Mardi 13 décembre, la fusée Ariane 5 de l’Agence spatiale européenne a mis en orbite un satellite de nouvelle génération. Grâce à ses outils, uniques en Europe, Météo-France espère perfectionner ses observations atmosphériques.

Du nouveau dans les étoiles. Ce mardi 13 décembre, la fusée Ariane 5 a mis en orbite un nouveau satellite du programme Meteosat troisième génération. Il servira aux prochaines observations atmosphériques de Météo-France. Jusqu’à présent, le service officiel de météorologie français réalisait ses recherches à l’aide de satellites du programme Meteosat deuxième génération. C’est une avancée d’importance car près de 90% des données d’observation dont dispose le service proviennent des satellites.
Météo-France se dit ainsi « fortement impliqué » dans ce nouveau programme supervisé par l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence européenne pour le développement et l’exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT). Le développement de cette nouvelle génération de satellite a demandé des investissements d’une valeur de 4 milliards d’euros.
Un satellite plus précis face aux éclairs
C’est à Lannion, en Bretagne, que les petites mains du Centre de Météorologie Spatiale se préparent à la révolution de l’observation atmosphérique. Celle-ci se trouve plus précisément dans de nouveaux outils, uniques en Europe. « Sur ces satellites troisième génération, l’imageur est de meilleure qualité que sur les versions précédentes. Sa résolution est plus fine et précise », explique Sylvain Le Moal, ingénieur météo et responsable imagerie au Centre météorologique de Météo-France. L’imagerie sert notamment pour les informations transmises lors des JT du 20h, sur le vent ou le brouillard.
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Ces satellites disposent par ailleurs de nouveaux capteurs, dont l’imageur d’éclairs. « Il permet de détecter des éclairs, en Europe, en Afrique et au-dessus de l’océan Atlantique avec précision. Cela représente une surveillance de 86% du disque terrestre », informe Sylvain Le Moal. « Nous avons également deux instruments supplémentaires. Tout d’abord, un sondeur infrarouge, qui communiquera des informations sur la température de l’atmosphère. Ce sondeur est une nouveauté sur le continent mais également une première mondiale, du moins sous cette forme », car des dérivés de cet outil existent en Chine précise-t-il. « Enfin, un instrument qui porte le nom de Sentinel–4, doit permettre de récolter des informations sur la qualité de l’air en Europe ».
50 fois plus de données
L’optimisation des satellites, grâce à ces nouveaux outils, revêt une importance capitale. Car « les satellites sont essentiels pour des observations détaillées de l’atmosphère, des océans et pour la surveillance du climat », rappelle Sylvain Le Moal. « Notre priorité chez Météo-France est la sécurité des citoyens dans un monde en pleine crise climatique. Nous voulons qu’ils soient informés des variations du climat, afin de mieux prévenir les éventuelles catastrophes ». Les orages, les vents, la grêle ou les tornades, qui représentent des risques, doivent « être prévenus ».
L’ensemble des satellites et les instruments embarqués, comme l’imageur d’éclairs ou le sondeur, doit permettre de suivre en temps quasi réel les différentes conditions atmosphériques. L’humidité, la température de l’atmosphère, tout sera passé au crible. L’ensemble des satellites du programme doit en plus de ça fournir au moins 50 fois plus de données que le programme satellitaire deuxième génération. « En somme, notre compréhension de l’évolution de l’atmosphère et du climat ne sera que plus précise », assure l’ingénieur Sylvain Le Moal.
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Après le premier satellite envoyé mi-décembre, cinq autre suivront entre 2023 et 2026. En attendant, les images du premier satellite devraient arriver aux alentours du 24 décembre. En effet, il lui faudra onze jours pour être en orbite. « Ensuite, nous entrerons dans une phase d’entrée progressive en service, qui doit durer entre neuf et douze mois. Le satellite sera vraiment opérationnel début 2023. Au printemps, nous pourrons alors commencer à travailler sur ces nouvelles données atmosphériques », se réjouit Sylvain Le Moal.