L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) relance deux projets participatifs. L’un pour repérer le matériel de pêche échoué sur les plages, l’autre pour surveiller les eaux de mer colorées. Deux applications pour réduire l’impact sur les écosystèmes océaniques grâce au volontariat des citoyens.
Les plongeurs, pêcheurs, plaisanciers et simples vacanciers partant à proximité des plages bretonnes et normandes peuvent aider à protéger les océans. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) relance deux programmes de son projet de sciences participatives. L’objectif : repérer le matériel de pêche échoué sur les côtes ouest et les eaux colorées par des microalgues. Chaque année depuis 2020, l’Ifremer compte sur les applications Fish & Click et son projet Phenomer pour mener à bien ces missions, ouvertes à tous.
Récupérer le matériel de pêche abandonné
Le premier projet de sciences participatives de l’Ifremer se nomme Fish & Click. L’application invite chaque individu de passage sur les côtes bretonnes et normandes, jusqu’à la frontière belge, à repérer des engins de pêche perdus ou abandonnés. Fish & Click vous demande le type de matériel repéré : filet, casier à crustacés, cordage, hameçons… Le participant n’a qu’à prendre une photo de l’objet et informer de sa localisation sur l’application.
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« Une fois le signalement effectué, le participant est invité à récupérer le déchet et à le placer dans un bac à marée, mis en place sur les plages par les municipalités, ou dans des poubelles classiques », détaille l’équipe Fish & Click de l’Ifremer. En incitant à collecter les déchets, Fish & Click cherche à sensibiliser le public à la réduction de la pollution du littoral.
Depuis son lancement, l’application a recueilli 2.000 signalements, pour 17.000 déchets trouvés en mer ou sur les plages. Et en 2021, les équipes de l’Ifremer ont enregistré 1.517 signalement pour un total de 12.138 engins de pêche. Parmi les objets de pêche les plus retrouvés, une tendance semble se dessiner. « On observe par exemple une prédominance des cordages », continue l’Ifremer. Ces derniers représenteraient « près de la moitié » des déchets recensés sur le littoral.
Lutter contre les microalgues toxiques
Le second projet de sciences participatives de l’Ifremer se nomme Phenomer, lancé en 2013. Il s’agit d’un projet exploratoire visant à mieux connaître les microalgues marines. « Les microalgues marines sont des algues microscopiques qui sont à la base de la chaîne alimentaire marine. Elles produisent plus de la moitié de l’oxygène terrestre », explique un communiqué de l’Ifremer.
Avec le soleil et l’augmentation de la température de l’eau, les microalgues prolifèrent en abondance parfois dès le printemps. « On parle alors d’efflorescence ou de bloom », précise l’équipe Phenomer de l’Ifremer. Ce phénomène s’observe par la coloration de l’eau de mer en différentes couleurs, passant du bleu turquoise au jaune brun. « Il peut modifier le milieu marin et appauvrir l’eau en oxygène et provoquer des mortalités massives de poissons », alerte l’organisme scientifique. En plus de la couleur de l’eau, la prolifération des organismes se traduit aussi par des mousses abondantes.
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C’est pourquoi, pour la sixième année consécutive, l’application Phenomer invite les citoyens à surveiller et signaler ces phénomènes inhabituels, par photo ou en effectuant un prélèvement dans une bouteille. À chaque signalement, les scientifiques se rendent sur place pour analyser les échantillons transmis. Ils identifient ensuite l’origine de la coloration de l’eau, les espèces en cause et mettent en place des projets de recherche. Près de 500 signalements ont été enregistrés depuis le lancement de Phenomer.