Depuis 1993, Cyclamed organise la collecte des médicaments non utilisés dans les pharmacies françaises. Thierry Moreau Defarges, président de l’éco-organisme, commente les chiffres 2021 de la collecte et présente les bons gestes à adopter pour l’améliorer.
Les plaquettes de médicaments à moitié vides s’accumulent depuis plusieurs mois dans votre armoire à pharmacie. Il est donc grand temps d’aller les rapporter en officine ! Comme 87% des Français (selon l’étude BVA 2022), vous déclarez rapporter vos médicaments non utilisés (MNU) pour éviter de les jeter à la poubelle, ou pire, dans les toilettes. En 2021, Cyclamed, l’éco-organisme en charge de la collecte des MNU en France, assure ainsi en avoir collecté 9.833 tonnes dans les 21.141 pharmacies d’officine situées en métropole et Outre-mer. C’est 1,2% de moins qu’en 2020 et 7,9% de moins qu’en 2019. En 2021, Cyclamed a collecté l’équivalent de 146 grammes de médicaments par habitant, soit 2,5 boîtes par habitant. « On estime que l’on récupère entre 65 et 70% du gisement de médicaments non utilisés », partage Thierry Moreau Defarges, président de Cyclamed. Une fierté pour cette filière qui implique toutes les officines de France.
Une collecte qui résiste à la baisse de la consommation
L’éco-organisme explique cette baisse de la collecte par le recul de la consommation de médicaments. Depuis 2005, cette consommation baisse d’environ 1% chaque année. Cette diminution s’explique notamment par les campagnes de bon usage publiques et privées, le déremboursement par la sécurité sociale de plusieurs médicaments, le fort recul de certaines formes médicamenteuses (comme les suppositoires) et le développement des médecines douces.
Mais la baisse de la collecte s’expliquerait surtout par l’évolution des consignes de tri des MNU. « On demande désormais aux Français de placer la boîte en carton et la notice dans la poubelle de tri et de ne rapporter en pharmacie que les emballages en blisters [les emballages en plastique et aluminium des plaquettes de médicaments, ndlr] où il reste des médicaments, explique Thierry Moreau Defarges. Depuis 2021, on demande aux Français de mettre les emballages en blisters vides dans le tri sélectif, ce qui réduit le poids de la collecte en pharmacies. »
Cyclamed ne récupère que les médicaments
Peut-on rapporter tous les produits non utilisés achetés en pharmacie ? « La mission de Cyclamed est de récupérer les médicaments à usage humain et bien seulement les médicaments », rappelle Thierry Moreau Defarges. Ainsi, le président de Cyclamed explique qu’il ne faut pas rapporter en pharmacie les cosmétiques et dispositifs médicaux. Ceux-ci n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché donnée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Ils doivent donc aller dans la poubelle de tri ou la poubelle ménagère selon les cas.
Dans ce cas, comment s’assurer qu’un produit est un médicament et qu’il doit retourner à la pharmacie ? « Sur notre site Internet, on met à disposition du public et des pharmaciens un moteur de recherche qui permet d’identifier les produits qui ont une autorisation de mise sur le marché », explique Thierry Moreau Defarges. Car comme dans les centres de tri, Cyclamed identifie des erreurs. « On récupère entre 18 et 19% de produits qui ne sont pas des médicaments dans les cartons Cyclamed, soit un peu moins de 2000 tonnes », partage le président de l’éco-organisme. Si cela surestime le nombre de médicaments non utilisés collectés, cela ne pose pas de problème spécifique : le tout est placé dans le four de l’incinérateur.
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Un geste de tri bien acquis par les Français
Thierry Moreau Defarges détaille : « On voit que les Français ont acquis le réflexe. Clairement, ceux qui ne rapportent pas encore leurs médicaments sont ceux qui n’en consomment pas ou très peu, notamment les jeunes. Ceux qui rapportent le plus sont les mères de familles et les personnes âgées dans les territoires ruraux. »
Mais que deviennent les médicaments collectés ? Les médicaments n’ont pas vocation à être réutilisés ou recyclés. Ils finissent tous à l’incinération, car il s’agit du seul moyen d’élimination autorisé par la loi. « Le pharmacien place les médicaments dans un carton scellé qui va être envoyé chez un grossiste-répartiteur avant de rejoindre une unité de valorisation énergétique en France », résume Thierry Moreau Defarges. De cette façon, les médicaments ne risquent pas de se retrouver dans une décharge où ils pourraient polluer les eaux de surfaces et les nappes phréatiques.