout le week-end
Cette année, We love green propose un cycle de discussions et conférences ancrées dans l’actualité du mouvement écologiste. Écologie décoloniale, poids du climat dans les médias auront ainsi leur place, au même titre que les multiples concerts.
Le programme devrait séduire les 100.000 festivaliers attendus, contre les plus de 80.000 présents lors de la dernière édition. The Shift project met toutefois en garde : « Plus les jauges grandissent, plus les spectateurs viennent de loin […] plus les émissions de CO2 croissent de façon importante. Cette croissance des jauges apparaît donc comme le principal vecteur de croissance incontrôlée des émissions de CO2″. Possible que We love green devienne alors victime de son succès…