Dans une décision rendue ce 20 mars, le Conseil d’État appelle l’État à mettre en place dans un délai de six mois la fermeture de certaines zones de pêche de l’océan Atlantique. Il espère ainsi mettre fin au massacre de milliers de dauphins sur la côte atlantique française. Une victoire pour les associations de défense de l’environnement qui se battent depuis des années pour la préservation des dauphins.

“L’État prend acte du jugement du Conseil d’État qui l’enjoint à prendre des mesures de renforcement du plan d’action contre les captures accidentelles de petits cétacés dans le Golfe de Gascogne”. C’est ainsi que débute le communiqué du Secrétariat d’État chargé de la Mer, publié ce mardi 21 mars. Le gouvernement répond au Conseil d’État qui lui a ordonné lundi de fermer certaines zones de pêche dans l’océan Atlantique « pendant des périodes appropriées ». Cela faisait suite au recours formulé par France Nature Environnement, Sea Shepherd et l’association Défense des milieux aquatiques.
Depuis plusieurs semaines, différentes associations se mobilisaient pour mettre fin à ces échouages massifs de cétacés. Parmi elles, la Ligue pour la protection des animaux (LPO) et Sea Shepherd notamment. La LPO a par exemple exposé le 22 février 400 photos de dauphins morts sur l’Esplanade des Invalides à Paris. D’autres actions du même genre ont été menées. Sea Shepherd, a, à plusieurs reprises, exposé des cétacés capturés et tués accidentellement par des pêcheurs.
Lire aussi : Sea Shepherd : parcours, vocation et projets de la pirate Lamya Essemlali
Ces derniers mois ont connu un nouvel épisode intense de mortalité de dauphins. Le bilan des échouages est désormais porté à plus de 900 depuis le début de l’hiver. Pour 90%, ces animaux étaient des dauphins communs, considérés comme protégés. Le Conseil d’État suit ainsi les recommandations publiées le 9 février dernier par les scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer.
Les dauphins pourraient disparaître de nos côtes atlantiques d’ici 40 ans
Cette situation concernant les cétacés n’est pourtant pas nouvelle. L’année passée, Pelagis, l’observatoire des mammifères et oiseaux marins, avait dans un rapport fait état de l’échouage de 612 cétacés sur les côtes atlantiques durant l’hiver. L’organisme a également dit avoir observé une nette augmentation des dauphins retrouvés morts sur la côte atlantique. Néanmoins, les chiffres seraient selon les scientifiques largement sous estimés. En effet, de nombreux corps d’animaux, perdus en mer, ne seraient pas retrouvés. De son côté, la LPO considère que 8.000 à 10.000 dauphins seraient tués chaque hiver dans le Golfe de Gascogne. Selon les scientifiques de Pelagis, “sans aucun doute d’après les examens réalisés, la capture dans un engin de pêche reste la principale cause de mortalité observée chez le dauphin”.
Selon le Conseil d’État, le nombre de décès par capture accidentelle liés aux activités de pêche menace la conservation des dauphins dans le Golfe de Gascogne. “Depuis 2018, il [le nombre de décès] dépasse chaque année la limite maximale permettant d’assurer un état de conservation favorable en Atlantique Nord-Est selon les différentes estimations disponibles, explique l’institution au sein d’un communiqué. À ce jour, les espèces concernées sont dans un état de conservation défavorable. Le dauphin commun et le marsouin commun faisant même face à un danger sérieux d’extinction”. Selon le dernier rapport publié par Pelagis : à ce rythme, les dauphins auront disparu de la côte atlantique dans moins de 40 ans.
Lire aussi : TotalEnergies menace un « écosystème marin exceptionnel » d’Afrique du Sud
Une première victoire pour les associations de protection de l’environnement
Suite à la décision du Conseil d’État d’ordonner au Gouvernement de fermer des zones de pêche dans le Golfe de Gascogne pour des périodes appropriées, les associations de protection de l’environnement n’ont pas tardé à réagir. Allain Bougrain Dubourg notamment, président de la LPO, félicite cette décision tant attendue. “Le Conseil d’État met enfin un terme à l’odieuse agonie des dauphins”, a-t-il exprimé dans un communiqué. Toutefois, celui-ci se montre déçu du temps qu’a mis le gouvernement à réagir. “Il est navrant – une fois de plus – d’avoir constaté l’indifférence de l’exécutif alors que nous l’alertions depuis des années”.
Néanmoins, les associations restent méfiantes et attendent de juger sur résultats. “Nos associations veilleront à ce que le Gouvernement respecte cette décision de justice et accompagne réellement le monde de la pêche dans une approche plus écologique”, promet par exemple France Nature Environnement.