Ce mercredi, le député Vincent Thiébaut a présenté le rapport d’information sur le suivi de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Un document qui revient sur les raisons de cette fermeture.
« Nous avons présenté le rapport au sain de la commission du développement durable, et il a été adopté. II sera publié par l’Assemblée Nationale dans les prochains jours« , annonce le rapporteur et député du Bas-Rhin Vincent Thiébaut (LaRem). Ce rapport est issu de la mission d’information destinée à dresser un suivi de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Un travail qui a débuté en janvier 2020, présidé par le député de la commune de Fessenheim, Raphaël Schellenberger (LR).
Retour sur l’historique de la centrale, aux origines d’un projet controversé
Pour ce travail, les députés ont auditionné toutes les parties prenantes du projet, des salariés à EDF, en passant par les associations et les élus locaux. Il a permis de mettre en lumière plusieurs points. Le premier d’entre eux étant l’historique de la fermeture de cette centrale. « Elle a été la première centrale d’une longue série dotée d’une nouvelle technologie dont s’est dotée la France dans les années 70, avec des réacteurs à eau pressurisée », précise le rapporteur. Déjà, à l’époque de sa construction, cet ouvrage avait donc suscité de nombreuses controverses. Elles portaient à la fois sur cette nouvelle technologie, et sur son lieu d’implantation entre la France, la Suisse et l’Allemagne.
Une décision politique et pas de travaux
« La fermeture de Fessenheim est une décision politique, il n’y a pas a discuter là-dessus », affirme le député du Bas-Rhin. Ce nouveau rapport est donc l’occasion de revenir sur ce choix. « C’est un point névralgique de ce dossier. Selon les acteurs , la perception de la décision de fermeture n’est pas la même », souligne le rapporteur. Pour cause, si cette fermeture a été actée en 2017 avec la publication de premiers décrets, l’histoire remonte à 2011. D’après le rapporteur, EDF s’était à l’époque « basée sur les premières déclarations du candidat François Hollande. Il avait clairement affiché la volonté de fermer Fessenheim ».
Mais au niveau local, notamment pour les élus, “ce n’était que des promesses électorales”, rapporte Vincent Thiébaut. Or, dès 2012, le candidat devenu président a commencé à réaliser sa promesse. Cette année-là, un délégué interministériel, chargé de la fermeture de la centrale a été nommé. Avec cette décision, « les prémices de la fermeture étaient donc déjà annoncées quasi officiellement », selon Vincent Thiébaut.
Au vu de cette machine mise en œuvre, EDF semble donc avoir adopté une logique de fermeture. Preuve en est, en 2015, l’entreprise devait réaliser des travaux si elle espérait garder cette centrale au-delà de 2020. « Or, les travaux n’ont pas été menés à bien par EDF, et ça dès 2015. C’est un point important. Dès 2015, EDF acte que la centrale était dans une logique de fermeture et que le processus était lancé. Au-delà de la décision politique, la non-réalisation de ces travaux allait mener à une fermeture de la centrale », explique le député du Bas-Rhin. Il ajoute que « cela montre aujourd’hui qu’une centrale peut fermer, pas seulement pour des raisons politiques. Mais aussi pour des raisons liées aux problématiques de sûreté et de sécurité ».
L’impact du dérèglement climatique
« A cela, il faut ajouter un élément qui n’est pas souvent pris en compte, qui est l’évolution climatique« , poursuit Vincent Thiébaut. Les centrales du type Fessenheim, avec des réacteurs à eau pressurisée, ont besoin d’une alimentation en eau. Un facteur qui explique le choix de son implantation près du Rhin et de la Meuse. Le rapport note que les phénomènes de sécheresse que nous connaissons peuvent engendrer une baisse de disponibilité de cette ressource. « On voit bien aujourd’hui que le changement climatique amène des problématiques de débits sur ces cours », précise le rapporteur. Bien que marginaux pour l’instant, ces phénomènes pourraient impacter fortement, dans les années à venir, le bon fonctionnement des centrales nucléaires.
Cette question de l’eau est donc centrale pour ces infrastructures qui ont besoin de cette ressource en grandes quantités. « Ainsi, cela peut aussi mener à la fermeture de centrales. Donc toutes les collectivités locales qui ont une centrale sur le territoire doivent savoir que celle-ci peut être amenée à fermer pour cette raison », souligne-t-il. Dans le monde, 55 % des réacteurs sont à eau pressurisée.
Ouns Hamdi