À la veille de la fête nationale et des nombreux feux d’artifice organisés partout en France, nous nous interrogeons sur leurs retombées environnementales. Spectacles hauts en couleur pour célébrer le 14 juillet ou encore le nouvel an, les feux d’artifice polluent l’air, mais aussi les cours d’eau. En période de sécheresse, ils représentent également un risque d’incendie.

Les feux d’artifice sont-ils néfastes pour l’environnement ? Pas de doute,« leur pollution reste indiscutable » pour Jacky Bonnemains, président de l’association Robin des bois. Derrière leurs éclats colorés, les feux d’artifice représentent bel et bien un cocktail de substances chimiques particulièrement polluantes. Poudre noire, charbon, strontium, cuivre, perchlorate de potassium… Autant d’ingrédients pour colorer la fête nationale, malheureusement nuisibles pour l’environnement et la santé humaine.
« Le peu d’études réalisées sur la pollution liée aux feux d’artifices sont unanimes », souligne Jacky Bonnemains. Une étude britannique traitant des pollutions causées dans la Tamise, publiée dans le Marine pollution bulletin, confirme notamment la hausse d’émissions de CO2 provoquée par les feux d’artifice. « Ils produisent des nuages de fumée qui augmentent à court terme la quantité de CO2 et la pollution atmosphérique dans les environs immédiats », explique Jacky Bonnemains.
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Au total, les polluants atmosphériques augmenteraient alors en moyenne de 42 %, le charbon de bois étant le combustible le plus utilisé. Un point étudié par Airparif, après le 14 juillet dans la capitale en 2012. L’association parisienne a recensé une augmentation de 30% des particules fines métalliques dans l’atmosphère par rapport à la veille de l’évènement. Un feu d’artifice de 30 minutes rejetterait environ 1,5 tonne de CO2 dans l’atmosphère, soit l’équivalent d’un trajet de 12.500 kilomètres en voiture à essence.
Des microplastiques retrouvés dans les cours d’eau
Les feux d’artifice ne polluent pas seulement l’atmosphère. L’étude britannique précise que des microplastiques ont tendance à « s’accumuler » notamment après des épisodes de pluie. « Pendant les premières pluies qui ont suivi les feux d’artifices du nouvel an, un nouveau pic de microplastiques a été observé dans la Tamise, explique Jacky Bonnemains. Les quais et la voirie sont lessivées par la pluie et les microplastiques des fusées atterrissent dans le fleuve ». Ces particules se trouvent ensuite dans la mer, provoquant aussi un « impact sur les ressources en eau », précise l’étude.
Jacky Bonnemains poursuit : « Au-delà de ces microplastiques qui proviennent de la dislocation des mortiers, des fragments de plastique plus importants avec des bouts de cartons se retrouvent dans les bassins portuaires ». Un exemple « observé à Monaco » avec des déchets de plusieurs centimètres visibles dans les bassins, selon le président de Robin des bois.
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L’étude britannique précise que les feux d’artifices du nouvel an ont lieu au-dessus des cours d’eau pour de nombreuses villes mondiales. C’est aussi le cas en France du feu d’artifice du 14 juillet. L’étude cite par exemple Londres, Sydney, Rio de Janeiro, Singapour ou encore Hong Kong. En France, la ville de Bordeaux organise par exemple chaque année l’évènement au dessus de la Garonne.
Risque d’incendies et perturbation pour la faune
Par ailleurs, le mois de juillet enregistrant déjà une période de sécheresse naissante, les feux d’artifices accentuent le risque d’incendie. Notamment dans le sud de la France. C’est pourquoi, en 2019, l’association Robin des bois a lancé un appel aux mairies et aux préfets du territoire pour interdire ces évènements. « Beaucoup de régions ont connu des incendies consécutifs aux tirs des feux d’artifice », rappelle son président. L’association n’a pas renouvelé cet appel en 2022 car « des dispositions ont été prises pour interdire les feux d’artifice ».
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En parallèle, les feux d’artifice menaceraient les oiseaux. « Ils sont un peu les victimes inconnues, admet Jacky Bonnemains. On peut redouter que les oiseaux soient perturbés par la pollution atmosphérique, voire brûlés par des escarbilles ». Une étude publiée dans un numéro de Behavioral Ecology, atteste que les feux d’artifices entraînent un stress chez les animaux. « Ce sont des effets dangereux, au point que cela provoque la fuite d’animaux qui adoptent des gestes incontrôlés », continue Jacky Bonnemains. Selon ce dernier, ce phénomène s’observe notamment dans les parcs zoologiques.
« Un feu d’artifice vert n’existe pas »
Alors peut-on rendre le bouquet final plus vertueux ? « C’est le rêve des fabricants », sourit Jacky Bonnemains. Certaines villes de France ont déjà essayé de rendre plus écologiques les feux d’artifice, à l’instar de Bordeaux en 2021. La ville avait initié des explosions sans chlorate, sans plomb, mais surtout sans retombées plastiques dans la Garonne.
Le président de Robin des bois ne croit toutefois pas aux alternatives. « On peut éventuellement penser changer de zone de tirs pour que ceux-ci ne s’orientent pas en direction des bassins ». Toutefois, il martèle : « À partir du moment où les colorants sont obligatoirement chimiques et que cela nécessite la présence d’explosifs, un feu d’artifice vert n’existe pas ».