Ce mardi, l’INRAE organisait une conférence concernant le risque incendie et les mégafeux. Si leur multiplication dans le monde suite au dérèglement climatique est à interpréter avec prudence, il reste nécessaire de mieux appréhender le risque incendie.
Y aura-t-il de plus en plus de mégafeux à cause du changement climatique ? Quelles sont les tendances des incendies en France et en Europe ? Où se situent les zones à risques ? Comment réduire le risque incendie ? Ce mardi 28 juin, quatre chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) ont fait le point sur les le risque incendie et les mégafeux. Si le changement climatique a des conséquences sur le risque incendie, les stratégies d’adaptation et les activités humaines jouent également un rôle.
Le changement climatique favorise le risque incendie
« Les conditions climatiques favorables aux feux vont augmenter dans plusieurs régions du monde », signale Renaud Barbero, chercheur climatologue à l’INRAE. Il rappelle notamment trois conséquences majeures du réchauffement climatique sur le risque incendie. Celui-ci favorise une « extension spatiale des zones à risque », tout comme un allongement des saisons à risque. « Nous avons vu des mégafeux en décembre en Californie », note le chercheur. Finalement, la hausse des températures nocturnes complique le travail des pompiers mobilisés pour éteindre les incendies. Jean-Luc Dupuy, directeur de recherche, ajoute que « le danger météorologique augmente avec le réchauffement climatique puisque la végétation devient plus sèche et que les précipitations diminuent ».
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Renaud Barbero rappelle toutefois que les surfaces brûlées ont diminué de 25% entre 1998 et 2015, notamment du fait de l’étalement urbain et de la déforestation. Dans le même temps, des régions du monde comme la Californie ont connu le sort inverse, puisque les surfaces brûlées y ont augmentées de 1.200% durant les dernières décennies. Eric Maille, ingénieur de recherche a précisé : « l’étalement du bâti renforce les aléas ».
Mettre en place des politiques de lutte et de gestion des risques efficaces
« Chaque année en Europe, 400.000 à 500.000 hectares sont brûlés. En France, depuis 40 ans, la surface brûlée et le nombre de feux diminuent, notamment grâce à des politiques de lutte efficaces », souligne Jean-Luc Dupuy. Ainsi, une meilleure gestion des risques incendies permet effectivement de diminuer leur nombre. Anne Ganteaume, directrice de recherche explique par ailleurs : « Dans les Bouches-du-Rhône, 47% des départs de feux ont lieu à des interfaces entre des habitats et des forêts, alors que ces interfaces ne représentent que 15% de la surface du département« . Ainsi, mieux penser ces interfaces permet de limiter le risque incendie.
En juin, le gouvernement a lancé, avec l’appui de l’ONF et Météo France, une campagne de prévention de feux de forêt et de végétation. « La sécheresse qui touche notre pays actuellement est un facteur aggravant, l’hiver 2021-2022 ayant été lui-même plus sec que la moyenne. La sensibilité de la végétation au feu est très élevée et le risque de départs de feu aussi. Les incendies déjà constatés en cette première quinzaine de juin sur le territoire hexagonal montrent à quel point la prévention doit être renforcée », explique-t-il dans un communiqué.