En théorie, le caracal vit dans toute l’Afrique, à part la forêt équatoriale et les déserts les plus arides. Concrètement, le caracal a disparu de nombreuses zones à la périphérie de son habitat d’origine. Il peut évoluer dans tous types de savanes, forêts claires, forêts de type méditerranéen, montagnes rocailleuses avec couverture végétale, régions semi-désertiques. Le caracal monte jusqu’à 3 300 m d’altitude et s’adapte pratiquement à tous les biotopes, exceptés la forêt équatoriale et les déserts de sable.
Le caracal est inscrit en annexe 2 de la CITES (annexe 1 pour les Caracals asiatiques), il y a peu d’exportations illégales. Mais l’espèce est rarement protégée à l’intérieur des États africains, et la chasse fait rage : la « chasse sportive » au Caracal avec chiens et éclairages par réflecteurs est très répandue dans certaines régions du sud de l’Afrique. En Afrique centrale et occidentale, où les populations de caracals se sont déjà effondrées, on les chasse pour leur peau et pour la viande de brousse.
Le caracal est également inscrit dans la catégorie de « préoccupation mineure » sur la Liste rouge de l’UICN, qui considère que l’espèce demeure bien représentée dans l’ensemble ; les populations d’Afrique du Nord sont toutefois qualifiées de « menacées ». Pour le WCS, le caracal figure parmi les carnivores les plus menacés d’Afrique.
Des conflits fréquents avec l’Homme
Les conflits avec l’Homme sont fréquents et représentent une grave menace pour l’espèce. Les éleveurs reprochent aux caracals de s’attaquer au petit bétail et à la volaille. Au Niger, les bergers touaregs chassent le caracal activement, avec des chiens. En Afrique du Sud et en Namibie, le Caracal est légalement classé comme « nuisible », ce qui permet aux propriétaires terriens d’en tuer 2 000 à 3 000 par an. Pourtant, l’espèce rend de grands services aux agriculteurs en éliminant un nombre considérable de rongeurs.
La destruction de l’habitat constitue une grave menace dans le centre, l’ouest, le nord et le nord-est de l’Afrique, où la répartition des caracals devient sporadique et fragmentée. Par ailleurs, le brûlage de vastes étendues herbeuses, associé à l’extension des cultures et à l’utilisation de pesticides dans les savanes sèches, menace un certain nombre de zones protégées au Cameroun, au Niger, au Nigeria et au Sénégal.
Le caracal est aussi menacé par la désertification croissante de la savane du Sahel, et par l’agriculture intensive qui supprime toute couverture végétale. Il semble aussi que beaucoup de caracals soient tués par les véhicules automobiles dans les régions où les routes sont nombreuses.
Quelques mots sur la biologie du caracal
Principalement nocturne, surtout terrestre quoique bon grimpeur, le caracal, Caracal caracal, passe la journée caché dans d’épais fourrés, un terrier de phacochères abandonné ou, mieux encore, dans des abris rocheux. C’est un prédateur solitaire et redoutable, qui sait sauter à 2 m de haut pour attraper des oiseaux en vol. C’est un des félins les plus rapides à la course, il atteindrait des pointes de vitesse de l’ordre de 80 km/h.
Le caracal se nourrit surtout de rongeurs, jeunes antilopes, lièvres, damans, oiseaux et lézards. Il s’attaque parfois à des antilopes plus grosses que lui, qu’il étouffe en les mordant à la gorge ou au museau. Il stocke alors le reste de son repas à la fourche d’un arbre ou dans d’épais fourrés, pour y revenir plus tard.
Le caracal est solitaire et territorial. Après 69 à 78 jours de gestation, la femelle met au monde deux à cinq petits qui atteignent leur maturité sexuelle à 15 mois. La longévité peut dépasser 15 ans en captivité.
Auteur : Michel Louis, pour le Manuel des aires protégées d’Afrique francophone (extrait)