Sur l’île de La Réunion, la ville de La Possession devient un exemple en termes de ville écologique du futur. Sur un territoire dénué d’un réel centre-ville, la municipalité porte à bout de bras le projet nommé Cœur de ville. Son but : faire du quartier une smart city, en phase avec la nature, pensée pour et avec les habitants. Son autre ambition est de servir de pilote au reste de la ville sur les questions de transport et d’énergie.
À La Possession, la maire (SE, ex-EELV) Vanessa Miranville se félicite de l’avancée des travaux du nouveau Cœur de ville. Grâce à son architecture pensée en concertation avec les habitants, l’écoquartier modifie sensiblement la topographie de la commune. Sur un territoire de 34 hectares, la municipalité a prévu de construire 1.800 logements pour accueillir environ 5.000 habitants d’ici 2025. Un chiffre à comparer aux 33 000 habitants de la commune actuelle. « A l’origine, ce projet est celui de la municipalité précédente. Mais à mon arrivée à la mairie, j’ai voulu donner suite à ce beau projet » explique Vanessa Miranville. Dévouée au bien-être de ses administrés, la maire indique que le projet s’est fait avec eux. « Je ne veux pas faire vivre les gens dans un endroit où je ne vivrais pas moi-même, assume-t-elle. Construire un centre-ville c’est bien, mais construire un éco-quartier qui est également une smart city, c’est encore mieux ».
Lien social et écologie primordiaux à Cœur de ville
Pour ce nouveau centre-ville où sera installée la mairie, la volonté principale est d’établir une harmonie entre les générations. « Nous avons même pris en compte des idées venues des enfants, qui ont pensé leur ville idéale » continue Vanessa Miranville. De plus, les onze hectares d’espaces publics sont pensés comme des zones de rencontres et d’échanges. C’est notamment là que pourront se croiser timounes et gramounes, à savoir petits et grands. Et en 2020 ouvriront trois résidences pour seniors. La mixité sociale est également une pierre angulaire du projet. Les résidences de Cœur de ville sont composées de logements privés, mais aussi de logements sociaux et de logements aidés. Les logements sociaux représentent 40% des habitations, remarquable dans le contexte de crise du logement que connaît La Réunion.
L’ambition de la municipalité de La Possession pour son nouveau Cœur de ville n’a d’égal que le grand défi de la transition écologique. « Il faut que les habitants ici deviennent des écocitoyens. Les habitants ici signent la charte du Cœur de ville » et jouent le jeu de l’écoquartier, précise Vanessa Miranville. Le maintien et la régénération de la biodiversité sont primordiaux dans cet espace. En témoigne la promenade des banians, ces arbres majestueux aux multiples troncs. La mairie rappelle également que 35% de la surface du Cœur de ville est dédiée à la nature. Le secteur compte 10.000 m² de surfaces plantées, 80.000 plants réintroduits, dont une centaine d’espèces de plantes endémiques. Le nouveau quartier se dote également de jardins partagés, et leur entretien est étroitement lié à la participation des habitants.
L’écologique Cœur de ville vise l’efficacité énergétique
Cœur de ville repense également les déplacements et le rapport aux transports. L’incitation à l’activité physique y est grande grâce aux sept kilomètres de promenades au plus près de la nature. « Nous avons voulu penser une ville courte distance. C’est pourquoi toutes les commodités se trouvent à cinq ou dix minutes des habitations », ajoute Vanessa Miranville. Plusieurs d’entre elles se situeront à La Kanopée, l’hypercentre du Cœur de ville. La municipalité aimerait aussi laisser moins de place à la voiture. C’est pourquoi elle envisage la mise en place d’un téléphérique aérien pour relier Moulin Joli, l’actuel centre de La Possession. Ce projet se ferait avec la startup lyonnaise Supraways, qui teste actuellement un d’aérotrain pour décongestionner le trafic urbain.
Le dernier grand objectif affiché par les porteurs du projet Cœur de ville est de parvenir à l’autoconsommation. L’eau est déjà chauffée par des panneaux photovoltaïques situés sur les toits. Mais la municipalité veut aller plus loin. Il est difficile pour le moment de savoir à combien s’élèveraient les besoins énergétiques de l’autoconsommation. En effet, tous les habitants ne sont pas encore arrivés sur le site. Ce chantier qui représenterait une immense innovation serait colossal, car il faudrait probablement savoir fournir aux habitants approximativement 300 kilowatts. Mais rien ne sera possible sans des discussions tripartites entre les habitants, le promoteur et Quadran. Cette société française, filiale de Direct Énergie, exploite l’électricité produite sur l’éco-quartier à partir de sources renouvelables.
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Auteur : Chaymaa Deb, journaliste du magazine Natura Sciences