L’artiste et activiste Benjamin Von Wong a réalisé un robinet géant rejetant des détritus pour alerter sur la surconsommation de plastique à usage unique. L’œuvre est actuellement exposée au Centre culturel canadien à Paris. Sa campagne de sensibilisation #TurnOffThePlasticTap fait l’objet d’un concours sur les réseaux sociaux.
L’idée naît à Montréal en 2020, avant les perturbations imposées par la Covid-19. Benjamin Von Wang, photographe, artiste et activiste canadien de 34 ans, est un grand habitué des campagnes de sensibilisation environnementale. Cette fois-ci, il s’est consacré à un projet ambitieux pour alerter le public sur l’usage excessif du plastique. « J’ai créé des campagnes à partir de 168 pailles en plastiques, 18 000 gobelets, 10 000 bouteilles, informe l’artiste sur son site internet. Mais ces projets n’ont fait que sensibiliser aux objets individuels et n’ont jamais pointé du doigt la cause profonde du problème : la production de plastique« . Alors, Benjamin Von Wong décide de créer une sculpture sur trois étages. Celle-ci prend la forme d’un robinet géant qui rejette des déchets plastiques sur le sol.
La France et le Canada travaillent ensemble sur des sujets d’ordre écologique. Quand Benjamin Von Wong propose son projet #TurnOffThePlasticTap à l’Ambassade du Canada en France, celle-ci donne son feu vert. Initialement prévue en France, la construction de ce robinet géant a finalement été réalisée à Montréal, suite aux complications de la pandémie. Elle est actuellement exposée au Centre culturel canadien, à Paris, jusqu’au 19 novembre 2021.
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Des ressources multiples et une centaine de bénévoles
Connu pour ses productions artistiques sur l’impact environnemental, l’artiste vise avant tout à faire de son travail un symbole. « Tout ce qui a un impact social est quelque chose qui me tient à cœur, confie Benjamin Won Wang à Natura Sciences. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de créer des œuvres d’art qui changent le monde. Peu m’importe la cause, tant que mon œuvre peut avoir un impact ». Pour sa campagne #TurnOffThePlasticTap, Benjamin choisit le robinet géant pour représenter une « mer de déchets qui submerge les citoyens ». Celui-ci a été réalisé grâce à des conduits d’aération recyclés, et élevé à l’aide d’un chariot élévateur. Pour trouver de tels matériaux, la compagnie canadienne Delsan aim, spécialisée dans la démolition, a permis à Benjamin Von Wong et son équipe l’accès à un bâtiment délabré et prêt à être démoli.
Pour la réalisation de ce projet, l’artiste n’était pas seul. Benjamin Von Wong a obtenu l’aide d’une centaine de bénévoles pour collecter, trier et relier les plastiques entre eux. Ces détritus ont par exemple été récupérés au siège de YAM, une organisation communautaire locale dédiée à la protection de l’environnement. Des bouteilles plastiques ont également été ramassées, et stabilisées au reste de la sculpture grâce à des fils de fixation.
Avec le littoral le plus long au monde et un quart de l’eau douce mondiale, le Canada « s’est engagé à œuvrer vers un avenir sans déchet plastique à travers le monde », résume le Centre culturel canadien à Paris. C’est pourquoi l’installation de cette sculpture a été en partie conçue et photographiée sur une plage à Oka. Mais aussi dans une décharge, dans un centre de recyclage, ou encore au milieu d’un chantier.
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#TurnOffThePlasticTap, un concours pour témoigner de son engagement
Une fois l’œuvre transportée jusqu’en France, puis exposée à Paris, l’artiste ne s’arrête pas là. « Le projet n’est pas encore terminé, affirme Benjamin Von Wong. Il est achevé mais, pour que mon travail continue d’être aperçu par le public, j’espère atteindre différents pays et que mon œuvre devienne un symbole de la lutte contre l’usage plastique« . Pour toucher le plus grand nombre, l’activiste organise un concours du 4 octobre au 4 novembre 2021. Il invite chaque participant à réaliser sa propre version de son « robinet géant » afin de témoigner de son engagement environnemental. Le gagnant est tiré au sort, et remporte un gain de 10 000 dollars. De par cette initiative, Benjamin Von Wong compte sur les réseaux sociaux pour relayer son message contre la pollution plastique.
L’artiste s’engage également contre le réchauffement climatique, la mode éphémère, et les déchets électroniques. Il compte sur la sensibilisation écologique pour que citoyens, entreprises privées et institutions politiques agissent davantage. « Nous pouvons toujours en faire plus, souligne-t-il. Mais l’important est simplement de faire de son mieux ».
Sophie Cayuela