Pour la deuxième année consécutive, la banquise antarctique bat un triste record. Elle atteint son plus bas niveau historique d’étendue lors de l’été austral depuis le début des observations satellites en 1974.
Le 25 février 2022, le service Copernicus de l’Union européenne sur le changement climatique enregistrait la plus petite étendue de la banquise antarctique pour un mois de février depuis le début des relevés par satellites en 1974. La banquise antarctique atteignait alors 1,92 million de kilomètres carrés à son minimum durant l’été austral. Son étendue était alors réduite de 27 % par rapport à la moyenne enregistrée sur trois décennies entre 1981 et 2010.
Un an à peine après ce triste record, la fonte de la banquise antarctique bat un nouveau record avant même la fin de l’été austral, selon le centre américain National Snow and Ice Data Center (NSIDC) qui fait référence en la matière. Le 13 février, l’étendue de la glace de mer autour du continent du pôle Sud « est tombée à 1,91 millions de kilomètres carrés », partage le NSIDC. Les bonnes années, la surface de banquise dépassait 3,5 millions de km2 au plus fort de la fonte estivale.
Mais la fonte continue. « Le minimum annuel de couverture a été atteint entre le 18 février et le 3 mars ces dernières années, ce qui laisse présager une nouvelle baisse » d’ici la fin de l’été austral, marqué par des températures extrêmes au Chili et en Argentine, avertit le NSIDC.
Une nouvelle tendance à la baisse ?
En Antarctique, la banquise font lors de l’été australe et atteint son minimum en février – mars, avant de se reformer en hiver. Elle subit ainsi d’importantes variations annuelles. Entre 1979 et 2023, si l’on évalue l’évolution de l’étendue de la banquise antarctique en été, la tendance est à la baisse de 0,9% par décennie. Cela n’est actuellement pas statistiquement significatif, souligne le NSIDC. Mais les choses semblent s’accélérer. « Quatre des cinq minima annuels les plus élevés se sont produits depuis 2008″, souligne le NSIDC.
La fonte plus importante constatée depuis 2016 laisse craindre qu’une tendance significative à la baisse soit en train de s’installer dans l’hémisphère sud. Cette tendance s’observe déjà avec la banquise du Groenland et de l’Arctique où le réchauffement climatique provoque une fonte de plus en plus forte.
Pas d’effet notable sur la montée des eaux
La fonte de la banquise n’a pas d’impact immédiat sur le niveau de la mer, car la banquise se forme par congélation de l’eau salée déjà présente dans l’océan. Mais « l’absence de banquise sur une grande partie de la côte de l’Antarctique expose les barrières de glace qui bordent la calotte glaciaire à l’action des vagues et à des températures plus élevées », alerte le NSIDC.
En revanche, les scientifiques surveillent la calotte glaciaire, épais glacier d’eau douce qui recouvre l’Antarctique. Elle contient suffisamment d’eau pour provoquer une montée du niveau marin problématique. « Si les plus de 28 millions de km3 de glaces de la calotte Antarctique fondaient, l’élévation du niveau de la mer atteindrait 57 mètres », précise Romain Millan, post-doctorant spécialiste des glaciers.
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Par ailleurs, une couverture moins importante de glace de mer, dont la surface blanche réfléchit le soleil, augmente le réchauffement des océans, accentuant les effets du changement climatique causé par l’activité humaine.