Du lundi 20 juin au mercredi 22 juin, environ 35 scientifiques proposent des formations aux députés, devant l’Assemblée nationale. Le but : transmettre au mieux leur savoir sur les causes du dérèglement climatique et sur les solutions à mettre en place. Les scientifiques espèrent ainsi éclairer les députés lors des votes à l’Assemblée nationale.

Au lendemain des élections législatives, près de 35 scientifiques, experts des enjeux du climat et de la biodiversité, ainsi que des auteurs du GIEC, sont présents dans une tente près de l’Assemblée nationale. L’objectif : proposer aux ministres, dans une démarche apartisane, des formations de 30 minutes sur les enjeux climatiques, jusqu’au mercredi 22 juin.
Matthieu Orphelin, ex-député LREM de la première circonscription de Maine-et-Loire, coorganise l’événement avec le collectif Pour un Réveil Écologique et les scientifiques eux-mêmes. L’initiative veut mettre le climat au centre de la politique.
Face au déni de gravité
Cet événement est une première mondiale. Jamais autant de scientifiques ne se sont mis à dispositions de députés de la sorte. « C’est une initiative particulière », explique Christophe Cassou, directeur de Recherche au CNRS et auteur principal du 6ème rapport du GIEC. En conséquence « nous avons décidé de lancer cette opération dès le lendemain des législatives dans le but de mettre un terme au déni de gravité. Cela n’est plus une option », affirme-t-il. « Le changement climatique est partout, dans toutes les régions du monde. Les faits scientifiques montrent que l’ampleur de la crise de demain, dépend des action d’aujourd’hui », explique-t-il.
« Chaque dixième de degré, chaque jour et chaque action comptent. La biodiversité est menacée, les émissions de gaz à effet de serre n’ont jamais été aussi élevées », alerte-t-il. En se mettant à disposition des ministres, les scientifiques sont « dans leur rôle », estime-t-il. « Diffuser la connaissance ne se limite pas à la communiquer mais à la traduire », ajoute-t-il, pointant l’importance de la formation.
Formation rime avec réconciliation
L’ex-député LREM, Matthieu Orphelin, qui a largement contribué à la réalisation de cet événement, se veut enthousiaste. « Avec ces trois jours, nous sommes proches de quelques chose de génial », dit-il. Ce lundi, 17 scientifiques présentent les grandes lignes des formations proposées aux députés. 15 suivront ce mardi. Il explique : « Deux scientifiques proposeront une formation de 30 minutes à 4-5 députés. Car nul n’est censé ignorer la loi, mais nul n’est censé ignorer non plus le dérèglement climatique. On espère éveiller l’ensemble des députés avec ces formations. »
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« Aujourd’hui, on se rend bien compte que la majeure partie des députés n’ont pas forcément le dérèglement climatique en tête, regrette Matthieu Orphelin. C’est à partir de ce constat que nous avons décidé de faire ces formations en libre-service devant l’Assemblée nationale. Il ajoute : « 21% des parlementaires pensent que le changement climatique ne fait pas consensus parmi les scientifiques. La biodiversité est l’une des choses dont on parle le moins à l’Assemblée nationale. Nous voulons réconcilier deux mondes trop éloignés aujourd’hui : celui des scientifiques et celui des politiques. »
Les scientifiques au cœur de la démarche
Des heures de travail pour synthétiser les nombreuses pages des volets du rapports du GIEC. Voila toute la tâche à laquelle se sont attelés les scientifiques qui participent à cette initiative. « Nous voulons que le mandat, des nouveaux députés, démarre du bon pied, explique Lola Vallejo, directrice de programme Climat de l’Iddri. Il faut insister sur le fait que les députés ont les moyens d’agir. Il faut élever le niveau d’ambition sur ce quinquennat. » Les scientifiques, sur leur temps de travail, se mobilisent pour informer et éduquer au mieux le décideurs de l’Assemblée nationale.
Léa Falco du collectif étudiant Pour un réveil écologique, souhaite que les députés se « saisissent des documents que les scientifiques mettent à leur disposition ». « Un premier document résume les points importants du rapport du GIEC, un deuxième document de référence énumère les différents rapports importants existants, et un dernier aborde les prochaines échéances à venir », explique-t-elle. Elle prévient : « Cette formation est nécessaire pour une base commune sur le dérèglement climatique. Nous savons, que seule, elle ne sera pas suffisante. Nous saurons aussi que ceux qui n’agissent pas, seront ceux qui n’en auront pas la volonté. »
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