Les résultats du baromètre des pratiques de voyage des jeunes Françaises et Français confié à L’Obsoco par Greenpeace France révèlent une remise en question de l’usage de l’avion pour leurs loisirs. Si le critère écologique semble encore secondaire pour choisir sa destination de vacances, l’étude met en avant une large adhésion à la nécessité de réduire ses vols, dans un contexte d’urgence climatique.
Le baromètre est formel : une majorité de Français âgés de 18 à 34 ans interrogés par L’Observatoire Société & Consommation (L’Obsoco) juge la lutte pour le climat primordiale face à une situation « très préoccupante, voire alarmante ». Au total, 81% d’entre eux se disent prêts ou déjà engagés à changer leurs pratiques de voyage « pour limiter leur impact sur l’environnement ». Une grande partie d’entre eux (76%) reconnaissent la nécessite d’opérer des changements « importants » ou « radicaux » dans leur mode de vie. Mais seuls 12% de ces jeunes identifient les déplacements en avion comme « le poste de consommation le plus polluant », loin derrière les emballages et les déchets (26%).
Parmi les chiffres présentés par le baromètre, notons que 53% des jeunes interrogés ne prennent pas, ou très rarement, l’avion pour leurs loisirs. Une donnée à nuancer cependant, car 56% d’entre eux affirment réduire les déplacements aériens par un manque d’ « occasions ». Ils sont 31% à mentionner leur préférence pour un transport moins polluant ou plus adapté. Ce choix favorise l’usage de la voiture pour partir en vacances, avec une augmentation de 24% en trois ans.
À l’inverse, un tiers des jeunes de 18 à 34 ans prend l’avion plus d’une fois par an. Parmi eux, les plus grands consommateurs de vols aériens pour leurs loisirs restent les plus personnes très diplômées (> bac+4) et les résidents de la région Île-de-France. Selon le baromètre, ces derniers prennent l’avion au moins deux fois par an pour leurs loisirs. Cette observation fait écho aux résultats de l’Étude Nationale Transport et Déplacement 2008. Il est montré que les personnes aisées et les Franciliens ont plus souvent recours à l’avion. Un constat également établi par les sociologues Yoann Demoli et Jeanne Subtil qui confirment une « multiplication des voyages plutôt qu’une multiplication des voyageurs ».
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L’impact environnemental moins motivant que le coût du voyage
Le choix du transport aérien dépend aussi – et surtout – du choix de destination de ces jeunes. C’est l’un des constats du baromètre réalisé par l’ObSoCo. Sept jeunes sur dix estiment en effet qu’il n’est pas nécessaire de prendre l’avion pour être dépaysé. Ils sont 88% à penser qu’il est possible de passer de bonnes vacances sans prendre l’avion. Et 53% préfèrent la France ou un pays limitrophe pour leur lieu de vacances plutôt qu’une destination lointaine. On retrouve notamment ce dernier attrait chez les individus dont les études et les catégories socio-professionnelles sont plus élevées.
Toutefois, malgré la prise de conscience de l’urgence climatique manifestée par la majorité des participants, l’étude confirme que le premier critère de choix d’une destination reste le coût d’un trajet et non la question écologique. L’empreinte carbone apparaît même en dernier dans le choix d’un mode de transport. En parallèle, 38% de ces jeunes déclarent éprouver un sentiment de culpabilité lorsqu’ils prennent l’avion, et 1 sur 5 ressent une pression de la part de son entourage face à cette pratique. Par cela, Greenpeace France évoque « un signe que la norme sociale en la matière commence à évoluer ».
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L’empreinte carbone grandement méconnue par les jeunes
L’étude révèle cependant une méconnaissance de la pollution liée au secteur aérien. L’importance de l’empreinte carbone de chaque passager semble être la grande ignorée chez les jeunes. Près de 80% déclarent ne pas savoir qu’un long courrier peut consommer la totalité d’un budget carbone par individu. Un aller-retour à Rio de Janeiro rejette près de 2,8 tonnes de CO2. « Cela représente ce que chaque être humain devrait émettre par année d’ici 2030 pour espérer rester sous les 1,5 degré de réchauffement », rappelle Greenpeace France dans un communiqué.
Depuis le 1er janvier 2022, la loi Climat et Résilience a rendu obligatoire la compensation des émissions de gaz à effet de serre des vols nationaux pour les compagnies aériennes et autres exploitants d’aéronefs. Cependant, le baromètre souligne que la moitié des répondants pense que la compensation carbone permettrait de voyager sans polluer. « Ces initiatives ne permettent pas de réduire les émissions liées à l’aviation », insiste Greenpeace France. Par ailleurs, une étude de la Commission européenne publiée l’année dernière juge inefficace cette solution de compensation carbone. Pour freiner davantage la consommation de l’aérien, 61% des jeunes se disent alors en faveur d’une loi interdisant la publicité des secteurs les plus polluants, dont l’aérien.