Les eaux équatoriales deviennent trop chaudes pour la survie de certaines espèces. Selon une nouvelle étude publiée dans la revue PNAS, le nombre d’espèces d’eau libre présentes dans les eaux équatoriales a ainsi diminué de moitié en 40 ans.
Les poissons comptent déjà parmi les nouveaux réfugiés climatiques. Depuis plusieurs siècles, les scientifiques le savent, la biodiversité est plus riche dans les zones proches de l’équateur. Cette richesse diminue avec la latitude, les scientifiques parlent de « gradient latitudinal de la richesse des espèces ». Mais le changement climatique change la donne, selon une nouvelle étude parue dans la revue PNAS.
Le résultat est flagrant : la vie marine fuit la zone de l’équateur et des tropiques. L’étude menée par l’Université d’Auckland (Nouvelle-Zélande) s’est intéressée à la répartition selon la latitude de 48 661 espèces de toutes sortes depuis 1955. Pour ce faire, elle a utilisé les données mondiales du Système d’information sur la biodiversité océanique (Obis).
Les espèces pélagiques se déplacent vers les pôles
L’étude relève que la répartition des espèces benthiques vivant dans les fonds marins évolue peu. Ces espèces comprennent en particulier les coraux, les huîtres et les algues. Mais cela est bien différent pour les espèces pélagiques vivant en eau libre comme les poissons, les mollusques et les crustacés. Le nombre d’espèces d’eau libre présentes dans les eaux équatoriales a ainsi diminué de moitié entre 1955-1974 et 1995-2015. Celles-ci se déplacent vers le pôle dans l’hémisphère nord. Ce changement est bien moins marqué dans l’hémisphère sud, où le réchauffement océanique reste plus faible. « Le nombre d’espèces pélagiques nageant librement a considérablement diminué entre 1965 et 1985, et avait encore baissé en 2010″, prévient David Schoeman, professeur d’écologie des changements globaux à l’Université de la Sunshine Coast en Australie.
Avec des eaux de plus en plus chaudes, ces déplacements d’aires de répartition devraient se poursuivre. « La richesse est sensible à la température, atteignant un plateau ou diminuant au-dessus d’une température moyenne annuelle de surface de la mer de 20 ° C pour la plupart des taxons [familles d’espèces, ndlr] », estiment les chercheurs. Cette évolution des espèces a des conséquences majeures pour les écosystèmes. Sans oublier les personnes qui dépendent de la vie marine pour la pêche et le tourisme.
Matthieu Combe