L’accord de Paris sur le climat signé lors de la COP21 pourrait finalement bien entrer en vigueur d’ici la fin de l’année. En marge du G20 à Hangzhou, sa ratification par la Chine et les États-Unis, samedi 3 septembre, donne un coup d’accélérateur au processus.

L’accord de Paris entrera-t-il en vigueur avant la fin de l’année 2016? PHOTO//Matthieu Combe pour Natura-sciences.com
Les critiques fusaient ces derniers jours pour dénoncer la lenteur de la ratification de l’Accord de Paris au niveau mondial. En effet, jusqu’à samedi, seulement 24 pays avaient déposé leurs instruments de ratification auprès des nations-unies. Une majorité de petits états insulaires, ne représentant au total que 1,08% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Avec la ratification de la Chine (20% des émissions mondiales) et des Etats-Unis (17,9%), les 26 pays engagés représentent désormais 39,06% des émissions mondiales. Un pas de géant vers l’entrée en application de l’accord de Paris qui nécessite la ratification par au moins 55 pays, représentant plus de 55 % des émissions mondiales.
Ségolène Royal, en tant que Présidente de la COP21, a salué cette « très bonne nouvelle pour la Planète ». Elle rappelle que l’objectif est que « l’Accord entre en vigueur avant la fin de l’année », « ce qui serait une grande première dans les relations internationales et un grand espoir pour la planète ». Prochain round vers cette ratification du texte : Ségolène Royal et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et organisent un événement le 21 septembre prochain à New York, l’occasion pour les Parties ayant élaboré leurs instruments de ratification de les déposer.
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Une ratification indispensable
Au 5 septembre, 180 pays ont signé l’accord de Paris. Mais signer n’est pas suffisant. Chaque pays signataire doit désormais, selon ses propres modalités, ratifier le texte puis déposer, auprès du Secrétaire général des Nations unies, un document actant son adhésion. Selon les projections de l’institut Climate Analytics, 32 autres pays – dont l’Australie, le Brésil, le Canada, le Japon, le Mexique… – devraient ratifier l’accord d’ici la fin de l’année. Les pays engagés pourraient représenter 59.88% des émissions mondiales.
A ce jour, la France et la Hongrie sont les seuls membres de l’Union européenne (12,1% des émissions mondiales) à avoir fait adopter l’accord de Paris par leur Parlement. Pour que la ratification française et hongroise soit prises en compte par les Nations unies, elles devront être notifiée au Secrétaire général des Nations unies, dans le cadre d’un dépôt conjoint entre l’Union Européenne et ses 28 Etats membres. Tant que chaque pays membre et le Parlement européen n’auront pas approuvé le texte, la voix des Etats membres ne sera pas comptabilisée parmi les pays qui ont ratifié l’accord sur le climat.
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Au-delà de la ratification…
La ratification ne suffit pas. Pour que l’accord de Paris soit réellement effectif, il faut un feuille de route concrète. « La concrétisation des engagements financiers pris envers notamment l’Afrique, l’extension de la tarification du carbone, la mise en place du système universel d’alertes-catastrophes, la pénalisation des énergies fossiles et la dynamisation des énergies propres ainsi que des économies d’énergie, la mobilisation cruciale des villes et régions du monde, toutes ces mesures parfaitement identifiées doivent être mises en place rapidement avec les gouvernements, les collectivités locales, les entreprises et les sociétés civiles », alerte Laurent Fabius dans une tribune parue dans Le Monde. Il préconise également la préparation d’un pacte universel pour l’environnement, qui donnerait à la société civile les moyens de « demander des comptes aux Etats concernant le respect de l’environnement ».
Par ailleurs, les contributions nationales (INDC) rendues pour la COP21 doivent être revues au plus vite. Elles nous mènent droit vers une élévation de la température moyenne de 3 degrés d’ici 2100, alors même que l’objectif de l’accord est de limiter cette hausse « bien en-deça de 2°C et de s’efforcer de limiter cette augmentation à 1,5°C ».
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com