Dans Celle qui nous colle aux bottes (éditions Rue de L’échiquier, 208 p., 21,9 €), on parle de la Terre. L’héroïne, Marine De Francqueville est fille d’agriculteur et elle vient de terminer ses études à l’école des Arts Décoratifs. Seulement, son père et elle ne sont pas du tout, mais alors pas du tout d’accord sur l’agriculture.
Marine de Francqueville est une étudiante, une citadine. Elle est instruite et comme beaucoup de sa génération, elle s’inquiète de l’état de la Terre. Elle se dispute régulièrement avec son père agriculteur. Au prétexte de constituer son mémoire, elle décide de passer un an avec lui, pour parler de son métier. En parallèle, elle commence sa bande-dessinée, mi-autobiographique, mi-romancée : Celle qui nous colle aux bottes.
Le fossé des générations
Dès le début de la BD, le fossé qui sépare les deux générations est palpable. Assise au jardin du Luxembourg à Paris, Marine, au téléphone, râle sur son père qui, à des kilomètres de là, entretient ses champs sur son tracteur. “Les pauvres petits insectes… ils vont tous mourir sous tes produits de traitement … “, le sermonne-t-elle. Mais son père,lui, argue qu’il faut bien nourrir tout le monde. Ce fossé servira de fil rouge tout au long de l’histoire.
Le blues des écolos
Pour son mémoire, Marine lit énormément. Gortz, Illich… “C’était comme une déferlante de mauvaises nouvelles : tout s’accélère, les énergies s’épuisent (…), le niveau de mers augmente, les guerres, les loutres de mer en extinction, moins d’insectes, moins d’abeilles…”. La tête pleine mais le moral dans les chaussettes, elle aimerait se cacher dans un coin. Difficile de ne pas la comprendre !
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D’autres manières de produire
En plus d’être drôle et humain, l’ouvrage a le mérite d’être très exhaustif. Au cours de son aventure, Marine rencontre de nombreux agriculteurs, chacun ayant sa manière de produire. On se rend compte que les mentalités changent avec la nouvelle génération. Le bio, l’agroforesterie, tout y passe. On comprend aussi un peu mieux les blocages de l’ancienne génération et les contraintes qui lui sont imposées. Tout au long de la bande-dessinée, l’auteure distille des informations historiques, des références à des ouvrages et des analyses personnelles pertinentes. Mais toujours dans un cadre familial bienveillant, malgré les désaccords. Après un an passés ensemble, père et fille vont-ils mettre chacun de l’eau dans leur vin ?
Fanny Bouchaud