Malmenés par le réchauffement climatique, les jardins sont aussi de puissants acteurs de lutte face à la crise écologique. Ils sont au centre de plusieurs évènements organisés ce printemps. À commencer par la Fête de la nature, jusqu’au 21 mai. Voici l’occasion de rendre hommage au travail de jardiniers et jardinières, acteurs de la sensibilisation à la crise écologique .
Deux immenses séquoias encadrent l’entrée d’un domaine arboré de près d’un hectare et demi, le Centre d’ailleurs, au cœur du parc naturel régional de Livardois-Forez (Puy-de-Dôme). Depuis plusieurs années, Janet Delmas profite de la Fête de la nature organisée par l’association du même nom pour ouvrir ce jardin hors du commun, classé refuge LPO, aux curieux. Cette année, les jardiniers comme Janet Delmas sont près de 1.700 à participer à l’opération « Ouvrez vos jardins ». « L’idée est que des jardiniers passionnés et attentifs invitent leurs voisins à découvrir leur savoir faire« , détaille François Letourneux, président de la Fête de la nature.
Perturbation du rythme des saisons, périodes de chaleur prématurées, hivers trop doux et automnes trop secs… Les conséquences du changement climatique mettent à l’épreuve les jardins particuliers et patrimoniaux et la biodiversité qui s’y développe. Dans ce contexte, les évènements insistant sur leur intérêt pour l’écologie se multiplient ce printemps. Après la Fête de la nature jusqu’au 21 mai, l’opération « Rendez-vous aux jardins », du ministère de la Culture, aura lieu les 3, 4 et 5 juin.
Les jardiniers, aux premières loges face aux dérèglements climatiques
Ces évènements permettent de rendre hommage au travail de jardiniers et jardinières, aux premières loges des dérèglements climatiques. François Letourneux explique : « Les jardiniers attentifs ont toujours su s’adapter. Ils savent qu’il faut couvrir les tomates afin d’éviter que le mildiou ne se propage en cas de pluie notamment ». « Quand on vit au milieu de la nature, on observe directement les effets du changement climatique, témoigne ainsi Janet Delmas. Il faut ensuite essayer de trouver des solutions pour préserver la faune et la flore ». Au Centre d’ailleurs, elle ne pratique ainsi pas la taille systématique, afin de favoriser la prolifération des espèces. Par ailleurs, afin de protéger ses arbres d’un stress hydrique, elle paille leur base.
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Au fil du temps, les jardiniers adaptent ainsi leurs pratiques au changement climatique. « Il y a des gels précoces, des végétaux qui débourrent trop tôt … Il faut alors diversifier la palette de végétaux et choisir des essences qui ont une résistance accrue aux dérèglements climatiques », explique Benoît Blusset, pépiniériste. Actuellement, il mène des recherches autour d’espèces de chênes, afin d’identifier les plus adaptés à une région donnée. Benoît Blusset insiste par ailleurs, sur la nécessité de favoriser des plantations groupées, foisonnantes et diversifiées : « Elles deviennent des ressources pour les insectes, les oiseaux, favorisent la biodiversité dans les sols ».
Les jardins : leviers de sensibilisation à la crise écologique
François Letourneux sourit : « Si on veut réconcilier les gens avec la nature c’est en mettant les mains dans la terre que ça se passe ». Selon le président de la Fête de la nature, les jardins sont aussi un puissant vecteur de sensibilisation aux thématiques écologiques. Il note d’ailleurs un succès croissant de l’opération « Ouvrez vos jardins » depuis quelques années, du fait d’une prise de conscience de la société civile.
Selon un sondage de l’IFOP, 69% des Français possèderaient un jardin. Soit autant de parcelles qui participent à capter le CO2, mais aussi à favoriser le développement de la biodiversité … et son observation. Janet Delmas recense ainsi 63 espèces d’oiseaux, plus d’une centaine de plantes sauvages et de variétés d’arbres sur son domaine. Elle s’enthousiasme : « J’essaie d’expliquer aux gens que si je peux compter les espèces dans mon domaine, ils peuvent faire la même chose chez eux. Lorsqu’on observe la nature, on est toujours surpris ».