Depuis le 1er juin et jusqu’à ce mercredi 15 juin, National Geographic diffuse les reportages du célèbre couple d’explorateurs Dereck et Beverly Joubert. Pour Natura Sciences, les deux documentaristes racontent leur parcours et la situation des grands félins aujourd’hui dans le monde. Leur dernier documentaire « Jade Eyed Leopoard » est une ode à la protection de la faune africaine.
Nat Geo WILD met à l’honneur les deux cinéastes pour ce mois de juin. Leur filmographie est rediffusée tous les mercredis soirs depuis le 1er, jusqu’au 15 juin sur National Geographic Wild. L’emblématique couple d’explorateurs et documentaristes animaliers, Dereck et Beverly Joubert, qui participe à cette série, se dévoile pour Natura Sciences. Ils explorent l’Afrique depuis 30 ans, ont produit 25 films et ont remporté 8 Emmy Awards dans leur carrière.
Natura Sciences : à quel moment avez-vous décidé de consacrer votre vie entière à ce métier, celui d’explorateur et documentariste animalier ?
Beverly Joubert : C’est quelque chose qui vient de notre enfance. Nous sommes nés en Afrique du Sud. Nous avons tout de suite eu une passion pour la vie sauvage africaine, notamment grâce à nos parents qui faisaient des safaris avec nous. Jeunes, nous voulions découvrir tellement plus.
Dereck Joubert : Nous avons grandi ensemble et nous voulions découvrir par nous-mêmes notre pays. C’est comme ça que tout a commencé pour nous. Nous voulions participer d’une manière ou d’une autre à la protection de la vie sauvage africaine.
Vous avez filmé des lions, des éléphants, des léopards, quel animal vous a le plus impressionné ? Lequel a été le plus difficile à filmer ?
Beverly Joubert : Honnêtement l’animal le plus difficile à filmer est le léopard. Car sa survie se joue sur sa capacité à être comme un fantôme dans son environnement. Ils sont difficiles à observer, mais à la fin de la journée, lorsque vous en apercevez un, c’est une vraie récompense. Dans notre documentaire « Jade Eyed Leopard », nous suivons Toto, un léopard aux yeux de jade inhabituels, pendant les premières années de sa vie alors qu’il apprend les techniques de survie. Nous devons protéger les léopards car ils sont en plein déclin, leur situation est critique.
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Qu’est-ce qui a changé dans les paysages et la faune de l’Afrique pendant votre temps de travail sur le terrain ?
Dereck Joubert : Beaucoup de choses ont changé. En 50 ans, l’Afrique a perdu environ 95 % de sa faune, c’est alarmant. Si vous regardez les espèces individuelles, les grands félins, par exemple, il y a eu d’énormes pertes. Avant, il y avait environ 450.000 lions : aujourd’hui, ils ne sont plus que 20.000. Les léopards sont passés de 700 000 à moins de 50 000. Le nombre de guépards a chuté à 7.000. Nous sommes probablement en train de pousser ces animaux vers l’extinction.
Quel est votre regard sur la chasse sur le continent africain ?
Beverly Joubert : Vous savez, la chasse n’est pas vraiment une forme de conservation. C’est même très évident. Un animal vivant est très important pour un écosystème et pour les communautés et aussi pour les pays et les gouvernements.
Dereck Joubert : Je pense que d’un point de vue éthique, rationnel, écologique, et économique, il n’y a plus de place pour la chasse en Afrique. Nous avons passé une grande partie de notre vie à lutter contre cela et à s’en inquiéter d’un point de vue éthique. Partout où nous allons, les arguments que nous entendons pour la chasse n’ont plus de sens. Nous avons ces espèces en déclin. Elles sont chassées, et les dernières d’entre-elles sont à genoux et en voie d’extinction. Cela n’a pas de sens pour moi.
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Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre initiative Big Cats. Pourquoi est-elle importante ?
Beverly Joubert : Nous avons lancé l’initiative Big Cats en 2009. C’était une intervention d’urgence. L’objectif est d’agir sur le terrain, en travaillant très étroitement avec les communautés locales. À l’heure actuelle, nous avons environ 150 projets dans 27 pays. Les personnes sur le terrain effectuent un travail phénoménal, et cela repose en grande partie sur l’éducation. Ils éduquent les communautés et les écoliers pour les aider à comprendre et vivre avec les animaux.
Vous avez été récompensés par 8 Emmy Awards, que signifient ces prix pour vous ?
Dereck Joubert : Vous savez c’est une question intéressante car bien sûr, pour nous, ces prix sont gratifiants. Ils donnent de la visibilité à notre travail et donc à la faune africaine. Mais ils ne sont pas pour autant un objectif. Nous vivons au Botswana aujourd’hui et en 2011 nous avons été honorés de l’Ordre présidentiel du service méritoire par le président du pays pour notre travail. Cette récompense a probablement encore plus de valeur à nos yeux.
Propos recueillis par Léo Sanmarty