Greenpeace France, les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous accusent le géant de l’énergie de « pratiques commerciales trompeuses ». Dans une campagne de publicité, TotalEnergies souhaite s’affirmer en « acteur majeur de la transition énergétique ». Un statut démenti par les défenseurs de l’environnement.
TotalEnergies induit-il ses consommateurs en erreur ? C’est en tout cas ce que redoutent Greenpeace France, les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous. C’est pourquoi ces trois ONG ont assigné l’entreprise en justice ce 2 mars. Elles accusent le groupe de « greenwashing » et de « pratiques commerciales trompeuses ».
Soutenues par l’association ClientEarth, ces ONG dénoncent la campagne de publicité diffusée par le géant de l’énergie. Une courte vidéo animée a été publiée sur une page dédiée sur leur site Internet. Dans ce spot, le géant de la pétrochimie affirme vouloir devenir « un acteur majeur de la transition écologique ». La firme assure également aller « vers de nouvelles énergies » pour répondre au « défi climatique ». TotalEnergies met ainsi en avant la production d’énergie à partir de panneaux solaires, d’éoliennes, de biomasse ou encore d’hydrogène.
Les ONG dénoncent des « allégations fallacieuses »
Face à ces promesses, les ONG écologistes restent très perplexes. « TotalEnergies ne prévoit pas de baisse réelle et absolue de l’ensemble de ses émissions de gaz à effet de serre », dénonce Lorette Philippot, chargée de campagnes finance privée et énergies fossiles aux Amis de la Terre au quotidien Le Monde. Le journal indique également que c’est la vente de produits qui est la plus émettrice de CO2 chez TotalEnergies. Ces dernières génèrent 400 millions de tonnes de CO2 par an. Or, sur ce point, la firme n’annonce rien. En attendant, la stratégie climat de l’entreprise lui permettra d’éviter uniquement les émissions de 37 millions de tonnes de CO2.
Dans cette vidéo, TotalEnergies présente son « ambition d’être un acteur majeur de la transition énergétique » pour « atteindre une société NetZero dès 2050 ». Pour les Amis de la Terre, Greenpeace et Notre Affaire à Tous, le groupe « distille des affirmations fallacieuses sur les prétendues vertus environnementales du gaz fossile et de la biomasse », indique un communiqué. Via cette campagne, les défenseurs de l’environnement dénoncent une ambition « purement marketing ». Les trois associations ont alors assigné en justice la maison mère, TotalEnergies SE. Elles ont fait de même pour TotalEnergies Electricité et Gaz France qui ont diffusé les publicités visées.
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Ce n’est pas la première fois que TotalEnergies se trouve dans le viseur des ONG environnementales. Depuis plusieurs mois, les accusations s’enchaînent auprès du géant de l’énergie. Le partenariat avec des écoles comme Sciences Po, son implantation dans différents pays du monde ou tout simplement l’impact de ses activités sur l’environnement ont entraîné ONG à mener campagnes et mobilisations contre le géant de l’énergie.
TotalEnergies toujours le gaz au cœur
Deux points cruciaux sont pointés du doigt à travers les publicités de TotalEnergies. Le premier repose sur les affirmations du groupe, en termes de gaz fossile. « Le gaz est l’énergie fossile en forte croissance et la moins émettrice de CO2 dans la production d’électricité », affirme TotalEnergies sur son site Internet. L’entreprise présente l’objectif d’augmenter sa production de gaz qui pourrait, selon elle, « représenter près de 60% de [la] production d’hydrocarbures en 2035″. Une information que démentent les ONG. Celles affirment que « le gaz fossile est fortement émetteur sur l’ensemble de son cycle de vie ».
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Puis, les défenseurs de l’environnement reprochent à TotalEnergies sa position sur les biocarburants et agrocarburants. Si TotalEnergies les considère comme « incontournables pour réduire l’empreinte environnementale » en émettant « au minimum 50% de CO2 en moins que les carburants fossiles », il certifie également la biomasse constitue « la seule alternative renouvelable aux ressources fossiles ». Pour produire ses biocarburants, TotalEnergie fusionne biomasse aux ressources fossiles depuis 1990. « Or, les agrocarburants sont produits majoritairement grâce à des matières premières agricoles tels que l’huile de palme et le soja », rappellent les trois ONG. Selon elles, TotalEnergies favorisait alors la « destruction d’écosystème naturel » en monopolisant des terres agricoles pour leur production.
Les juristes demandent une « communication honnête et fiable »
Via cette opération publicitaire, les ONG déplorent une volonté de créer « une dépendance aux énergies fossiles » . « Le droit de la consommation impose une communication honnête et fiable en matière climatique et environnementale pour protéger les consommateurs, avertit Clara Gonzales, juriste à Greenpeace France. Il est urgent de mettre un terme à la désinformation de l’industrie pétro-gazière « .
En rebaptisant le nom du groupe en mai 2021, Total devenant TotalEnergies, celui-ci devient la cible des défenseurs de l’environnement. Ceux-ci clament sans relâche que l’entreprise émet « au moins 85% » de ses émissions de gaz à effet de serre. « L’analyse de ses plans de production entre en conflit avec les exigences minimales requises pour atteindre la neutralité carbone en 2050 », insistent les trois ONG. TotalEnergies prétend lutter contre le changement climatique, en suivant les recommandations Développement durable de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Plus de 20 ONG ont lancé une initiative citoyenne européenne visant à contrer l’influence toxique de l’industrie des énergies fossiles. L’objectif est de recueillir un million de signatures à travers l’Union européenne. Les défenseurs de l’environnement espèrent par cela « faire interdire toute publicité, partenariat et mécénat en faveur des entreprises vendant des biens et services fossiles ».