Pour l’émission « Vert de rage », une équipe de scientifiques a mesuré la présence de perfluorés dans la région lyonnaise. Ces produits chimiques persistants et néfastes pour la santé sont présents en quantité alarmante dans l’environnement.
Après l’uranium et les pesticides, Martin Boudot, créateur de l’émission Vert de rage, diffusée sur France 5, continue de traquer les grands agents pollueurs. Dans un extrait de sa prochaine enquête, diffusé ce 12 mai dans Enquête exclusive, le journaliste s’attaque aux alkyls perfluorés et polyfluorés, ou PFAS. Ces produits toxiques et persistants sont présents notamment dans les emballages alimentaires et les poêles antiadhésives. Plus précisément, Martin Boudot relève la présence de nombreux perfluorés néfastes dans la ville de Pierre-Bénite, près de Lyon.
Martin Boudot a ainsi réalisé des prélèvements dans plusieurs milieux : sols, cours d’eau, eau du robinet et lait maternel. Le tout aux alentours de deux usines rejetant des PFAS. Les équipes du professeur de chimie environnementale et de toxicologie Jacob de Boer ont ensuite analysé 37 substances perfluorées. Ils formulent alors un constat alarmant : les PFAS sont présents en quantité inquiétante, et bien au-dessus des standards, à Pierre-Bénite.
Des PFAS omniprésents, en quantité inquiétante
Le taux de PFOA – un des 4.500 composés de la famille des PFAS – relevé dans l’air est par exemple huit fois supérieur aux valeurs de référence de l’ONU. Les eaux que les usines rejettent dans le Rhône présentent un taux de PFAS 36.414 fois supérieur à celles en amont du fleuve. Tandis que l’eau du robinet dépasse les taux qui doivent entrer en vigueur en France prochainement.
Ces quantités retrouvées à Pierre-Bénite, autour des usines Daikin (unité de production de polymères fluorés) et Arkema (spécialisée dans la fabrication de produits dérivés du fluor), sont particulièrement inquiétantes. En effet, ces « forever chemicals » , appelées ainsi du fait de leur persistance dans l’environnement, présentent des dangers pour la santé. « De nombreuses études scientifiques ont associé l’exposition aux PFAS à des effets néfastes graves sur la santé : des cancers, des effets néfastes sur les systèmes reproductif et hormonal (certains sont des perturbateurs endocriniens) ainsi que sur le système immunitaire », informe l’association Générations futures, partenaire de cette étude.
Des mesures doivent être prises d’urgence
Face à ce constat alarmant, Générations futures formule plusieurs recommandations. Tout d’abord, l’ONG recommande la fermeture du stade près duquel ont été effectués des prélèvements. Puis la décontamination de la zone. Par ailleurs, Générations futures invite les autorités à réaliser des inventaires de ce type de site industriel. Elle enjoint aussi les agences régionales de santé à augmenter les contrôles de la qualité de l’eau.
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Surtout, l’ONG compte sur la réforme du règlement REACH, permettant de réguler les produits chimiques à l’échelle européenne. La Commission européenne a en effet publié le 25 avril dernier une feuille de route indiquant que les produits chimiques dangereux pourraient être interdits par famille et non plus individuellement. Dans ces conditions, l’interdiction des PFAS, concernerait les 4.500 composés que regroupe cette famille. François Veillerette, porte-parole de Générations futures, martèle : « Il faut siffler la fin de la partie pour ces polluants d’un autre âge ».