Afin de sensibiliser le grand public à l’exposition aux pesticides chimiques, une vingtaine de célébrités ont envoyé une mèche de cheveux dans un laboratoire. Les résultats montrent une contamination généralisée aux produits phytosanitaires. Une campagne médiatique s’engage, alors que la loi Duplomb propose la réautorisation de certains pesticides interdits.

L’humoriste Guillaume Meurice, l’actrice Laetitia Eido, le biologiste Marc-André Selosse… 26 personnalités publiques ont accepté de se faire couper une mèche de cheveux pour détecter la présence de pesticides chimiques. “Comme quasi tout le monde, je suis contaminé”, témoigne Guillaume Meurice dans une vidéo de l’initiative On est prêt, à l’origine de la campagne médiatique.
C’est le laboratoire indépendant Kudzu science, basé à Strasbourg, qui a effectué les analyses. Deux tiers des participants ont appris avoir des résidus d’au moins un pesticide chimique parmi les 31 étudiés.“Ça touche tout le monde, les personnes qui habitent en ville comme à la campagne. Nous absorbons chaque jour ces substances toxiques”, dénonce Magali Payen, fondatrice de l’initiative On est prêt. Sur l’échantillon de 26 personnes, le laboratoire a identifié dix pesticides, dont trois particulièrement dangereux. Le difénoconazole, classé cancérigène possible en Europe. Mais aussi le penconazole et le tébuconazole, qui ont possiblement un impact sur la fertilité des personnes.
Remettre le débat sur le terrain scientifique
A partir d’une mèche, il est possible d’évaluer l’exposition d’une personne sur les trois mois qui précèdent le prélèvement. Si on retrouve les substances chimiques dans les cheveux, c’est par le biais du sang qui irrigue sa racine.
Avec cette expérience, le collectif Tous contaminés, qui regroupe des associations comme Générations futures et des acteurs économiques, veut “remettre le débat sur le terrain scientifique”, au moment où la loi pour “lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur”, aussi appelée loi Duplomb, arrive à l’Assemblée nationale.
Une réautorisation de certains pesticides à l’horizon
Le texte proposé par le sénateur de Haute-Loire Laurent Duplomb (Les républicains, droite), contient de nombreux retours en arrière sur l’environnement. Le plus notable : la réintroduction de certains pesticides interdits, dont l’acétamipride. Cet insecticide de la famille des néonicotinoïdes a un impact avéré sur les abeilles et sur la santé de l’homme. Théoriquement, il est interdit en France depuis 2018, mais des dérogations sont régulièrement votées malgré l’existence d’alternatives efficaces sur presque tous les usages.
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La proposition de loi a de bonnes chances d’être votée, car elle est soutenue par le Rassemblement national, Les républicains et au moins une partie de la majorité présidentielle. Au grand dam des associations de défense de l’environnement et des partisans d’une agriculture biologique. “Nous invitons les citoyens à interpeller leurs députés pour empêcher l’adoption de cette loi rétrograde”, soutient Lou Welgryn, secrétaire générale de Data for good, qui fait partie du collectif On est prêt.
Appui de l’opinion publique
Le collectif On est prêt compte sur le soutien de l’opinion publique pour convaincre les parlementaires. Dans un sondage Ifop réalisé en avril 2025 commandé par La maison de la bio, 85 % des Français se déclarent inquiets face à un nouvel assouplissement de la législation sur les pesticides prévu par la proposition de loi Duplomb. Et 75 % des Français attendent des actions fortes du gouvernement pour réduire la présence de pesticides chimiques dans l’environnement. La loi duplomb passera à l’Assemblée nationale la semaine du 26 mai pour trois jours d’examen par les députés.